Sept. – Se glorifier en Lui
Mois de Septembre
« Se glorifier dans le Seigneur »
Saint Bernard
S’il m’arrive de contempler dans les saints des traits dignes de louange et d’admiration, les étudiant à la claire lumière de la vérité, je découvre assurément qu’un autre apparaît digne d’éloges et admirable, et je loue Dieu dans ses saints. Invisible et inaccessible en lui-même, il est perceptible et admirable dans les siens, seul admirable, lui qui seul opère des merveilles. Si une peinture ou une gravure est louable, ce n’est pas à la louange du pinceau, ni une belle parole à la gloire de la langue ou des lèvres. S’il y a à se glorifier, Paul m’enseigne de quoi et en quoi : « Notre gloire, dit-il, c’est le témoignage de notre conscience ».
Je me glorifierai en toute sécurité si, au témoignage de ma conscience, je ne m’approprie pas la gloire du Créateur. Oui, en toute sécurité, car maintenant, je ne me glorifie pas contre le Seigneur, mais dans le Seigneur. Car le sage qui se glorifie, examine ce qu’il fait et le pèse avec attention à la lumière de la vérité. Il trouvera ainsi sa gloire en lui-même et non dans la bouche d’autrui. Je suis bien sot si je confie ma gloire à la petite corbeille de tes lèvres et si, pour l’avoir, je la mendie de toi ! N’es-tu pas libre de m’approuver ou de me blâmer, à ton gré ? Mais ma gloire, je la laisse chez moi, je la garde pour moi ! Ou mieux, ce n’est pas à moi que je la confie, je la donne à garder à celui qui a pouvoir de garder mon dépôt jusqu’au jour du jugement, prudent pour le garder, fidèle pour le rendre. Sûre sera alors la louange donnée par Dieu à ceux qui auront méprisé les louanges des hommes.
Frères, si vous avez bien compris ceci, aucun de vous ne voudra plus être loué en cette vie. En effet, toute louange que tu recherches sans la rapporter au Seigneur, tu la lui dérobes. Car d’où te viendrait la gloire, poussière infecte, d’où te viendrait-elle ? De la sainteté de ta vie ? Mais c’est l’Esprit qui te sanctifie. Je ne dis pas ton esprit, mais l’Esprit de Dieu. Même si tu faisais étinceler miracles et prodiges, ils ne viendraient pas de ta main, mais de la puissance de Dieu. La faveur du peuple te flatte parce que tu as sorti une belle parole, et peut-être à propos ? Mais c’est le Christ qui t’a donné bouche et sagesse ! Qu’est ta langue, sinon le roseau du scribe ?
Et cela même, tu l’as reçu pour être rendu. Un talent t’est confié pour être rendu avec les intérêts. Si l’on te trouve actif à l’ouvrage, fidèle à lui faire porter du fruit, tu recevras une récompense pour ton travail. Sinon, on t’enlèvera ton talent, tout en t’en demandant le profit, et tu seras appelé serviteur mauvais et paresseux.
Des biens multiformes de la grâce qui apparaissent en vous, rapportez donc à Dieu la louange, car il est l’auteur et le dispensateur de tout ce qui est digne d’éloges. Faites-le comme il convient à des saints, avec une sincérité constante, un amour attentionné, une joie reconnaissante, immolant à Dieu le sacrifice de louanges et lui rendant vos hommages. De jour en jour, courons en toute vigilance unir l’intelligence à ce que nous faisons, l’affection à l’intelligence, la joie à l’affection, la gravité à la joie, l’humilité à la gravité, la liberté à l’humilité, pour progresser libres et purifiés des passions de l’âme, et avancer par de grands élans de tendresse, par des joies spirituelles, pour nous établir dans un état de joyeuse allégresse, dans la lumière de Dieu, dans sa douceur, dans l’Esprit Saint.
Saint Bernard – Sermon 13 sur le Cantique, 6-7.
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