Septembre – L’Amour de Dieu
Mois de Septembre
« L’Amour de Dieu, vertu première »
Galand de Reigny – Parabolaire 18 (extraits)
La discrétion se leva. Tête baissée elle fit d’abord une petite pause… elle prononça enfin le discours suivant …
« L’amour de Dieu est mis à juste titre au-dessus de toutes les vertus, de toutes les grâces, de tous les biens. Cette vertu survient-elle dans le cœur d’un homme, les autres vertus s’y rassemblent également et la suivent comme des filles leur mère. Quant aux vices, ils la fuient aussitôt comme leur ennemie absolue, et sont consumés par elle comme bois sec au feu. Sa venue efface aussi les péchés passés, même graves, même nombreux, comme il t’écrit : de nombreux péchés lui ont été remis, parce qu’elle a beaucoup aimé, l’amour de Dieu chez l’homme ne peut être ni faux, ni vicieux ; il ne peut être vide ni sans fruit…
L’amour de Dieu … ne peut exister sans les autres vertus ni rien accueillir en lui-même de vicieux : ce ne serait plus un amour divin, s’il négligeait de faire le bien ou s’il n’évitait tout mal. Plus encore : s’il arrive par hasard à l’une des vertus de dévier ne serait-ce qu’un peu du chemin, l’intention droite – et cela se produit souvent – l’amour de Dieu accourt aussitôt au-devant d’elle ; aussitôt il la reprend, la corrige et la remet dans la bonne voie. Si l’une quelconque d’entre elles se met à agir plutôt nonchalamment et à se laisser accabler par le sommeil de la négligence, aussitôt cette divine ardeur la réveille, l’aiguillonne, la stimule et la rétablit dans l’attention diligente qui lui est habituelle. Ainsi cette ardeur réveille-t-elle les négligents en même temps qu’elle pousse les sujets diligents à de plus grands progrès. Donc, attendu que cette vertu est également présente chez les plus grands et chez les plus petits ; qu’à la fois elle brûle elle-même et enflamme autrui à bien agir ; qu’elle ne souffre autour d’elle rien de relâché ni de tiède ; attendu enfin que sans elle les autres vertus sont dénuées de force, selon mon Jugement, c’est elle qui est digne d’assumer le gouvernement et le magistère sur toutes les autres. »
Galand de Reigny – Moine cistercien de l’abbaye de Reigny (diocèse d’Auxerre), fondation de Clairvaux, Galand ne nous est connu que par son nom, et par les renseignements que l’on peut tirer de son œuvre. Il appartint d’abord à un groupe d’ermites établi dans le diocèse d’Autun, puis sa communauté voulut s’affilier à Clairvaux et, pour des raisons de salubrité, le monastère fut transféré à Reigny en 1134. Contemporain et admirateur de Bernard de Clairvaux, il lui adresse ou soumet ses œuvres. Il nous a laissé un Parabolaire et un Petit livre de Proverbes, destinés au public ordinaire des moines.
Parabolaire – Parabole 18, 4…7 (extraits)