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Mai – Psaume 90,7 – 1-5

Mois de mai

« Il en tombera mille à votre gauche, et dix mille à votre droite; mais leurs coups n’approcheront point de vous (Ps. 90, 7, 1-5) »

Ecoutons Saint Bernard – Sermon 7 sur le psaume 90, sections 1 à 5

Psaume 90,71. Nous vivons dans l’espérance, mes frères, et nous ne manquons point de courage dans les afflictions présentes, parce que nous sommes dans l’attente de joies qui ne doivent jamais finir. Cette attente ne peut pas être vaine, et notre espérance ne doit pas nous paraître douteuse, puisqu’elle est appuyée sur les promesses de l’éternelle vérité. Les biens que nous recevons de Dieu dans la présente nous donnent sujet d’attendre avec confiance, les biens qu’il nous a promis dans l’autre. La puissance et la vertu de sa grâce nous est un témoignage assuré qu’elle sera suivie de la félicité et de la gloire qu’il nous a promises. Le Seigneur des vertus est en même temps le roi de gloire, et dans une de nos hymnes, nous l’appelons le Père de la gloire éternelle, et le Père de la grâce toute puissante, et c’est de lui que nous chantons dans un psaume : « Dieu aime la miséricorde et la vérité. Le Seigneur nous donnera, la grâce et la gloire (Psal. LXXXIII, 12) ». Que la piété nous fasse donc soutenir courageusement la lutte en cette vie, et nous fasse souffrir avec une âme égale et tranquille, toutes sortes de persécutions. Pourquoi cette piété n’aurait-elle pas la force de nous faire supporter les choses les plus difficiles, elle est utile à tout et c’est à elle que, les biens de la vie présente, ainsi que ceux de la vie future ont été promis ( I Tim. IV, 8) ? Que notre âme résiste courageusement à l’ennemi, elle a un défenseur qui ne se lassera pas de la secourir, et qui lui donnera des récompenses dignes de sa libéralité, lorsqu’elle aura triomphé de la tentation. « Sa vérité, est-il dit, nous couvrira comme un bouclier. »

2. L’invincible protection de la vérité est, sans doute, absolument nécessaire, non-seulement tant que notre âme demeure eu cette chair, mais encore lorsqu’elle est sur le point d’en sortir. Elle en a besoin maintenant, à cause des attaques périlleuses qu’elle a à soutenir ; et dans cette dernière heure elle en aura encore un extrême besoin, à cause, des esprits malins qui se présenteront à elle d’une manière épouvantable et monstrueuse. L’ennemi fit les derniers efforts contre l’âme toute sainte du glorieux saint Martin, et cette bête cruelle sachant qu’il ne lui restait plus guère de temps (quoiqu’il n’y eût rien en ce serviteur de Dieu qui lui appartint), ne craignit point néanmoins de se présenter à lui, et de l’attaquer avec toute la fureur de sa malice infatigable. Que dis-je, n’a-t-il pas eu l’imprudente audace d’attaquer le Roi même de gloire, comme il le témoigne dans ces paroles : « Le prince de ce monde est venu contre moi, et il n’y a rien trouvé qui lui appartint (Joan. XIV, 30). » Heureuse l’âme qui durant le cours de cette vie aura repoussé les traits des tentations avec le bouclier de la vérité ; et qui, ne souffrant pas que rien de mortel et d’empoisonné pénètre en elle, ne craint point d’être confondue, lorsqu’elle dira à ses ennemis, en sortant du monde : Ennemi pervers, tu ne trouveras rien en moi qui t’appartienne. Heureux le fidèle que le bouclier de la vérité environne et couvre de telle sorte qu’il le protège à son entrée et à sa sortie, j’entends à sa sortie de ce monde, et à son entrée dans l’autre. Oui, il est bien heureux que l’ennemi ne puisse rien entreprendre contre lui par derrière, ni l’attaquer ouvertement. Certainement alors l’âme n’aura pas moins besoin d’un conducteur fidèle, d’un consolateur puissant contre les visions horribles qui se présenteront à elle, qu’elle n’a besoin maintenant d’un aide et d’un défenseur contre les tentations invisibles dont elle est attaquée.

3. Il faut donc, mes très-chers frères, que vous glorifiiez Jésus-Christ, et que vous le portiez en votre corps. Ce fardeau est agréable, ce poids est doux à porter, cette charge est salutaire. S’il semble qu’on en soit quelquefois accablé, si Jésus-Christ nous flagelle quelquefois et se fait rudement sentir à ceux qui regimbent contre l’aiguillon, s’il nous traite quelquefois comme on traite ces chevaux que l’on dompte avec le mords et la bride, c’est toujours un bonheur pour nous ; soyez donc entre ses mains comme un animal qui n’est fait que pour le porter, ou plutôt ne soyez point tout à fait comme la bête de somme. « L’homme, dit le Prophète, étant en honneur, n’a pas compris la dignité de sa condition, il a été comparé à des animaux incapables de raisonner, et il leur est devenu semblable (Psal. XLVIII, 13). » Pourquoi pensez-vous que le Prophète, dans ce verset, plaint si fort l’homme, ou lui fait un si grand reproche de ce qu’il est semblable à des bêtes de service ; puisque l’on voit dans un autre endroit, qu’il dit à Dieu, avec un témoignage particulier de reconnaissance et de joie : « Je suis devenu comme une bête de somme entre vos mains, et je suis toujours en votre présence (Psal. LXXII, 23). » Je pense, ou plutôt je crois, je suis sûr même qu’il y a une certaine ressemblance avec les bêtes que l’homme doit ambitionner. Mais ce n’est pas celle qui consiste à n’avoir ni intelligence ni sagesse ; c’est celle qui consiste seulement à souffrir, à l’exemple de ces bêtes. Car le prophète n’aurait point parlé aux hommes, en les reprenant, ou en les plaignant de leur condition, s’il avait dit : l’homme étant sous le fardeau dont Dieu l’a chargé, ne lui a point fait de résistance. Il a été sous sa main comme un animal doux et soumis. Qui est celui d’entre nous qui n’aurait pas porté beaucoup d’envie à cet animal sur lequel notre Sauveur daigna monter, pour rendre plus recommandable aux hommes son ineffable douceur, si cet animal avait eu l’intelligence de l’homme, et avait connu l’honneur qu’il avait de porter une charge si précieuse ? Soyez donc, mes frères, sous la main de Dieu comme des animaux, mais sans leur ressembler en tout point, soutenez avec patience le fardeau que l’on vous impose, mais reconnaissez l’honneur qui vous est fait. Considérez, avec sagesse et avec bonheur, quelle est la charge que vous portez, et quel avantage vous en devez tirer.

4. Le grand Ignace, notre martyr qui a eu le bonheur d’être instruit par le disciple que Jésus aimait, et dont les précieuses reliques enrichissent notre pauvreté, se plait à donner à une certaine (a) Marie, dans plusieurs des lettres qu’il lui a écrites, le nom de Christophore. Ce fut sans doute pour elle, une merveilleuse dignité et un honneur immense, d’avoir porté le Sauveur du monde ; car si c’est régner que de le servir, ce n’est pas avoir une charge pesante que de le porter, mais c’est être comblé de gloire. Y avait-il sujet de craindre que l’animal sur lequel était monté le Sauveur, vînt à défaillir, sous son fardeau, qu’il ne fût dévoré par les loups, ou ne tombât entre les mains des voleurs ou dans les précipices, ou quelque autre péril pendant qu’elle était conduite par le Sauveur du monde? Heureux l’homme qui porte Jésus-Christ, de telle sorte qu’il se rend digne d’être conduit par ce Saint des saints, dans la cité sainte et glorieuse du ciel ! Non, non, il n’a pas à craindre de rencontrer d’obstacles dans la voie où il marche, ni d’être arrêté à la porte de la cité céleste, car, de même que les peuples préparent le chemin à cet animal, ainsi les saints anges préparent la voie du salut à chacun des élus, selon cette parole du Prophète : « Il a commandé à ses anges de vous garder dans toutes vos voies, de crainte que vous ne heurtiez les pieds contre quelque pierre. « Mais il ne faut pas encore expliquer ce verset, il faut plutôt suivre l’ordre de l’Ecriture dans notre explication.

a Plusieurs éditions, même les plus anciennes, portent ici simplement : « Marie, » mais les manuscrits ajoutent « une certaine, » avec raison, selon nous, puisque dans cet endroit il ne s’agit pas de Marie, très-sainte Mère de Dieu, mais d’une Marie surnommée Cassabolite, ou Castabolite, à qui saint Ignace a écrit deux lettres que nous avons encore, et dans lesquelles il lui donne le nom de Christophore, épithète que nous retrouvons également dans une autre lettre du même saint Ignace à la mère de Dieu. En tout cas, il n’est question ici que de la Marie à qui furent écrites deux lettres qu’on regardait au temps de saint Bernard comme étant de saint Ignace.

5. « Il en tombera mille à votre gauche et dix mille à votre droite et l’ennemi n’approchera point de vous. » Vous savez que c’est de ce verset que je dois vous entretenir aujourd’hui. Dans le verset précédent, que je vous ai expliqué la dernière fois, je vous ai montré, si vous vous en souvenez, comment la protection de la vérité nous délivre des quatre plus grandes et plus fâcheuses tentations, c’est-à-dire, des frayeurs qui surprennent durant la nuit, de la flèche qui vole durant le jour, des entreprises qui se font dans les ténèbres, et des attaques du démon du midi. Ce qui suit : « Il en tombera mille à votre gauche, et dix mille à votre droite, » semble plutôt regarder l’autre vie que celle-ci. C’est pourquoi je vous ai rappelé au commencement de ce discours (comme je pense que vous vous en souvenez), ce que nous dit l’Apôtre, que la piété est utile à tout, et que c’est à elle que les biens de la vie future ont été promis ( I Tim. IV, 5 ). Ecoutez donc maintenant, mais écoutez dans la joie de votre cœur, les promesses qui regardent la vie, éternelle, et qui doivent être l’objet de votre attente et de vos désirs. Il faut que votre cœur soit où est votre trésor. Je me souviens bien que vous avez écouté avec une attention particulière, ce que je vous ai dit de la vie présente. Mais vous devez m’écouter avec plus d’attention encore, quand je vous parle des choses qui regardent l’autre vie. Profitez de la connaissance que vous avez de l’histoire Sainte, et n’ayez pas moins de zèle et d’amour pour les biens de l’éternité, qu’en avait le faux-prophète Balaam, qui désirait, quoiqu’il fût méchant, mourir de la mort des justes, et qui demandait que les dernières heures de sa vie fussent semblables à celles des serviteurs de Dieu, (Num. XXIII, 10). Les fruits de la piété sont si grands, la récompense des justes si abondante, que ceux mêmes qui vivent dans l’injustice et l’impiété, ne peuvent s’empêcher de les désirer. Il est vrai que les cantiques de Sion leur plaisent beaucoup moins que les saules de Babylone. C’est pourquoi avec eux, il faut suspendre les instruments de musique et répandre des larmes sur le rivage des fleuves de Babylone, et tâcher de leur persuader de pleurer et de gémir avec nous. Si nous chantons en cette vie, il faut que ce soit seulement dans les lieux où nous sommes sûrs de trouver des personnes dont les joies seront toutes spirituelles, et qui ressentent des transports d’allégresse, au son du psaltérion et au chant des cantiques de Sion. Il faut que ce soit dans la compagnie de ceux que les saints désirs remplissent d’ardeur, qui soupirent vers cette cité sainte et qui s’écrient . « Qui me donnera des ailes comme à la colombe, afin que je vole au lieu de mon repos ( Psal. LIV, 7 ). » Qu’est-ce, en effet, que tressaillir d’allégresse, sinon sortir hors de soi ? Il faut avouer que la peinture la plus agréable de la tranquillité et de la beauté d’un rivage touche bien plus au milieu des périls de la mer, ceux qui sont encore au sein de la tempête et ballottés par les flots, loin du port, presque sans espoir d’y aborder. Ainsi serons-nous moins touchés des promesses qui sont contenues clans le verset que je vous explique, parce qu’il n’y a personne encore à qui l’on puisse dire : « Mille de vos ennemis vont tomber à votre gauche, et dit mille à votre droite. » Mais rappelez-vous, à qui cette promesse est faite. C’est à celui qui a établi sa demeure dans l’assistance du Très-Haut, et qui demeurera constamment dans la protection du Dieu du ciel.

Texte intégral – Saint Bernard – Dix-sept sermons sur le psaume 90
Septième sermon


Solennités en mai

Cette page indique uniquement les Solennités et autres fêtes ou particularités du mois.
En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

SAMEDI 8 MAI – Bienheureux martyrs d’Algérie – Mémoire

– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 18h00 : Vêpres

JEUDI 13 MAI – Solennité de l’Ascension du Seigneur

Horaire du dimanche, messe à 10h

LUNDI 31 MAI – Visitation de la Vierge Marie – Solennité

Horaire du dimanche, messe à 10h

N.B. – tous les lundis (sauf le 31) jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Mai-2021  


Solennités en avril

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En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

JEUDI 1er AVRIL – Jeudi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 17h00 : Messe et Procession au Reposoir
– 20h15 : Complies – Lecture au Reposoir – Jn 13-17

VENDREDI 2 AVRIL – Vendredi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 15h00 : Célébration de la Passion du Seigneur
– 19h30 : Complies

SAMEDI 3 AVRIL – Samedi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 22h00 : Vigile Pascale

DIMANCHE 4 AVRIL – Dimanche de Pâques

– 7h30 : Laudes
– 10h00 : Messe
– 11h45 : Sexte
– 13h30 : None
– 13h30 : None
– 16h30 : Vêpres
– 17h00 : Adoration
– 20h00 : Complies

LUNDI 5 AVRIL – Lundi de Pâques

Horaire du dimanche, messe à 10h

MARDI 6 AVRIL – Férie

Messe à 8h
 

N.B. – tous les lundis (sauf le 5) + mardi 6, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Avril-2021 


Avril – Psaume 90,6

Mois d’avril

« Vous ne craindrez point les frayeurs qui surprennent durant la nuit; ni la flèche qui vole le jour; ni les entreprises qui se font dans les ténèbres; ni les attaques ouvertes et les démons du midi (Ps. 90, 5 et 6) »

Ecoutons Saint Bernard – Sermon 6 sur le psaume 90

1. DPsaume-90-6ans l’Écriture-Sainte, la nuit signifie ordinairement l’adversité : et nous savons que la première épreuve de ceux qui se convertissent à Dieu, vient du corps. Car la chair, qu’on n’avait pas encore pris soin de dompter, ne souffre pas facilement qu’on la châtie, et qu’on la réduise sous la servitude ; mais, se souvenant de la liberté qu’elle vient de perdre, elle s’élève dans ses concupiscences avec plus d’ardeur contre l’esprit, principalement quand on lui fait sentir ces mortifications quotidiennes par lesquelles vous mourez tous les jours, vous êtes même comme morts : ces exercices de mortification sont si pénibles ; si fort au dessus de la nature et si contraires à vos premières habitudes ! Il n’y a donc pas de quoi s’étonner si on trouve en soi-même ces contradictions et ces résistances, principalement lorsque l’on commence à se convertir sérieusement à Dieu, et qu’on n’est pas encore assez exercé ni assez prompt à recourir à la prière, et à se relever de ses tristesses et de ses abattements par de saintes méditations .

Le bouclier du Seigneur nous est donc bien nécessaire, surtout au commencement de notre conversion, pour nous protéger contre les frayeurs qui surprennent pendant la nuit : en effet, ce ne sont pas les afflictions et les contradictions qui sont proprement une tentation : mais c’est plutôt la crainte qu’on a qu’elles n’arrivent. Car si nous sommes tous dans les travaux et les peines, nous ne sommes pas tous, pour cela, dans la tentation. Quant à ceux qui sont tentés, il est certain qu’ils souffrent beaucoup plus par la crainte des peines à venir que par suite des douleurs présentes.

2. Ainsi donc, la crainte même étant une tentation, c’est avec raison qu’il a été dit que celui qui est à couvert par le bouclier du Seigneur ne la craindrait point. Peut-être sera-t-il attaqué, peut-être sera-t-il tenté, peut-être craindra-t-il la nuit, mais cette crainte ne lui sera point nuisible. Au contraire, il en deviendra plus innocent, pourvu que cette crainte n’ait point prévalu sur son esprit ; et l’exercice qu’elle lui aura donné le corrigera et le rendra pur, selon cette parole de Job Ceux qui passeront par l’épreuve de la crainte seront purifiés (Job. XLI, 15). Cette crainte est une fournaise ardente ; mais la vérité divine fait qu’elle ne consume pas, et qu’elle éprouve seulement. Cette crainte est bien celle de la nuit et des ténèbres mais les rayons de la vérité la dissipent aisément. Car tantôt cette vérité met sous les yeux du cœur la vue des péchés que l’on a commis, afin, comme dit le Prophète en parlant de lui, que nous soyons préparés aux afflictions, en confessant nos iniquités, et en faisant réflexion sur nos péchés ; tantôt cette vérité nous rappelle les supplices éternels que nous avons mérités, afin que nous regardions comme des délices les maux que nous souffrons, en comparaison de ceux dont nous nous voyons préservés ; tantôt elle éveille notre attention sur les récompenses éternelles, auxquelles nous aspirons, en nous rappelant fréquemment à la pensée, que toutes les afflictions de cette vie ne sont pas dignes d’être comparées à la gloire que Dieu fera éclater un jour en nous (Rom. VII, 18). Tantôt, enfin, elle nous remet en mémoire toutes les douleurs que Jésus-Christ a endurées pour nous, qui ne sommes que des serviteurs inutiles, afin que nous rougissions de ne vouloir pas souffrir pour nous les peines mêmes les plus légères.

3. Mais peut-être la vérité, a déjà prévalu, dans le cœur de ceux qui m’écoutent, d’autant plus qu’elle est si abondante et si forte, qu’elle donne à ceux qu’elle couvre, et qu’elle défend, la puissance, non-seulement de repousser cette crainte, mais aussi de la chasser tout-à-fait. La nuit est passée. Craignez donc maintenant la flèche qui vole durant le jour, et marchez avec toute sorte de modestie, comme doivent le faire les enfants du jour et de la lumière. Cette flèche a le vol rapide, elle pénètre à peine dans les chairs, mais les blessures qu’elle fait ne sont pas légères, elles causent promptement la mort. C’est la flèche de la vaine gloire ; elle n’attaque donc point les âmes faibles et timides, qui vivent dans le relâchement et dans la langueur. Mais ceux qui paraissent les plus fervents ont sujet de craindre. Qu’ils prennent donc garde à eux, et ne se laissent point surprendre par cette tentation, et qu’ils aient un soin extrême de ne quitter jamais le bouclier invincible de la vérité ; car qu’y a-t-il de plus contraire à la vanité ? Et ce ne sont pas ces vérités mystérieuses, si relevées et si difficiles à comprendre, qu’il faut opposer à cette flèche ; il suffit que l’âme se connaisse véritablement elle-même, et qu’elle sache bien la vérité pour ce qui la concerne. Certainement, il est très difficile, si je ne me trompe, de s’enorgueillir aux paroles de ceux, qui se plaisent à louer les hommes durant leur vie, si on s’examine intérieurement, et si on se considère sérieusement à la lumière de la vérité. Car tout homme qui pense à sa propre condition ne se dira-t-il pas à lui-même : « Pourquoi t’enorgueillir, cendre et poussière (Eccle. X, 9) ? » Et s’il regarde la corruption de sa nature, ne sera-t-il pas contraint d’avouer qu’il n’y a rien de bon en lui ? Ou bien s’il trouve en lui quelque bien, du moins il ne trouvera pas de quoi répondre à l’Apôtre, qui lui dit : « Qu’avez-vous que vous n’ayez pas reçu (I. Corinth. IV, 7) ? » Et encore : » Que celui qui est debout, prenne garde de ne pas tomber (I. Corinth. X, 13).», Enfin, s’il examine et observe toute chose avec fidélité, il lui sera facile de reconnaître qu’il n’a pas la puissance d’aller avec dix mille combattants au devant de celui qui vient à lui avec vingt mille, et que c’est avec sujet que toutes ses justices ne sont considérées que comme un linge souillé d’un sang impur.

4. Nous avons encore besoin d’opposer cette vérité à d’autres tentations qui suivent celles dont je viens de vous parler. Car notre ancien ennemi, après avoir été vaincu, n’abandonne pas pour cela son entreprise ; mais il essaie de nous attaquer par des moyens plus subtiles que ceux qu’il a mis en usage jusqu’alors. Il a éprouvé que la tour qu’il a attaquée était fermée et inébranlable de tous côtés. Il ne peut plus rien entreprendre ni à gauche, en se servant de la crainte pour nous faire perdre le courage, ni à droite, en s’efforçant de nous ébranler par les louanges des hommes, et il voit qu’il nous a attaqués de ces deux côtés, sans aucun succès. Mais il dit en lui-même : Si je ne puis me rendre maître de cette place par la force, je le pourrai peut-être par quelque trahison. Or, quels seront les traîtres auxquels il aura recours ? Ce sera la cupidité, qui est la racine de toutes sortes de péchés. Ce sera l’ambition, qui est un mal subtil, un venin secret, une peste cachée, une source de tromperies, la mère de l’hypocrisie ; l’ambition, dis-je, qui produit l’envie, donne naissance aux vices, nourrit le crime, détruit la vertu, ruine la sainteté, aveugle les cœurs, qui se sert des remèdes mêmes pour faire naître des maladies, et fait tomber les hommes dans la langueur par les choses mêmes qui devraient les guérir et les fortifier.

Il a méprisé la vaine gloire, dit l’ennemi, parce qu’elle est vaine. Il se porterait, peut-être, à aimer quelque chose de plus solide ; il rechercherait peut-être plus volontiers les honneurs et les richesses. Combien ces entreprises de notre ennemi qui se font dans les ténèbres de cette vie en ont-elles fait tomber dans les ténèbres extérieures, en les dépouillant de la robe nuptiale, et rendant les vertus qu’ils ont exercées entièrement vides du véritable esprit de la piété. Combien d’âmes ce dangereux ennemi a-t-il fait tomber honteusement par sa malice artificieuse ? Combien leur chute a-t-elle donné sujet de craindre une soudaine ruine à ceux qui ne s’apercevaient pas des mines secrètes de l’ennemi ? Mais qu’est-ce qui entretient dans le cœur ce ver qui le ronge, sinon l’égarement de notre âme, et l’oubli de la vérité ? Et qu’est-ce qui nous peut faire découvrir ce traître ennemi, et nous montrer ses desseins ténébreux, sinon la lumière de la vérité qui nous dit : « Que sert à l’homme de gagner tout le monde, s’il se ruine et se perd soi-même entièrement (Matth. XVI, 26), » et qui nous déclare, que « les puissants seront puissamment tourmentés (Sap. VI, 7)? » C’est elle aussi qui nous remet fréquemment dans l’esprit combien les joies de l’ambition sont vaines et frivoles, combien le jugement que Dieu fera des ambitieux sera terrible, combien les jouissances qu’ils se proposent seront courtes ; combien la fin que doit avoir leur grandeur est incertaine.

5. Les tentations dont je viens de parler sont celles par lesquelles Satan osa éprouver le Fils de Dieu même; mais il n’a pas eu la hardiesse de le soumettre à la quatrième (a) tentation dont il me reste à vous parler, c’est celle qui naît de l’ignorance. Cet ennemi ne pouvait pas douter qu’il n’y eût une sagesse et une connaissance parfaite dans celui qui lui fit de si prudentes et de si sages réponses, qu’il ne lui donna jamais le moyen de découvrir ce qu’il désirait tant savoir. Il s’efforça, par la première tentation, de persuader à Notre-Seigneur qui souffrait la faim, de changer en pain les pierres du désert ; mais lui, sans dire s’il pouvait ou s’il ne pouvait point faire ce miracle, lui fit connaître qu’il y a une autre nourriture que celle qu’il lui proposait, en lui répondant : « L’homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Matth. IV, 4). » Dans la seconde tentation, Satan conseille à Notre-Seigneur de se précipiter, en lui assurant qu’il ne se ferait point dot mal, s’il était le Fils de Dieu, et que toute la ville en le voyant en l’air, lui donnerait des louanges et des acclamations ; et il répondit à cette proposition de telle sorte, qu’il ne déclara point s’il était le Fils de Dieu, ou s’il ne l’était pas. La troisième tentation à laquelle Satan soumit Notre-Seigneur fut l’ambition, quand il lui promit de lui donner tous les royaumes du monde, s’il se prosternait devant lui pour l’adorer. Voyez-vous comme l’ambition conduit les hommes à l’adoration du diable, parce qu’il promet à ses adorateurs qu’ils arriveront aux honneurs et à la gloire du monde ? Mais pour la quatrième tentation il s’abstient , comme j’ai dit, d’en user à l’égard de Notre-Seigneur, ayant éprouvé par ses réponses qu’il avait trop de sagesse pour y succomber.

- a Saint Bernard parle de cette quatrième tentation dans le quatrième sermons, n. 4.

6. Que fait donc cet ennemi contre les autres hommes, quand il voit qu’ils aiment la justice et haïssent l’iniquité ? Que fait-il autre chose en ces rencontres, sinon de déguiser le vice sous les apparences de la vertu ? Car il s’efforce de persuader le mal sous les apparences d’un bien non pas médiocre, mais le plus parfait, à ceux qu’il sait être de parfaits amateurs de ce bien, et se sert ainsi de leur ardeur même au bien pour les faire consentir plus promptement à ce qu’il désire, et pour les faire tomber plus facilement dans les pièges qu’il leur tend. C’est là le démon non-seulement du jour, mais du plein midi, et peut-être est-ce lui que craignait, la sainte Vierge, lorsqu’elle fut saisie d’une soudaine frayeur à la vue de l’Ange qui la vint saluer (Luc. I, 29). N’était-ce pas de lui aussi que voulait parler l’Apôtre, quand il disait « Nous n’ignorons pas les pensées de cet ennemi (II Cor. II, 14) ; » car cet ange de Satan se transforme en ange de lumière ? N’était-ce pas lui encore que craignaient les disciples de Notre-Seigneur, lorsqu’ils poussèrent un cri en voyant Jésus marcher sur les eaux de la mer, pensant que c’était un fantôme (Matth. XIV, 26) ? Remarquez, je vous prie, avec moi, l’heureuse coïncidence qui fait dire à l’Évangile que ce fut en la quatrième veille de la nuit que cela se passait ; ne vous semble-t-il pas que c’est pour nous montrer que c’était contre cette quatrième tentation que les apôtres se tenaient éveillés. Je ne crois pas nécessaire de m’étendre beaucoup pour vous montrer qu’il n’y a que la vérité qui puisse nous faire découvrir les faussetés cachées sous des apparences avantageuses, car il n’y a rien de plus manifeste.

7. Quiconque voudra considérer les choses avec attention, n’aura pas de peine à trouver ces quatre sortes de tentations dans l’état général de l’Église. En effet, n’étaient-ce pas les frayeurs nocturnes qui exerçaient l’Église à sa naissance ; quand tous ceux qui faisaient mourir les serviteurs de Dieu, s’imaginaient faire une œuvre agréable à ses yeux ? Ensuite les ténèbres de la persécution étant dissipées, et la paix ayant comme répandu un nouveau jour sur toute la face de l’Église, la flèche rapide dans son vol lui causa des troubles plus violents, et lui fit de plus fâcheuses blessures, lorsque des chrétiens, entés par l’esprit de la chair, et désireux d’une gloire vaine et frivole, se séparèrent de l’Église, et inventèrent des doctrines pernicieuses pour se faire un nom illustre, en se faisant valoir eux-mêmes. Mais si maintenant les païens et les hérétiques nous laissent en repos, l’Église est troublée par des enfants indignes de ce nom. Sauveur Jésus, vous avez multiplié le nombre de ses enfants ; mais vous n’avez pas augmenté sa joie, car s’il y en a beaucoup d’appelés, il y en a peu d’élus. Tous les hommes sont chrétiens maintenant. Et cependant tous cherchent leurs propres intérêts ; non ceux de Jésus-Christ. Il n’est pas jusqu’aux dignités mêmes de l’Église, qui ne soient l’objet d’une cupidité sordide et honteuse, et d’un trafic de ténèbres ; on ne cherche plus dans ces dignités le salut des âmes, mais le luxe et l’abondance. Ce n’est que pour cela que la plupart se font couper les cheveux, fréquentent les églises, célèbrent le saint sacrifice de la messe, et chantent les louanges de Dieu. On fait impudemment tous les efforts imaginables pour obtenir des évêchés, des archidiaconés, afin de dissiper et de consumer les revenus des Églises en superfluités et en vaines dépenses (Note : Horstius ajoute ici « et aussi pour obtenir, des abbayes et d’autres dignités ecclésiastiques. » Mais ces mots ne se lisent point dans les autres éditions de saint Bernard non plus que dans les manuscrits). Il ne nous reste plus, après cela, qu’à voir l’homme de péché, le fils de perdition, le démon non-seulement du jour, mais du midi, qui non content de se transfigurer en ange de lumière, s’élèvera aussi au dessus de tout ce qui est considéré et honoré comme Dieu (II Thess. II, 4). C’est le serpent qui s’efforce de piquer au talon l’Eglise notre mère, pour se venger de ce qu’elle lui a brisé la tête. Sans doute, ce sera alors que ses entreprises et ses attaques seront plus dangereuses et plus violentes, mais la vérité ne laissera pas encore d’en délivrer l’Église des élus, et ce sera pour eux qu’elle viendra abréger les jours, et qu’elle détruira les démons du midi par la clarté de son second avènement.

Voilà ce que j’avais à vous dire sur ces quatre tentations, et je me souviens de vous en avoir déjà entretenus dans un des sermons (a) que je vous ai faits sur le Cantique des cantiques, lorsque j’eus l’occasion de vous parler de ce démon du midi, au sujet du repos que prend l’époux durant le milieu du jour, quand l’épouse demande en quel lieu il repose.

-a C’est le trente-troisième sermon sur le Cantique des cantiques, ce qui place ces quinze sermons vers l’an 1140. puisque le trente-troisième sermon sur le Cantique des cantiques fut prêché après l’année 1138.

Texte intégral – Saint Bernard – Dix-sept sermons sur le psaume 90
Sixième sermon


Triduum – Pâques

JEUDI 1er AVRIL – Jeudi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 17h00 : Messe et Procession au Reposoir
– 20h15 : Complies – Lecture au Reposoir – Jn 13-17

VENDREDI 2 AVRIL – Vendredi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 15h00 : Célébration de la Passion du Seigneur
– 19h30 : Complies

SAMEDI 3 AVRIL – Samedi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 22h00 : Vigile Pascale

DIMANCHE 4 AVRIL – Dimanche de Pâques

– 7h30 : Laudes
– 10h00 : Messe
– 11h45 : Sexte
– 13h30 : None
– 13h30 : None
– 16h30 : Vêpres
– 17h00 : Adoration
– 20h00 : Complies

LUNDI 5 AVRIL – Lundi de Pâques

Horaire du dimanche, messe à 10h

Affiche Triduum et Pâques : TRIDUUM-PAQUES-2021 


Solennités en mars

Cette page indique uniquement les Solennités et autres fêtes ou particularités du mois.
En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

SAMEDI 13 MARS – Férie

– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 18h00 : Vêpres

VENDREDI 19 MARS – Solennité de Saint Joseph

Horaire du dimanche, messe à 10h 

JEUDI 25 MARS – Annonciation du Seigneur – Solennité

Horaire du dimanche, messe à 10h 

DIMANCHE 28 MARS – Dimanche des Rameaux et de la Passion

N.B. – tous les lundis, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Mars-2021


Mars – Psaume 90,5

Mois de mars

« La vérité vous couvrira d’un bouclier : vous ne craindrez point de frayeurs qui surprennent durant la nuit (Ps. 90, 5) »

Ecoutons Saint Bernard – Sermon 5 sur le psaume 90

1. Psaume-90-5« Veillez et priez, afin de ne point entrer en tentation (Marc. XIV, 38).» Vous savez de qui vient cet avertissement, et en quel temps il a été donné. Car ce sont des paroles que Notre-Seigneur a dites à ses apôtres, quand l’heure de sa Passion approchait. Or, considérez que c’était lui qui devait souffrir, non pas ses disciples : néanmoins ce n’était pas pour lui qu’il disait qu’il fallait prier, mais seulement pour eux. Aussi avait-il dit à Pierre : « Je vous déclare que Satan a demandé de vous cribler comme le froment : mais j’ai prié pour vous, afin que votre foi ne défaille point; et un jour, lorsque vous serez converti, vous confirmerez vos frères (Luc. XXII, 31 et 32). » Si les Apôtres avaient tant à craindre pendant la passion de Notre-Seigneur, combien, mes frères, avons-nous plus de sujets de craindre lorsque nous sommes nous-mêmes au milieu des épreuves ? Veillez donc et priez pour ne point entrer dans la tentation : car de tous côtés vous êtes environnés de tentations. Voilà pourquoi nous lisons dans l’Écriture-Sainte : « Que la vie de l’homme sur la terre est un combat (Job. III, 1). » Si donc notre vie est pleine d’un si grand nombre de tentations, qu’on a sujet de l’appeler elle-même une tentation, il est clair que nous devons nous tenir sur nos gardes, et vaquer à la prière, avec assiduité, pour ne point succomber à la tentation. Voilà pourquoi, nous disons dans la prière que Notre-Seigneur nous a apprise : « Ne nous induisez pas en tentation. » Puisque vous êtes ainsi de toutes parts environnés et pressés, par la tentation, sa vérité vous couvrira d’un bouclier, afin que, si les ennemis vous attaquent de tous côtés, vous trouviez aussi de tous côtés une défense. Or, il est manifeste que le bouclier qui peut nous couvrir n’est autre qu’une protection spirituelle. C’est sa vérité qui nous environne, parce que celui qui nous a promis de nous soutenir est véritable et fidèle, et fait tout comme il le promet. « Dieu est fidèle, dit l’Apôtre, il ne souffrira point que vous soyez tentés au dessus de vos forces (I. Corinth. X, 13). »

2. La grâce de la protection divine est comparée à un bouclier, avec beaucoup de raison. Le bouclier est large et étendu par en haut, afin de couvrir la tête et les épaules, et étroit par en bas, afin d’être moins pesant, et principalement parce que les jambes, qu’on doit garder, offrent peu de largeur, et ne sont pas si facilement, blessées, et que d’ailleurs les blessures qu’on y peut recevoir ne sont pas si dangereuses. De même Jésus-Christ ne donne à ses soldats le secours des choses temporelles, qu’avec beaucoup de mesure et de parcimonie, et seulement autant qu’ils en ont besoin pour la conservation de ce corps, qui est comme les parties inférieures de l’âme : il ne veut point leur donner une abondance de biens temporels qui leur deviendraient un fardeau trop pesant. Il veut qu’ils se contentent, selon la parole de l’Apôtre (I Tim. VI, 8), d’avoir le vivre et le vêtement. Mais quant à l’âme, qui est la partie supérieure de notre être, il lui donne des biens spirituels en beaucoup plus grande étendue, et lui communique une abondance de grâces spirituelles. Et c’est pour cela que Notre-Seigneur dit dans l’Évangile : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tous les autres biens dont vous pouvez avoir besoin seront ajoutés à ceux-là (Matt. II, 33).» Il est certain qu’il entendait par là, le vivre et le vêtement, dont il venait de dire que nous ne devions point nous inquiéter.

Or, si Notre Père céleste nous donne l’un et l’autre avec une bonté toute paternelle; c’est pour deux raisons : c’est de peur que nous ne pensions qu’il est fâché contre nous, s’il nous les refuse, et qu’ainsi nous ne tombions dans le désespoir ; en second lieu, c’est de crainte que les inquiétudes excessives avec lesquelles nous rechercherons ces biens ne nuisent beaucoup aux exercices spirituels ; car si nous manquons, de ces biens, nous ne pouvons ni vivre ni servir Dieu. Mais plus ils sont réduits, mieux nous nous en trouvons.

3. « La vérité divine vous servira donc de défense et de bouclier. Vous n’aurez point de ces terreurs qui arrivent durant la nuit, vous ne craindrez point la flèche qui vole durant le jour, ni les entreprises qui se font dans les ténèbres, non plus que les attaques ouvertes et les démons du midi. » Ces paroles marquent quatre sortes de tentations, dont nous sommes assaillis et contre lesquelles nous avons besoin d’être couverts et environnés du bouclier du Seigneur : à droite et à gauche, devant et derrière. Car il faut que vous sachiez que jamais personne ne vivra sur la terre sans éprouver quelque tentation. Quand l’une cesse, on doit en attendre une autre avec assurance ; que dis-je avec assurance ? c’est bien plutôt avec crainte que je dois dire : et si nous demandons d’en être délivrés, ne nous promettons jamais, dans ce corps de mort, un repos entier et une parfaite liberté. Et il faut que nous considérions sur ce sujet que la bonté avec laquelle Dieu nous traite est si grande, que lorsqu’il souffre que nous soyons longtemps occupés par certaines tentations, c’est afin que nous échappions à d’autres plus périlleuses, et que lorsqu’il nous délivre promptement de certaines épreuves, c’est pour nous exercer par d’autres qu’il prévoit plus utiles pour nous.

Il faut que nous considérions quelles sont ces quatre tentations mais ce sera dans un autre discours. Je crois que ces tentations s’élèvent contre ceux qui se convertissent à Dieu dans le même ordre qu’ elles sont ici, et que, dans le combat spirituel, elles sont comme les chefs de toutes les autres tentations qui nous attaquent.

Texte intégral – Saint Bernard – Dix-sept sermons sur le psaume 90
Cinquième sermon


Décès de Sr Bernard

Décès de Sœur M. Bernard

SrBernard

A l’heure des Laudes, le 10 février 2021, notre sœur M. Bernard (Marie-Madeleine) Nguyen Van bau, entraînée par sainte Scholastique, s’en est allée chanter au Ciel les louanges du Seigneur.
Elle avait 89 ans et 66 ans de profession monastique.

Née au Vietnam, aspirant à la vie monastique comme un idéal capable de la conduire à la Patrie Céleste, elle quitte Saïgon avec l’une de ses soeurs de sang pour entrer à l’abbaye de Castagniers. Frêle et de petite taille, elle fut épatée d’atteindre ses 80 ans. Sa persévérance la conduisit bien au-delà, même si elle passa ses dernières années dans une grande dépendance. Elle n’en perdit pas son caractère facétieux.

Nous la confions à la tendresse et à la miséricorde du Père, et nous la recommandons à votre prière.

La célébration des funérailles aura lieu le samedi 13 février à 10h.

En raison des conditions sanitaires, les obsèques seront célébrées dans l’intimité.


Février – Psaume 90,4

Mois de février

« Il vous couvrira de ses ailes : et vous espérerez, étant à couvert sous ses plumes (Ps. 90, 4). »

Ecoutons Saint Bernard – Sermon 4 sur le psaume 90

1. Psaume-90-04C’est avec raison que Dieu promet, dans ces paroles, des bienfaits encore plus grands que les premiers, à celui qui le loue avec humilité, et le remercié avec ferveur des grâces qu’il en a déjà reçues. Car « celui qui sera trouvé fidèle dans l’usage des moindres biens, méritera qu’on lui en confie de beaucoup plus considérables (Matt. XXV, 33 ), » de même que, celui qui n’est pas reconnaissant des biens qu’il a déjà reçus, est indigne d’en recevoir d’autres. C’est pourquoi l’Esprit de Dieu répond si favorablement à cette fervente reconnaissance, en disant Dieu, non content de vous délivrer des périls qui vous menaçaient, aura encore la bonté « de vous couvrir de ses ailes. » Je crois que nous devons entendre par ces ailes deux promesses de Dieu, l’une de secours pour la vie présente, et l’autre de biens que nous recevrons dans la vie éternelle. Car si Dieu se contentait de nous promettre son royaume, et nous laissait manquer des secours dont nous avons besoin pour y parvenir, nous aurions sujet de nous plaindre et de lui dire : il est vrai que le bonheur que vous nous promettez est grand; mais vous ne nous donnez pas les moyens qui nous sont nécessaires pour l’obtenir. C’est pourquoi Dieu, qui nous a promis de nous donner la vie éternelle après que nous serons sortis de ce siècle, a voulu pareillement, par une bonté pleine de prévoyance et d’amour, nous promettre de nous donner dès cette vie le centuple de ce que nous aurons abandonné pour le servir (Marc. X, 30 ). O homme, quelle peut être ton excuse à présent ? Certainement Dieu ferme la bouche aux plaintes injustes car que peut alléguer le tentateur ? Que la vie est longue et pénible ? Mais, s’il vous reste encore beaucoup de chemin à faire (III Reg. XIX, 5), pourquoi craignez-vous la longueur du voyage, puisque Dieu vous donne une nourriture qui doit soutenir vos forces en route ? L’Ange apporta au prophète Elie une nourriture, la plus commune de toutes, du pain et de l’eau, et néanmoins il fut tellement fortifié par cette nourriture, qu’en marchant quarante jours, il ne sentit ni faim ni fatigue. Ne désirez-vous pas que Dieu vous donne par le ministère de ses anges une nourriture si propre à vous soutenir ? Il serait bien étrange que vous n’eussiez pas ce désir .

2. Si vous désirez véritablement cette nourriture céleste, et si vous demandez, non par ambition et par vanité, mais avec humilité, que les anges vous la donnent, écoutez ce que fit Notre-Seigneur que le démon tentait, et engageait à changer des pierres en pain (Matt. IV, 3 ) ; il lui résista, et lui dit : « L’homme n’entretient pas sa vie seulement par le pain, mais par toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Deut. II, 3) » et après qu’il eut surmonté les tentations et chassé le tentateur, les anges s’approchèrent et le servirent. Si donc vous voulez être secourus par le ministère des anges, fuyez les consolations du siècle, et résistez aux tentations du diable. Que votre âme refuse de se consoler, d’une autre manière, si vous voulez trouver vos délices à vous entretenir de Dieu. Lorsque vous sentez l’aiguillon de la faim qui vous presse, l’ennemi tâche de vous persuader de courir au pain de la terre mais écoutez plutôt le Seigneur qui vous dit : « Ce n’est pas seulement par le pain que l’homme peut entretenir sa vie. » En effet, pourquoi tous ces soins qui vous absorbent ? Pourquoi vous mettre en peine du boire et du manger, du vêtir et du coucher, sinon pour la conservation de votre corps ? Vous pouvez trouver toutes ces choses en une seule dans la parole de Dieu. Cette parole est une manne qui contient tous les goûts et toutes les odeurs les plus délicieuses, elle établit les hommes dans un vrai repos, elle n’a rien que de vrai, elle est pleine de douceur et sa douceur est toute salutaire, elle apporte bonheur et sainteté à ceux qui en font leur nourriture.

3. Voilà les avantages et les grâces que Dieu nous promet pour la vie présente. Mais qui pourrait expliquer les biens qu’il nous promet pour l’avenir ? Si la seule attente et la seule espérance des justes est pleine de joie, et d’une joie si grande que la possession de tout ce qu’on peut désirer en ce siècle ne saurait jamais mériter de lui être comparée, qui pourrait concevoir quel sera le bonheur qu’ils attendent ? Non jamais, grand Dieu, l’œil n’a vu les biens que vous avez préparés à ceux qui vous aiment (Prov. X, 2), si vous ne les lui avez montrés vous-même. Nous recevons donc de Dieu quatre sortes de bienfaits, lorsqu’il nous couvre de ses ailes. Il nous cache et nous protège ainsi comme des poussins contre la serre des vautours et le bec des milans, c’est-à-dire contre les puissances de l’air. Il nous procure un ombrage salutaire, repousse loin de nous les rayons trop ardents du soleil, enfin il nous nourrit et nous échauffe sous ses divines ailes. Aussi le Prophète dit-il ailleurs: « Il m’a caché dans son tabernacle durant les mauvais jours (Psal. XXVI, 5). » Ces mauvais jours signifient le temps que nous demeurons sur cette terre étrangère qui a été mise en la puissance des méchants, sur cette terre d’où la paix est bannie, et où le Dieu de paix ne règne point ; car s’il y régnait, pourquoi dirions-nous dans la prière que nous faisons tous les jours : « Que votre règne arrive (Matt. VI, 20) ? » C’est pour cela que nous nous cachons, même selon le corps, dans les monastères et dans les bois. Et si vous désirez savoir combien nous gagnons à nous cacher ainsi, il est aisé de vous le montrer. Je crois qu’il n’y a personne parmi vous qui ne fût honoré comme un saint, et qui ne fût regardé comme un ange, s’il faisait dans le monde le quart de ce qu’il fait ici, tandis qu’il trouve tous les jours assez de sujets de s’accuser de négligence, et de se reprocher bien des fautes. Pensez-vous que ce soit un médiocre avantage de n’être pas estimés saints avant de l’être ? Et ne craignez-vous point, en recevant la récompense méprisable que donne le monde, de vous voir privés de celle que nous attendons dans l’autre ? Il est donc nécessaire de nous tenir cachés et inconnus, non-seulement aux yeux des autres, mais encore plus à nous-mêmes. Car c’est ce que Notre-Seigneur nous ordonne par ces paroles : « Quand vous aurez fait toutes les choses qui vous seront commandées, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous étions obligés de faire (Luc. XVII, 10). » Nous serions bien malheureux si nous ne l’avions pas fait. Notre plus grande vertu et notre souveraine sécurité consistent à vivre dans une solide et sincère piété, à considérer beaucoup plus les grâces qui nous manquent que celles que nous pensons avoir obtenues, et à oublier ce qui est fait, pour ne nous occuper que des choses qui nous restent à faire. Voilà donc comme nous avons le bonheur d’être cachés, ainsi que j’ai dit, sous les ailes du Seigneur. Peut-être est-ce en ce sens qu’il faut entendre l’ombre dont Marie fut recouverte par le Saint-Esprit, quand elle tenait caché aux yeux des hommes l’incompréhensible mystère de sa maternité.

4. Le Prophète dit encore dans un antre endroit : « Vous avez mis ma tête à couvert le jour du combat (Psal. CXXXIX, 1). » Car, de même que la poule, voyant venir un oiseau de proie, étend ses ailes afin que ses poussins viennent se cacher dessous et y trouvent un refuge assuré, ainsi la bonté souveraine et l’ineffable charité de Notre-Seigneur se tient préparée pour nous secourir, et s’étend sur nous en nous ouvrant et nous présentant son sein. C’est pourquoi l’âme fidèle lui dit, comme nous l’avons vu plus haut : « Vous êtes mon refuge. »

Vous voyez donc comme nous trouvons une ombre salutaire, et la protection dont nous avons besoin, sous les ailes dit Seigneur ; car, de même que l’astre du jour, tout excellent et nécessaire qu’il soit, fait mal, par l’excès de sa chaleur, si elle n’est tempérée, à la tête des personnes qui l’ont délicate et faible, et, par son éclat, blesse les yeux malades, ce qui ne vient pas de ce que le soleil est mauvais, mais de ce que nous sommes malades, ainsi en est-il du Soleil de justice. Et c’est pour cette raison que le Sage nous donne cet important avis: « Ne soyez point juste à l’excès (Eccl. VII, 17). » Ce n’est pas que la justice ne soit bonne, mais c’est que tant que nous sommes faibles, il est nécessaire que la grâce que nous recevons, toute bonne qu’elle est, soit modérée, de peur que nous ne tombions dans l’indiscrétion ou dans la vanité. D’où vient qu’en priant avec ferveur et avec assiduité, nous ne pouvons pas arriver à cette abondance de grâces que nous désirons ? Pensez-vous que cela vienne de ce que Dieu soit devenu pour nous avare ou pauvre, impuissant ou inexorable ? Non, non, tant s’en faut. Mais il connaît ce que nous sommes, et il a la bonté de nous tenir à l’ombre de ses ailes.

Il ne faut pas néanmoins, pour cela, que nous cessions de le prier, parce que s’il ne nous accorde pas ce qui pourrait satisfaire pleinement notre désir, du moins il nous donne de quoi le sustenter ; et s’il ne veut pas répandre sur nous une ardeur extrême, au moins il a soin de nous échauffer, comme la mère échauffe ses petits, par une chaleur tempérée. Car c’est le quatrième avantage que nous retirons de la protection de Dieu, qui nous conserve sous ses ailes, comme la poule abrite et réchauffe ses petits, et nous empêche de nous éloigner de lui, de peur que nous ne perdions la vie, par le refroidissement de la charité qui n’est répandue et entretenue en nous que par l’esprit qu’il nous communique. Ce sera donc sous ses ailes, que vous espérerez en toute assurance, et que vous trouverez dans les biens de la vie présente un motif certain d’espérer fermement ceux qu’il vous prépare pour l’avenir.

Texte intégral – Saint Bernard – Dix-sept sermons sur le psaume 90
Quatrième sermon


Solennités en février

Cette page indique uniquement les Solennités et autres fêtes ou particularités du mois.
En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

MARDI 2 FEVRIER – Présentation du Seigneur – Solennité –
Journée Mondiale de la Vie Consacrée

Messe à 10h 

SAMEDI 13 FEVRIER – Férie

Messe à 10h - Obsèques Sr Bernard. Maximum 10 personnes

SAMEDI 20 FEVRIER – Férie

– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 18h00 : Vêpres

MERCREDI 17 FEVRIER – Mercredi des Cendres – Entrée en Carême

N.B. – tous les lundis, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Fevrier-2021


Janvier – Psaume 90,3

Mois de janvier

« Il est mon Dieu, je mettrai mon espérance en lui, parce qu’il m’a délivré du piège des chasseurs, et de la parole mordante de mes ennemis (Ps. 90, 3). »

Ecoutons Saint Bernard – Sermon 3 sur le psaume 90

1. J’avouePsaume-90-03, mes frères, que ces paroles : « Il m’a délivré des filets des chasseurs, » me donnent une grande compassion de moi-même, et me font avoir pitié de mon âme. Sommes-nous des bêtes? Oui, sans doute, nous le sommes; car, « l’homme, dit le Prophète, étant élevé dans un état glorieux, n’a point eu d’intelligence : il est devenu semblable aux animaux qui sont privés de raison. » (Psalm. XLIII, 13).»

Certainement les hommes ne sont que des bêtes, des brebis égarées qui n’ont point de pasteur. O homme, pourquoi t’enorgueillis-tu ? Pourquoi tires-tu vanité du peu de connaissance que tu as? Considère donc que tu es devenu semblable à ces animaux auxquels les chasseurs tendent des filets. Mais, selon vous, quels sont ces chasseurs qui nous poursuivent ? Ils sont infiniment méchants et injustes, infiniment habiles et cruels. Ils ne sonnent pas du cor, comme les chasseurs ordinaires; mais ils s’abstiennent de faire du bruit, afin de nous surprendre, et ils décochent leurs flèches en cachette contre les simples et les innocents. Ils sont les maîtres des ténèbres de ce siècle, et leur méchanceté est accompagnée de tant de subtilité, de tant d’adresse et de tant d’artifices, que les plus habiles et les plus prudents des hommes ne sont, en comparaison de ces dangereux ennemis, que comme les bêtes à l’égard des hommes qui les poursuivent à la chasse; j’en excepte seulement le petit nombre de ceux qui, avec l’Apôtre, connaissent et, sont capables de prévoir leurs pensées et leur malice, et à qui la sagesse divine a donné la puissance de découvrir les pièges des méchants. O vous qui ressemblez encore à des plantes nouvelles et tendres, et qui n’êtes pas encore exercés et accoutumés à faire le discernement du bien et du mal, je vous conjure de ne pas suivre le jugement de votre cœur, et de ne point abonder en votre sens, de crainte que ce chasseur si rusé et si artificieux ne vous surprenne et ne vous trompe, parce que vous n’avez pas encore toute l’expérience nécessaire pour vous tenir en garde. Car, s’il tend assez ouvertement des filets et des pièges aux hommes du siècle qui sont tout à fait animaux et charnels, parce qu’il est sûr de les prendre très-facilement; pour vous, vous êtes prudents et semblables aux cerfs qui tuent les serpents, et vous désirez vous désaltérer à la source de la vie; ce redoutable chasseur n’emploie que les filets les plus subtils et les plus imperceptibles, et il met en usage les plus artificieuses et les plus adroites tromperies. C’est pourquoi je vous prie instamment de vous humilier sous la main puissante du Dieu dont vous êtes les ouailles. Suivez avec soumission les conseils de ceux qui connaissent mieux que vous les artifices incroyables de ce chasseur dont vous êtes poursuivis. Ils se sont éclairés et instruits par l’exercice dans lequel ils vivent depuis longtemps, et par les fréquentes expériences qu’ils ont faites en eux-mêmes et en beaucoup d’autres personnes.

2. Nous connaissons maintenant les chasseurs et la proie dont le Prophète a voulu parler en ce verset, voyons à présent quels sont les filets dont il parle. Je ne veux rien inventer de moi-même, ni vous proposer quoique ce soit de douteux. Que l’Apôtre nous montre lui-même quels sont ces filets ; car il n’ignore pas quelles sont les pensées des chasseurs de nos âmes. Dites-nous donc, grand Apôtre, quels sont les filets du diable, dont l’âme fidèle se réjouit d’avoir été délivrée ? « Ceux, dit-il, qui veulent devenir riches en ce siècle, tombent dans les tentations et dans les filets du démon (I Tim. VI, 9). » Les richesses de ce siècle sont-elles donc les pièges que nous tendent les démons ? Hélas ! combien peu d’hommes peuvent se réjouir d’en être entièrement délivrés, combien même au contraire s’affligent de ne s’y pas voir assez engagés, et font tout ce qu’ils peuvent pour s’en envelopper, et s’en embarrasser davantage ! Vous qui avez quitté toutes choses, et qui vous êtes attachés à suivre le fils de l’Homme qui n’a pas où reposer sa tête (Luc. IX, 58), réjouissez-vous et écriez-vous : « Il m’a délivré du filet (les chasseurs. » Rendez-lui de tout votre esprit, de toute votre âme, de toutes vos forces, et du plus profond de votre cœur, les louanges et les actions de grâces que vous lui devez, en répétant dans les transports de votre reconnaissance : « Il m’a délivré du filet des chasseurs. » Et pour apprendre combien grand est ce bienfait., et quels dons vous avez reçus de Dieu, écoutez ce qui suit : « Et il m’a encore délivré de la parole mordante de mes ennemis. » O homme indigne de ce nom, et qui mérites plutôt le nom de bêta, tu ne craignais donc point les filets qu’on avait tendus pour te perdre. Crains au moins le coup qui te menace : « il m’a délivré de paroles mordantes, » dit le Psalmiste: Quelles sont ces paroles menaçantes et formidables, sinon celles de l’insatiable enfer criant : apportez, apportez, frappez, déchirez, tirez au plus vite, hâtez-vous de les dépouiller ? Quelle est cette parole terrible, sinon celle-ci : « Exterminons l’homme méchant, afin qu’il ne puisse voir la gloire de Dieu (Isa. IX, 15). » Ces paroles ne sont-elles pas semblables au cri que font entendre les chasseurs dans leur joie d’avoir pris la bête qu’ils poursuivent ? Enlevez-la, enlevez-la, disent-ils; mettez-la à la broche, approchez-la du feu, plongez-la dans des chaudières bouillantes. Ce fut par ces paroles mordantes que les Juifs cruels, poursuivirent Notre-Seigneur , lorsqu’ils s’écrièrent : « Enlevez-le, enlevez-le, crucifiez-le (Joan, XIX, 15).» O parole horrible ! impitoyable ! cruelle ! Leurs dents étaient véritablement alors des armes et des flèches, et leur langue un glaive tranchant. Seigneur, vous avez entendu cette parole mordante : pourquoi cela, Seigneur, sinon pour nous délivrer nous-mêmes de paroles plus redoutables et plus accablantes encore ? Il était dans votre excessive bonté que nous ne fussions pas dans la nécessité de souffrir ce que vous avez daigné souffrir vous-même pour nous.

3. Les hommes du siècle, lorsque nous tâchons de les persuader de faire pénitence, nous répondent comme dans l’Évangile : « Cette parole est bien dure (Joan. VI, 6). » Jésus-Christ parlait alors de pénitence, mais en figure, ne voulant pas s’expliquer ouverte devant des hommes à qui il n’était pas donné de connaître le mystère du royaume de Dieu. Lorsqu’il leur dit : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous (Joan. XIX,15),» ils lui répondirent: «cette parole est dure, et aussitôt ils s’éloignèrent de lui.» Qu’est-ce que manger sa chair et boire son sang, sinon participer à ses souffrances et imiter la vie qu’il amenée en sa chair ? De sorte que l’adorable sacrement de l’Autel dans lequel nous recevons le corps de Jésus-Christ, nous apprend que, comme les espèces et les apparences du pain entrent visiblement dans notre corps, ainsi Notre-Seigneur entre visiblement en nous, par les sentiments qui l’ont animé pendant qu’il vivait sur la terre, afin d’habiter et de vivre par la foi dans nos cœurs. Car lorsque la justice entre dans nos âmes, c’est celui qui a été fait notre justice, par le Père Eternel, qui entre véritablement en nous : or, celui qui demeure en la charité, demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui (I Joan. IV, 16). Mais il y a bien des personnes qui nous disent, comme les Juifs autrefois : cette parole est bien dure ! Est-il donc possible que l’on trouve pénibles des peines qui sont si légères, et qui, pour un moment de souffrance, nous font mériter une gloire dont on ne saurait concevoir le prix, et dont nous devons jouir éternellement (I Cor)? Est-ce une chose dure et fâcheuse de racheter, par un travail extrêmement court et léger, des supplices et des tourments qui ne doivent jamais finir, et que nul esprit n’est capable de comprendre ? Vous trouvez ces paroles : « Faites pénitence, » insupportables. Vous êtes dans une grande erreur : vous en entendrez un jour de vraiment terribles, affreuses, effroyables. « Allez, maudits, dans le feu éternel (Matth. XXV, 41). » Voilà les paroles que vous devez craindre et estimer insupportables. Alors vous trouverez que le joug du Seigneur est doux, et que son fardeau est léger. Si vous n’êtes pas encore capables de croire que ce joug est doux en lui-même, au moins vous ne pouvez ignorer qu’il ne le soit extrêmement en comparaison de ces terribles paroles.

4. Mais vous, mes frères, qui êtes libres comme l’oiseau dans l’air et devant qui on jette des filets sans les pouvoir prendre ; vous qui avez entièrement abandonné les richesses de ce siècle, pourquoi craindriez-vous ces paroles formidables, puisque vous avez le bonheur d’être sortis de ces peines? Vous êtes heureux, Idithum, ô vous pour qui le Psalmiste a écrit quelques-uns de ses psaumes, vous êtes heureux d’avoir passé par-dessus ces filets sans y avoir été pris, et de n’être plus du nombre de ceux à qui on doit adresser ces terribles paroles. Car à qui dira-t-on : « Allez maudits dans le feu éternel, j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger (Matth. XXV, 41 )? » A qui, dis-je, adressera-t-on ces paroles, sinon à ceux qui auront possédé les richesses de ce monde ? Vos cœurs, mes frères, ne sont-ils pas dans une extrême allégresse en m’entendant parler ainsi ? Ne sont-ils pas remplis d’une joie toute sainte et toute spirituelle ? Votre pauvreté ne vous est-elle pas plus précieuse que tous les trésors du monde ? Cette pauvreté, dis-je, qui vous délivre de ces paroles de malédiction ? Car comment Dieu peut-il exiger que nous lui donnions des biens que nous avons abandonnés pour son amour ? Et néanmoins, vous ne laissez pas de les lui donner en effet, de nourrir et de revêtir Jésus-Christ du fruit du travail de vos mains, en sorte qu’il ne manque de rien. Rendez donc grâces à Dieu. Que chacun de vous soit dans des transports de joie et s’écrie « Il m’a délivré du filet des chasseurs et de la parole mordante de mes ennemis.» Oui, réjouissez-vous, mais cependant que ce soit encore avec tremblement. Je veux que vous soyez dans la joie, mais non pas que vous pensiez être en sûreté. Ayez cette sainte joie que le Saint-Esprit répand dans les âmes, mais soyez toujours dans la défiance et sur vos gardes, afin de ne point retomber dans vos premières fautes.

5. Que pensez-vous avoir à craindre pour l’avenir ? Une chose seulement, mais une chose horrible, le péché de Judas, le péché d’apostasie. Vous avez eu le bonheur de prendre les ailes de la colombe, et de vous envoler jusqu’à ce que vous ayez trouvé le repos; car, au lieu de repos, il n’y avait pour vous sur la terre que travail, douleur, affliction d’esprit. Qu’avons-nous donc à craindre pour ceux dont le vol est si élevé ? C’est qu’ils s’arrêtent à regarder sur la terre quelque corps mort, ou quelque autre pâture semblable, dont les chasseurs se servent pour les attirer dans leurs filets, si bien qu’étant charmés par les objets que leur présentent les démons, ils ne se jettent dans les pièges que leur ont dressés ces impitoyables chasseurs, et qu’ils ne tombent dans un état bien plus déplorable que celui où ils étaient avant leur conversion ? Je vous assure, mes frères, que ce qu’il y a de plus à craindre, c’est que ceux qui sont maintenant à Dieu ne retournent à leurs vomissements, ou seulement par leurs désirs, ou même par leurs actions. Nous voyons dans l’Écriture-Sainte (Num. XIV, 3), que les enfants d’Israël, ne pouvant retourner de corps en Egypte, parce que la mer Rouge, qui s’était refermée derrière eux, leur barrait le passage, y retournèrent par le désir de leur cœur. Chacun de nous, doit vivement appréhender d’en venir là et de mériter, par ses fautes, que Dieu le rejette, et le vomisse ostensiblement de sa bouche : ou si la honte l’empêche de tomber dans une apostasie extérieure et manifeste, au moins, il doit craindre que la tiédeur ne le fasse tomber peu à peu dans une apostasie intérieure et secrète, et que, sous l’habit religieux, il n’ait un cœur mondain et n’embrasse les consolations du siècle autant qu’elles se peuvent présenter dans notre condition; car nous ne sommes pas plus saints que l’Apôtre qui craignait que, après avoir prêché aux autres, il ne fût réprouvé lui-même (I Cor. IX, 27). Et nous devons demeurer dans cette crainte jusqu’à ce que les filets de notre ennemi soient entièrement rompus, jusqu’à ce que notre âme soit délivrée de ce corps. C’est pourquoi nous voyons dans l’Écriture que les yeux prennent quelquefois les âmes comme une proie (Thren. III, 51). Il n’est donc pas raisonnable que l’homme en cette vie, se croie en sûreté, puisqu’il porte toujours avec lui le piège dont l’ennemi se sert pour le perdre; mais il est bien préférable pour lui qu’il établisse sa demeure dans le secours du Très-Haut, afin de se garantir par ce moyen de toutes les embûches que l’ennemi lui prépare.

Texte intégral – Saint Bernard – Dix-sept sermons sur le psaume 90
Troisième sermon


Solennités en janvier

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En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

VENDREDI 1er JANVIER – Sainte Mère de Dieu – Journée Mondiale de la Paix

Horaire habituel du dimanche
– 7h30 : Laudes
– 8h45 : Tierce
- 10h00 : Messe de la Sainte Mère de Dieu
– 11h45 : Sexte
– 13h30 : None
- 16h30 : Vêpres de la Sainte Mère de Dieu + Adoration
– 20h00 : Complies

DIMANCHE 3 JANVIER – Epiphanie du Seigneur – Solennité

Horaire habituel du dimanche
– 7h30 : Laudes
– 8h45 : Tierce
– 10h00
: Messe
– 11h45 : Sexte
– 13h30 : None
– 16h00 : Vêpres + Adoration

– 20h00 : Complies

MARDI 26 JANVIER – Solennité des Saints fondateurs de Cîteaux : Saint Robert, Saint Albéric et Saint Etienne (moines bénédictins de Molesmes, dans la mouvance de Cluny)

Horaire habituel du dimanche – Messe à 10h

N.B. – tous les lundis, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Janvier-2021