Novembre – Humilité

Mois de Novembre

Ecoutons le Bienheureux Columba Marmion – Attirer la miséricorde de Dieu –
Le Christ, idéal du moine (extraits)

Humilite-450Dieu voyant l’homme déchu, entouré de faiblesses, sujet à la tentation, à la merci de ses inclinations qui changent avec le temps, les saisons, la santé, l’entourage, l’éducation, est touché de cette misère, comme si c’était la sienne propre ; ce mouvement divin qui incline le Seigneur vers notre misère pour la soulager, c’est la miséricorde.

Si profonde est notre misère qu’elle peut être comparée à un abîme, qui appelle l’abîme de la miséricorde divine (cf. Ps 41,8) ; mais elle ne l’appelle qu’autant que cette misère est reconnue, avouée ; et ce cri, c’est l’humilité qui le fait pousser. L’humilité est l’aveu pratique et continuel de notre misère, et cet aveu attire les regards de Dieu. Les haillons et les plaies des pauvres sont leur plaidoyer ; cherchent-ils, en effet, à les cacher ? Bien au contraire ; ils les étalent, afin de toucher les cœurs. De même, nous ne devons pas chercher à éblouir Dieu par notre perfection, mais plutôt à attirer sa miséricorde par l’aveu de notre faiblesse. Chacun de nous a une somme de misères suffisante pour attirer les regards miséricordieux de notre Dieu. Ne sommes-nous pas tous comme ce pauvre voyageur gisant sur la route de Jéricho, dépouillé de ses vêtements, couvert de plaies ?

C’est une excellente prière que de montrer à Notre-Seigneur toutes nos misères, toutes les laideurs qui défigurent encore notre âme. « Oh ! mon Dieu, voilà cette âme que vous avez créée, rachetée ; voyez combien elle a été déformée, combien elle est remplie d’inclinations qui déplaisent à vos regards ; ayez pitié ! » Cette prière-là va droit au cœur du Christ.

Bienheureux Columba Marmion – L’humilité – Le Christ, idéal du moine (extraits) – P. 286-287

En complément de ce texte de Dom Marmion, nous pouvons aussi relire Saint Jean Cassien qui, plusieurs siècles avant, nous donne aussi quelques conseils avisés…

Saint Jean Cassien (360-435). 

 « Il faut avoir un modèle que vous puissiez regarder sans cesse, méditer et vous approprier de manière à vous élever peu à peu à des pensées plus parfaites. Voici cette règle que vous cherchez, cette formule de la prière, que tout religieux qui désire se souvenir continuellement de Dieu, doit s’accoutumer à méditer sans cesse dans son cœur, en en bannissant toute autre pensée ; car il ne pourra jamais la retenir s’il ne s’affranchit de toute inquiétude et de tous soins corporels. C’est un secret que nous ont laissé quelques-uns de nos anciens Pères, et que nous ne disons qu’au petit nombre de personnes qui le désirent avec ardeur.

Cette formule qui vous rappellera toujours Dieu, et dont vous ne devez jamais vous séparer, est celle-ci « Mon Dieu, venez à mon aide ; hâtez-vous, Seigneur, de me secourir ».

 Ainsi, nous devons sans cesse adresser à Dieu cette courte prière, afin de n’être pas abattus par l’adversité, ou orgueilleux dans la prospérité. Oui ! Méditez sans cesse ce verset dans votre cœur, récitez-le pendant votre travail, au milieu de vos occupations et lorsque vous êtes en voyage. Que votre esprit s’en nourrisse en dormant, en mangeant, en subissant toutes les nécessités de la nature; que sa méditation devienne pour vous comme une formule puissante et salutaire qui non-seulement vous préservera de toutes les attaques du démon, mais encore vous purifiera des vices et de la contagion de la terre, pour vous élever à la contemplation des choses invisibles et célestes, et vous faire arriver à cette ineffable ardeur de la prière, que bien peu connaissent. Endormez-vous en récitant ce verset, de manière que, par habitude, vous le disiez encore pendant votre sommeil ; et lorsque vous vous réveillerez, que ce soit la première chose qui se présente à votre esprit. Dites-le en vous agenouillant, dès que vous quittez votre lit, et qu’il vous accompagne ainsi d’action en action pendant tout le cours de la journée. Méditez-le selon le précepte divin : « soit que vous reposiez dans votre maison, soit que vous soyez en voyage, soit que vous dormiez, soit que vous vous leviez. Ecrivez-le sur vos lèvres et sur votre porte ; gravez-le sur les murs de votre demeure et au plus profond de votre âme », afin qu’il en découle naturellement, lorsque vous vous mettez en prière, et qu’il vous accompagne ensuite comme une oraison fervente et continuelle dans toutes les occupations de votre vie. Amen.