Juillet – Tu es Pierre
Mois de Juillet
« Tu es Pierre »
Ecoutons Saint Bernard - De la Considération – Livre II, chapitre 8 (extraits)
Voyons, examinons de plus près qui tu es, quel est, en ce temps, ton rôle dans l’Église de Dieu ? Qui es-tu ? Le grand prêtre, le Souverain Pontife. Tu es le prince des évêques, tu es l’héritier des Apôtres. Tu es Abel le premier-né, Noé le pilote, Abraham le patriarche. Tu es Melchisédech par l’ordre, Aaron par la dignité, Moïse par l’autorité, Samuel par le pouvoir de juger, Pierre par la puissance, le Christ par l’onction. Tu es celui à qui les clés ont été données, à qui les brebis ont été confiées.
Certes, il y a d’autres portiers du ciel et d’autres pasteurs du troupeau ; mais pour toi, c’est d’autant plus glorieux et éminent que tu en as hérité le nom de préférence aux autres. Ceux-ci n’ont que les troupeaux qui leur ont été assignés, chacun le sien ; à toi, tous ont été confiés, l’ensemble à un seul. Seul, tu es le Pasteur de tous, non seulement des brebis, mais aussi des bergers.
En cherches-tu la preuve ? Elle vient de la parole du Seigneur. Auquel, en effet, je ne dis pas des évêques, mais aussi des Apôtres, les brebis ont-elles été confiées de façon aussi absolue et sans exception ? “Si tu m’aimes, Pierre, pais mes brebis”. Lesquelles ? Les habitants de telle cité, de telle contrée, ou de tel royaume précis ? “Mes brebis”, dit-il. N’est-il pas clair qu’il ne lui en a pas désigné quelques-unes, mais que toutes lui ont été confiées ? Il n’y a rien à excepter là où n’est faite aucune distinction. Et peut-être même les autres disciples étaient-ils présents lorsque, les confiant à un seul, il recommanda à tous d’être un seul troupeau sous un seul Pasteur, selon cette parole : “Une est ma colombe, ma belle et ma parfaite”.
Où se trouve l’unité, là est la perfection. Les autres nombres n’ont pas la perfection, mais la division, s’éloignant de l’unité. De là vient que les peuples furent répartis, chacun à chacun des apôtres qui étaient au courant de ce mystère. Aussi Jacques, qui passait pour une colonne de l’Église, se contenta-t-il de la seule Jérusalem, cédant à Pierre le tout. Certes, il était bien qu’il reçût pour mission de faire lever la graine semée par son frère mort, au lieu même où on le tua, car on le dit “le frère du Sauveur”. Dès l’instant que le frère du Sauveur cédait le pas, qui d’autre s’ingérerait dans les prérogatives de Pierre ?
C’est donc d’après ton propre statut que les autres sont appelés à une part d’activité, toi à la plénitude. Le pouvoir des autres est limité, le tien s’étend même à ceux qui ont reçu autorité sur les autres. Ne peux-tu pas, si la cause le demande, fermer le ciel à un évêque, le déposer toi-même de son siège, voire même le livrer à Satan ? Tu as donc un privilège incontestable : on t’a donné les clés aussi bien que les brebis.
Reçois un autre fait, qui confirme tout autant tes prérogatives. Les disciples étaient en barque et le Seigneur leur apparut sur le rivage, dans son corps ressuscité, les comblant de joie. Pierre, apprenant que c’était le Seigneur, se jette à la mer et vient vers lui, les autres y allant sur le bateau. Que faut-il en conclure ? N’était-ce point un signe du pontificat unique de Pierre qui ne reçut pas le gouvernement d’une barque, comme les autres apôtres, mais celui de l’univers ? Car, la mer est le monde, les barques sont les Églises. Ainsi, alors que chacun des autres a sa barque, à toi est confié un très grand navire, l’Église universelle, faite de toutes les autres, répandue sur toute la terre.
Saint Bernard – Les cinq livres de la Considération de St Bernard, au pape Eugène III – II, 8 (extraits)
Texte intégral – De la Considération – Livre II, chapitre 8