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Août – Saint Bernard
MOIS D’AOUT – SAINT BERNARD
2016 – ANNEE DE LA MISERICORDE
A L’IMAGE DU FILS PRODIGUE
SAINT BERNARD NOUS INVITE A FAIRE PENITENCE
Sermon 13 – Les trois miséricordes de Dieu et les quatre pitiés
La première miséricorde de Dieu : sa patience
1. Pitié pour moi, Seigneur, en ta grande miséricorde (Ps. 50, 3). De même qu’il y a des péchés petits, moyens et grands, de même y a-t-il une petite, une moyenne et une grande miséricorde. C’est donc le grand pécheur qui a besoin d’une grande miséricorde, pour que là où le péché a abondé, la grâce surabonde (Rom. 5, 20).
Par « petite miséricorde », je veux dire la patience dans laquelle Dieu, au lieu de punir immédiatement le pécheur, attend qu’il fasse pénitence. Non qu’elle soit petite en elle-même : elle l’est en comparaison des deux autres. Car en soi elle est grande ; oui, de manière absolue, elle est grande cette miséricorde que constitue l’attente de Dieu. Lorsque l’ange a péché, Dieu n’a absolument pas temporisé, il l’a précipité du ciel. Pour l’homme aussi, lorsqu’il a péché, Dieu ne lui a pas laissé de délai, il l’a aussitôt chassé du paradis.
Mais voici maintenant qu’il attend, qu’il garde le silence, et supporte le pécheur dix ans, vingt ans, et jusqu’à sa vieillesse et son âge mûr (Ps. 70, 18). Et par comparaison avec le nombre de péchés que nous commettons chaque jour, ne devons-nous pas considérer comme légers ces péchés-là, qui ont pourtant reçu sans retard leur sentence de condamnation ?
Il n’y a donc pas à s’étonner si le prophète lui-même a presque bronché, et si ses pas ont failli glisser quand il s’est indigné de voir la paix dont jouissent les pécheurs. Ceux-ci disent en effet: Comment Dieu saurait-il ? chez le Très-Haut y a-t-il connaissance ? (Ps. 72, 2, 3, II).
Mais voici la grâce de la croix du Christ et sa puissance : Par ma vie, dit le Seigneur, je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive (Ez. 33, 11). A mon sens, c’est ici la voix du Christ en train de ressusciter. Comme s’il disait : que le Juif le veuille ou non, par ma vie, je ne veux pas la mort du pécheur, moi qui ai voulu mourir pour les pécheurs; je veux que ma mort porte tout son fruit, et que par elle la rédemption soit généreuse.
2. Cette miséricorde du Seigneur, par laquelle il repousse le moment de frapper et se tient prêt à pardonner, je ne l’ai pas qualifiée de « petite » en elle-même, bien sûr, mais par comparaison avec les deux autres. Car, à elle seule, elle est absolument insuffisante pour sauver. Au contraire, elle aggrave le jugement de condamnation, selon les mots du psaume : Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu (Ps. 49.21). Écoutons l’Apôtre, tonnant à sa manière, terrible : Méprises-tu les richesses de la bonté et de la longanimité de Dieu ? Ignores-tu que sa patience devrait te conduire à la pénitence ? Mais toi, par ton endurcissement et l’impénitence de ton cœur, tu amasses contre toi un trésor de colère (Rom. 2.4 s).
Tu amasses contre toi, dit-il, des trésors de colère à la mesure des trésors de miséricorde qui t’étaient proposés et que tu méprises. Tu repousses ainsi loin de toi la miséricorde de Dieu. Et à cause de quoi ? A cause de ton endurcissement et de l’impénitence de ton cœur.
La deuxième miséricorde de Dieu : la grâce de la repentance
Or, qui fendra cet endurcissement, sinon celui qui, par sa passion, a fendu les rochers (Mt. 27. 51) ? Et qui fera le don d’un cœur pénitent, sinon celui de qui nous tenons le meilleur (Jcq. 1. 17) ?
3. La voilà, précisément, la deuxième miséricorde, plus grande que la première, puisqu’elle empêche celle-ci d’être infructueuse et de se tourner en condamnation à mort. Elle donne la pénitence, sans laquelle la patience de Dieu non seulement ne nous sert de rien, mais nous dessert absolument. Elle peut suffire, à la vérité, pour les péchés légers. Oui, pour ces péchés dont nous ne pouvons-nous abstenir complètement tant que nous vivons dans ce corps de péché (Rom. 6.6), la pénitence quotidienne peut suffire au salut.
La troisième miséricorde de Dieu : la grâce de la libération
Mais pour ce qui est des péchés graves, de ceux qui conduisent à la mort (1 ln 5. 16), il faut non seulement la pénitence, mais la capacité de s’abstenir du péché. Chose difficile, assurément, et dont la puissance de Dieu est seule capable, puisqu’il s’agit de rejeter, loin des épaules qui l’ont reçu une fois, le joug du péché. De fait, celui qui commet le péché est esclave du péché (ln 8.34), et seule une main forte peut l’en libérer.
4. Telle est la grande miséricorde, nécessaire aux grands pécheurs, et dont il est dit : Pitié pour moi, Seigneur, en ta grande miséricorde, en tes multiples bontés.
Les quatre degrés de la bonté de Dieu
Des quatre filles de la grande miséricorde, on a dit qu’elles sont : la venue en nous de l’amertume, la mise à distance de l’occasion du péché, la force de résister, et enfin la guérison de notre volonté aimante.
Chez celui que tel ou tel péché tient captif, il arrive en effet que Dieu, dans sa bonté, envoie certains sentiments d’amertume, qui s’emparent de l’esprit de cet homme, et en chassent le plaisir pernicieux qu’il prend à ce péché. Il arrive aussi que Dieu supprime l’occasion du péché, pour que la faiblesse de l’homme n’ait plus à subir la tentation. Il arrive en outre – et c’est une grâce plus précieuse encore – que Dieu donne la force de résister, de telle manière qu’en éprouvant la tentation, l’homme réagisse avec courage et ne consente pas à pécher. Il arrive enfin que Dieu guérisse l’élan de la volonté. C’est là vraiment la situation la plus parfaite : la tentation en est si totalement extirpée que non seulement l’homme refuse d’y consentir, mais qu’il ne la ressent même plus.
Extraits des « Petits sermons » de Saint Bernard – Sermon 13
Juillet – La raison de la foi
JUILLET – LA RAISON DE LA FOI
FOI
RAISON
INTELLIGENCE
TROIS PARCOURS COMPLEMENTAIRES POUR CHERCHER DIEU
Ecoutons Gilbert de Hoyland
Sermon 4 sur le Cantique des Cantiques
LA RAISON DE LA FOI
Heureux le parcours de la raison, mais pour autant que celle-ci se maintienne à l’intérieur des règles de la foi, qu’elle n’en dépasse pas les limites et qu’elle aille de la foi à la foi ou de la foi à l’intelligence. Car l’intelligence, même si elle dépasse la foi, ne scrute pourtant rien d’autre que le contenu de la foi. L’intelligence, par rapport à la foi, ne comporte pas une plus grande certitude, mais une sérénité plus profonde. Aucune des deux n’erre ni n’hésite. Car là où se présentent l’erreur et l’hésitation, là n’est pas l’intelligence. Et là où se rencontre l’hésitation, là n’est pas la foi. Si la foi se montre capable d’admettre une erreur, elle n’est ni vraie ni catholique : ce n’est qu’une crédulité erronée.
La foi, si je puis dire, tient et possède la droite vérité ; l’intelligence, elle, scrute la vérité révélée dans sa nudité ; la raison enfin s’efforce de la révéler. La raison se situe donc, dans sa réflexion, entre la foi et l’intelligence : elle se dresse vers celle-ci mais sans se laisser régir par celle-là. La raison veut faire plus que de croire. Que veut-elle d’autre ? – concevoir. C’est une chose que de croire, une autre de discerner. Pourtant la raison ne cherche pas à concevoir autre chose que ce qu’elle saisit de la foi. Encore incapable de voir clairement, elle n’en tente pas moins, à partir d’expériences appropriées, de s’expliquer ce qu’a saisi la foi dans sa totalité. La raison s’efforce donc de dépasser la foi, mais en prenant appui sur la foi et en laissant celle-ci la retenir. D’abord elle s’avère spirituellement fervente, puis sur ses gardes, et en troisième lieu sobre. De la sorte – si je puis dire – la foi tient, la raison examine, l’intelligence regarde.
Heureux ce parcours dans lequel l’esprit, sous la conduite de la raison, s’avance en scrutant, mais sans s’éloigner de la foi – au contraire : instruit par elle et limité par elle. Car on se trompe absolument si l’on ne ramène pas tout à la norme de la foi et si l’on n’amende pas l’élan précipité de la raison pour l’amener à maturité.
Heureux parcours où la justice de Dieu se révèle de la foi à la foi. Heureux parcours où l’homme est transformé de gloire en gloire comme par l’Esprit du Seigneur. Heureux parcours où, dans l’oubli de ce qui est en arrière, on tend vers l’avant de tout son être dans le désir de saisir si possible. Oui, heureux parcours, non seulement lorsqu’on ne saisit pas toujours des réalités nouvelles et plus cachées, mais lorsque, dans un élan affectif toujours nouveau et jaillissant, on repasse en son esprit des réalités déjà perçues. Et non seulement lorsqu’on pénètre ce qui reste à découvrir, mais qu’on se souvient sans cesse de ce que l’on a déjà pénétré.
Extraits du sermon 4 sur le Cantique des Cantiques
Qui est Gilbert de Hoyland
De nationalité anglaise, contemporain de Saint Bernard, Gilbert fut abbé de Swineshead, abbaye bénédictine qui passa à l’Ordre de Cîteaux en 1147. Il meurt en 1172 au monastère de Larivoir.
Son œuvre principale fut de poursuivre le « Commentaire du Cantique des Cantiques » que Bernard avait laissé inachevé en 1153. Aux 86 sermons de Bernard, il en ajouta 48 autres. Il laisse aussi 7 opuscules sur la prière, un bref sermon et 4 lettres.
Disciple fervent de Bernard, Gilbert en est un continuateur habile ; par son insistance sur l’amour, il reste bien dans le sillage de l’abbé de Clairvaux : il s’émerveille devant l’amour de Dieu qui est toujours premier et qui appelle notre réponse. À nous de nous laisser conformer au Christ progressivement. Pour lui, comme pour Bernard, l’expérience de la vie monastique doit conduire à l’expérience de Dieu ; elle est un moyen privilégié de connaissance immédiate de Dieu.
Solennités en juillet
SAMEDI 9 JUILLET – Férie
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h00 : Vêpres
LUNDI 11 JUILLET – Solennité de Saint Benoît – Patron de l’Europe
- Messe à 10h
N.B. – tous les lundis (sauf le 11 juillet), jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois – Messes-Juilllet-2016
Solennités en juin
VENDREDI 3 JUIN – Solennité du Sacré Coeur de Jésus et de la Dédicace de notre église
Horaire du dimanche : Messe à 10h
SAMEDI 11 JUIN – Saint Barnabé – Mémoire
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
VENDREDI 24 JUIN – Nativité de Saint Jean-Baptiste – Solennité
ATTENTION CHANGEMENT D’HORAIRE Messe à 7h30
MERCREDI 29 JUIN – Saint Pierre et Saint Paul apôtres – Solennité
Messe à 10h
N.B. – tous les lundis, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois – Messes-Juin-2016
Juin – Après la Pentecôte…
JUIN – APRES LA PENTECOTE
UN BRUIT
DU FEU
DES LANGUES
NOUS SOMMES TOUS ENVOYES
Ecoutons Hélinand de Froidmont
Sermon 16 sur la Pentecôte
Un bruit, du feu, des langues
Pour parler du feu divin, ou plutôt du Dieu tout en feu, tout langage est déplacé et sans profit, s’il n’est de feu ; toute parole est malvenue et superflue, si elle n’est de feu. De là vient qu’aujourd’hui l’Esprit Saint paraît tomber du ciel sur les disciples rassemblés en un seul lieu, sous la forme de petites sortes de langues qui se partagent. C’est pour montrer que sa loi de feu ne peut être prêchée d’une manière valable et sûre qu’en paroles de feu et par des langues enflammées. Or toute parole que l’on prononce du bout des lèvres, comme on dit, est tenue pour froide et morte : elle ne sort pas d’une poitrine débordante, elle ne sort pas en bouillonnant de la source du cœur. Toute parole, dis-je, est à compter pour froide et morte, si elle ne vit pas dans le secret de la conscience et ne se reflète pas dans le miroir de la vie.
« Tout-à-coup vint du ciel un bruit comme celui d’un violent coup de vent », et peu après : « Ils virent apparaître des langues comme de feu, qui se partageaient ». Il nous faut donc considérer ici trois choses : un bruit, du feu, des langues. Cherchons donc si nous ne pourrions trouver dans cette œuvre de l’Esprit Saint quelques traces de la Trinité. De fait, l’Esprit Saint est descendu en ce jour sur les disciples en les marquant d’un signe trinitaire, avec du bruit, avec du feu, avec des langues. Avec un bruit terrible, avec un feu visible, avec des langues étincelantes.
Le bruit est venu du ciel, le feu du bruit, les langues du feu. Le bruit fut soudain, le feu lumineux et inoffensif, les langues flamboyantes. Le bruit fut pour l’oreille, le feu pour les yeux, les langues pour la parole. Le bruit pour terrifier, le feu pour éclairer, les langues de feu furent tout à la fois pour enflammer et pour resplendir. Le bruit effrayant fut un signe de force et de puissance, le feu lumineux et inoffensif fut un signe de sagesse et de justice, les langues de feu furent signe d’amour et de doctrine. Le Père retentit donc bien dans le bruit, puisqu’en lui réside la puissance ; le Fils brilla dans le feu, lui qui est la Sagesse et d’où vient toute justice ; et l’Esprit Saint flamboya dans les langues de feu, lui qui est l’Amour du Père et du Fils et qui enseigne à tout homme la science. Le Père se manifeste donc dans le fracas pour être craint ; le Fils resplendit pour être cru ; l’Esprit Saint se montre tout en feu pour être aimé. Comment ne pas craindre celui qui peut tout ? Qui est plus digne de foi que celui qui sait tout ? Quoi de plus aimable que celui qui donne tout ? Craignons donc la puissance du Père qui peut nous condamner, croyons à la Sagesse du Fils, car il ne saurait se tromper, aimons la bonté du Saint-Esprit, car il ne saurait blesser. Craignons le Tout-Puissant, croyons celui qui sait tout, aimons celui qui donne tout. Car d’abord il faut craindre Dieu, puis le croire, et en troisième lieu, l’aimer : le salut commence par la crainte, on progresse par la foi, mais c’est dans l’amour qu’on est parfait. La crainte du Seigneur est le début de la science du salut, la foi le développe, l’amour l’achève. Nous nous mettons en route par la crainte, nous marchons par la foi, et par l’amour nous parvenons là où nous allons. La crainte ne mène à rien sans la foi ; la foi ne mène à rien sans l’amour.
Extraits du Sermon 16, sur la Pentecôte. PL 212, 611-613.
Qui est Hélinand de Froidmont
Pendant la seconde moitié du douzième siècle et le premier quart du treizième, toute une succession de moines cisterciens – prédicateurs, légats, évêques et archevêques – se consacrèrent à la campagne contre l’hérésie. Hélinand, ancien trouvère devenu moine à l’abbaye beauvaisienne de Froidmont, doit être compté parmi ces « clercs de la croisade ».
Hélinand de Froidmont et la prédication cistercienne dans le Midi – Kienzle, Beverly M.
Hélinand de Froidmont est né dans une famille noble d’origine flamande, réfugiée à Pronleroy ou Angivillers, près de Saint-Just-en-Chaussée, actuel département de l’Oise, vers 1160.
Il suit ses études à Beauvais sous la direction d’un élève d’Abélard, le grammairien Raoul. De par ses origines aristocratiques, il côtoie de grands seigneurs et quelques prélats. Il est l’ami de l’évêque de Beauvais, Philippe de Dreux, cousin du roi Philippe Auguste.
Poète, doué d’une belle voix, il mène la vie de trouvère et se produit sur les places publiques et jusqu’à la cour du roi. Poète reconnu, il décide pourtant, un jour de devenir moine. Touché par la grâce, il se « convertit » et entre au monastère de Froidmont (Picardie) diocèse de Beauvais. Il continue d’être poète mais sous une autre forme. Il reste muet quelques années puis compose de nombreuses œuvres en latin et en français, petits traités et une chronique universelle et les célèbres Vers de la Mort, (cinquante strophes) de 1194 à 1197. Il est alors un modèle de piété et de mortification au monastère. Il consacre chaque instant (hors le temps dévolu aux tâches monastiques) aux études ecclésiastiques et, après son ordination, à la prière et à l’écriture.
Hélinand est un esprit puissant, il a une grande dévotion à la Vierge, il aime la liturgie, et sait décrire de manière prenante les gestes qui l’expriment.
Il décède le 3 février 1223, 1227 ou 1237. À Beauvais, il fut parfois honoré comme un saint et on célébrait sa fête le 3 février, mais son culte n’a jamais été approuvé par l’Église universelle
Mai – Emmaus
MAI – TEMPS PASCAL – EMMAUS
GRANDIR DANS L’EXPERIENCE DE LA RESURRECTION (2/2)
Continuons notre chemin avec Guerric d’Igny
Sermon 3 pour la Résurrection (suite et fin)
[…]
Veiller sur les chemins de l’action
3.4 Mais pour vous qui craignez mon nom, dit-il, le Soleil de justice se lèvera (Ml 4, 2). Et celui qui marche dans la justice, ses yeux verront le Roi dans sa beauté (Is 33, 15 et 17). Assurément, il s’agit ici de la béatitude de la vie future. Mais, dans une certaine mesure, cela nous est accordé aussi pour notre consolation dans la vie présente, comme la Résurrection du Christ le prouve avec évidence. En effet, pendant quarante jours, maintes preuves nous furent données (Ac 1, 3) par la Sagesse de ce qu’elle cherche de tous côtés des gens qui sont dignes d’elle, et se montre à eux sur ses chemins avec un visage souriant, se portant avec sollicitude à leur rencontre (Sg 6, 17).
3.5 Jésus, voulant montrer qu’il est la Sagesse dont parle l’Écriture, et voulant aujourd’hui manifester également de manière corporelle ce qu’il ne cesse de faire chaque jour spirituellement – à savoir : se montrer à nous le visage souriant sur les chemins de la justice -, Jésus donc aujourd’hui va sur le chemin au-devant des femmes qui reviennent du tombeau (Mt 28, 9), et sur le chemin encore il se montre aux deux disciples qui vont à Emmaüs.
4.1 Qu’ils l’apprennent et s’en réjouissent, ceux qui marchent sur les chemins de la justice. Qu’ils l’apprennent, dis-je, car ce n’est pas seulement ceux qui s’appliquent, immobiles, à la contemplation, que Jésus favorise de sa venue et de sa manifestation, mais aussi ceux qui marchent avec justice et tendresse sur les chemins de la vie active.
a) …comme les femmes qui reviennent du tombeau
4.2 Certains d’entre vous, si je ne me trompe, le savent par expérience. Souvent, ayant cherché Jésus auprès des autels des chapelles comme auprès du tombeau, ils ne l’ont pas trouvé ; et voici que, de façon inespérée, il est venu à eux sur le chemin de leurs travaux. Alors, ils se sont approchés de lui et lui ont saisi les pieds (Mt 28, 9), eux qui dans leur désir de lui, n’avaient pas eu les pieds entravés par la paresse. Il ne faut donc pas, mon frère, trop épargner à tes pieds les chemins de l’obéissance et les allées et venues du travail, puisque Jésus pour toi n’a pas épargné à ses pieds la souffrance des clous, et maintenant ne refuse pas de récompenser et réparer les fatigues des tiens en te permettant d’étreindre et d’embrasser les siens.
b) …comme les disciples allant à Emmaüs
4.3 D’autre part, quelle consolation encore pour toi, s’il vient se joindre à toi comme compagnon de route, et si la joie merveilleuse de sa conversation va jusqu’à t’enlever la sensation de ta fatigue, tandis qu’il t’ouvre l’esprit pour que tu comprennes ces textes de l’Écriture que peut-être tu lisais mais ne comprenais pas quand tu étais assis à la maison ! Je vous le demande, frères, vous à qui Dieu a daigné parfois en accorder l’expérience : votre cœur n’était-il pas brûlant en vous pour Jésus, tandis qu’en chemin il s’entretenait avec vous et vous ouvrait les Écritures (Lc 24, 32) ?
4.4 Ceux qui en ont fait l’expérience, qu’ils se la rappellent, et qu’ils chantent sur les chemins du Seigneur : Qu’elle est grande, la gloire du Seigneur (Ps 137, 5) ! Ceux qui ne l’ont pas faite, qu’ils croient et s’efforcent d’expérimenter à leur tour, pour qu’eux aussi puissent un jour chanter les interventions du Seigneur sur la terre d’exil et d’affliction (Ps 118, 54).
Conclusion
5.1 Que ressuscite donc et se mette à revivre l’esprit de chacun de nous, soit pour nous adonner en toute vigilance à la prière, soit pour nous appliquer assidûment au travail. Ainsi, en faisant preuve d’une énergie vive et renouvelée, nous prouverons que nous avons à nouveau reçu d’avoir part à la Résurrection du Christ (Ap 20, 6).
5.7 […] Efforcez-vous donc de ressusciter de plus en plus, mes frères, afin de parvenir, s’il est possible, comme dit l’Apôtre, jusqu’à la Résurrection du Christ d’entre les morts (Ph 3, 11), lui qui vit et règne dans tous les siècles. Amen.
Extraits du 3ème sermon pour la Résurrection (3-5) – Guerric d’Igny
Texte intégral
Solennités en mai
JEUDI 5 MAI – Solennité de l’Ascension du Seigneur
Messe à 10h
SAMEDI 14 MAI – Fête de Saint Mathias
Jubilé de 50ans de Vie Monastique de Mère Beata
Messe à 11h
SAMEDI 21 MAI – Férie
– 8h25 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
MARDI 31 MAI – Solennité de la Visitation de la Vierge Marie
Messe à 10h
N.B. – tous les lundis, jour de désert, Vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Mai-2016
Solennités en avril
LUNDI 4 AVRIL – Solennité de l’Annonciation du Seigneur
Messe à 10h
SAMEDI 9 AVRIL – Férie
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h00 : Vêpres
LUNDI 25 AVRIL – Fête – Saint Marc, apôtre
et anniversaire de la fondation de la congrégation – 1854
Horaire habituel
N.B. – tous les lundis (sauf le 4 avril), jour de désert, Vêpres à 18h (le 11 avril, Vêpres à 17h15)
Calendrier du mois : Messes-Avril-2016
Avril – Temps Pascal
AVRIL – TEMPS PASCAL
GRANDIR DANS L’EXPERIENCE DE LA RESURRECTION (1/2)
Ecoutons Guerric d’Igny
Sermon 3 pour la Résurrection
Veiller dès le matin…
1 […] Mes frères, je vous le demande, n’est-il pas semblable à un mort, celui qui dort encore, alors que le Soleil est déjà levé ? Celui qui est encore accablé par la négligence et l’indolence, et pour ainsi dire enseveli dans une torpeur sans espérance, alors que déjà brille partout la grâce de la Résurrection ? Le Soleil nouveau, sortant des enfers, frappe les yeux de ceux qui dès le matin veillent pour lui (Is 26, 9), et il inaugure pour eux le Jour de l’éternité. […]
…comme Marie-Madeleine
2.2 Mais toi aussi, si tu veilles chaque jour aux portes de la Sagesse et fais le guet au seuil de sa demeure (Pr 8, 34), et si avec Madeleine, tu montes la garde sans dormir à la porte de son tombeau (Jn 20, 11), alors, si je ne me trompe, tu éprouveras toi aussi, avec cette même Marie, combien est vrai ce qu’on lit au sujet de la Sagesse en personne, qui est le Christ : Elle se laisse voir facilement par ceux qui l’aiment, et elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle va au-devant de ceux qui la désirent pour se montrer à eux la première. Qui veillera pour elle dès l’aurore n’aura pas à peiner, car il la trouvera assise devant sa porte (Sg 6, 13-15). Et lui-même a fait promesse semblable : J’aime ceux qui m’aiment, et ceux qui veillent pour moi dès le matin me trouveront (Pr 8, 17).
2.3 Certes, c’est corporellement que Marie trouva Jésus, lui pour qui elle veillait, et vers le tombeau de qui elle était venue alors qu’il faisait encore nuit (Jn 20, 1). Mais toi, tu ne dois plus désormais connaître Jésus selon la chair (2 Co 5, 16), mais selon l’Esprit. Tu pourras assurément le trouver spirituellement, si tu le cherches avec un désir semblable (à celui de Marie), et s’il te voit comme elle veiller assidûment dans la prière.
2.4 Aussi, dis au Seigneur Jésus, avec le désir et l’amour de Marie : Mon âme t’a désiré durant la nuit, et mon esprit au-dedans de moi t’a cherché. Dès le matin, je veillerai pour toi (Is 26, 9). Dis avec l’accent et le cœur du psalmiste : Dieu, mon Dieu, je veille pour toi dès l’aurore, mon âme a soif de toi (Ps 62, 2). Et vois s’il ne te sera pas donné de chanter avec eux : Au matin nous avons été comblés par ta miséricorde ; nous avons exulté et nous avons goûté la joie (Ps 89, 14).
Veiller, pourquoi ?
3.1 Veillez donc, mes frères, avec attention dans vos prières, veillez avec grand soin dans vos actions. Veillez surtout parce que déjà brille le matin du Jour sans déclin : la Lumière éternelle nous est revenue des enfers plus sereine et plus favorable, et l’aurore nous a apporté un Soleil nouveau. Oui, voici désormais pour nous l’heure de sortir de notre sommeil, car la nuit est avancée, le Jour est tout proche (Rm 13, 11-12).
3.2 Veillez, dis-je, pour que pour vous se lève la Lumière matinale, c’est-à-dire le Christ. Son lever est sûr comme l’aurore (Os 6, 3), et il est prêt à renouveler souvent le mystère de sa Résurrection matinale pour ceux qui veillent pour lui. Alors vraiment tu pourras chanter, le cœur en fête : Dieu, le Seigneur, nous illumine. Voici le Jour que le Seigneur a fait : tressaillons d’allégresse et réjouissons-nous en ce Jour (Ps 117, 27.24). Cela lorsque le Seigneur aura laissé filtrer pour toi la lumière qu’il tient cachée en ses mains, annonçant à son ami qu’elle est son bien et qu’il peut monter vers elle (Job 36, 32 Vg). […]
Extraits du 3ème sermon pour la Résurrection (1-3) – Guerric d’Igny
Texte intégral
Qui est Guerric d’Igny – Abbé cistercien (vers 1080 – 1157)
La naissance de Guerric se situe entre 1070 et 1080 à Tournai, donc 10 à 20 ans avant celle de Bernard. Il reçoit son éducation à l’école cathédrale de Tournai : humanité, dialectique et théologie, ce qui lui vaudra un talent d’écrivain bien formé et développé. Sans doute bénéficiera-t-il de l’enseignement d’un maître fameux, Odon de Cambrai. Sans doute aussi sera-t-il chanoine de la cathédrale et chargé de l’école cathédrale. Mais, en 1116, il décide de mener la vie érémitique et se retire dans une petite maison, à proximité de l’église. Il entend parler de saint Bernard par deux de ses amis et visite Clairvaux en 1120, sans avoir l’intention d’y rester. Mais Bernard qui reconnaît en lui l’étoffe d’un bon moine, le presse d’entrer. Le voici novice à Clairvaux, un novice plus âgé que son abbé, et sur le plan humain, doté de plus d’expérience et de maturité. Guerric reste 13 ans à Clairvaux, période qui coïncide avec le plein épanouissement des dons de Bernard et sa meilleure production littéraire. Puis vers 1138, il est envoyé à Igny, en Champagne, qui a été fondée en 1128, et il en devient abbé. Il a environ 60 ans. Sa mauvaise santé le rend incapable de mener la vie commune et de prendre sa part du travail manuel. Il le regrette, car il voit dans cette observance du travail des mains une des voies où l’on rencontre Jésus. Sous l’abbatiat de Guerric, Igny prospère, les vocations arrivent nombreuses. Pourtant c’est uniquement à son œuvre, à ses sermons que sera due l’influence postérieure de Guerric qui meurt en 1157. Nous n’avons de Guerric que le recueil de ses sermons. Tous, sauf le dernier, ont pour sujet les fêtes de l’année liturgique. Guerric y insiste sur les mystères liturgiques et sur la formation du Christ en l’âme de ceux qui y participent. En maints endroits, il reprend l’idée origénienne de la conception et de la naissance du Christ en l’âme. En recevant les sacrements et en imitant le Seigneur, nous le faisons naître en nous. L’âme devient alors « Mère du Christ », et Celui-ci nous donne la vraie vie en communiquant l’Esprit qui procède du Père et de lui.
Mars – Chemin vers PAQUES
MOIS DE MARS
CHEMIN D’HUMILITE ET DE REDEMPTION
CHEMIN VERS PÂQUES
Ecoutons ce que nous dit Galand de Reigny dans le Parabolaire
« Accompli par la Croix »
Un disciple interrogea son abbé en ces termes : pourquoi l’Apôtre, a-t-il dit, « Loin de moi de me glorifier sinon dans la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ … »
Le vieillard lui répondit en ces termes : « … Toute notre humilité, notre patience et nos bonnes actions sont si imparfaites à demi achevées, en quelque sorte, et si indignes devant Dieu que tout cela ne nous mériterait certainement pas le salut si notre médiateur, le Seigneur Jésus-Christ, ne suppléait pas lui-même à ce que nous ne pouvons mener par nous-mêmes à bonne fin. Mais ce que nous laissons inachevé et comme à moitié fait, est accompli par la Croix du Seigneur, pourvu cependant que nous ne négligions pas de faire notre possible.
Il supplée à notre défaut d’obéissance, lui qui s’est fait pour nous obéissant jusqu’à la mort. Il achève ce qui manque à notre humilité, lui qui pour nous s’est humilié jusqu’à l’outrage de la Croix. Il complète ce qui manque à notre patience, lui qui a volontairement supporté d’être crucifié par ses serviteurs. Il accomplit ce qui manque à la charité, lui qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang. Il répare ce qui manque à la miséricorde, lui qui a demandé dans sa prière le pardon pour qui le crucifiait. Il achève ce qui manque à l’abstinence ou au mépris du monde lui qui, au lieu de délices, a embrassé la Croix. Il efface nos péchés de négligence et de paresse, lui qui a dit en se hâtant vers la mort : « Ce que tu fais, fais-le vite » et « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ». Il nous absout de nos péchés, de notre gourmandise, par son jeûne de quarante jours. Il comble les insuffisances de notre prière en passant pour nous ses nuits en prière. Il expie notre amour excessif du repos corporel, lui dont on lit qu’il était fatigué par la route. Accueillons-nous les reproches sans patience suffisante ? Il nous purifie de cela, lui qui s’est entendu traiter, sans s’émouvoir, de possédé, de fou, de glouton et d’ivrogne.
D’ailleurs, ce n’est pas seulement de la sixième heure de la parascève jusqu’à la neuvième heure que le Christ a porté la Croix, mais dès sa naissance. Cette Croix qu’il avait portée toute sa vie en souffrant l’adversité, il l’a portée enfin jusqu’au bout en accueillant la mort. »
Sources Chrétiennes 378. Parabolaire, Parabole 31, 1…, 3
Qui est Galand de Reigny
Moine de l’abbaye de Fontemoy (diocèse d’Autun), puis de Reigny (à Vermenton, Yonne) – l’abbaye entra dans l’ordre de Cîteaux vers 1128, et fut transférée de Fontemoy à Reigny (ou Régny) en 1134.
Galand de Reigny ne nous est connu que par son nom, et par les renseignements que l’on peut tirer de son œuvre. Il appartint d’abord à un groupe d’ermites établi dans le diocèse d’Autun puis sa communauté voulut s’affilier à Clairvaux.
Pour des raisons de salubrité, le monastère fut transféré à Reigny, dans le diocèse d’Auxerre, en 1134.
Solennités en mars
MARDI 5 MARS – Férie
Messe à 11h30
DIMANCHE 6 MARS – 4ème dimanche de Carême
Messe à 11h
SAMEDI 12 MARS – Férie
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h00 : Vêpres
SAMEDI 19 MARS – Solennité de Saint Joseph
Horaire du dimanche : Messe à 10h
Dimanche 20 MARS – Dimanche des Rameaux et de la Passion
– 10h : Bénédiction des Rameaux, procession et Messe
Jeudi 24 MARS – Jeudi Saint
– 18h : Messe et procession du Saint Sacrement
Vendredi 25 MARS – Vendredi Saint
– 15h : Office de la Passion du Seigneur
Samedi 26 MARS – Samedi Saint
– 22h : Veillée Pascale et messe
Dimanche 27 MARS – Pâques – Résurrection du Seigneur
Horaire du dimanche : Messe à 10h
N.B. – tous les lundis, jour de désert, Vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Mars-2016
Février – Carême
MOIS DE FEVRIER
TEMPS DE CARÊME
Prends garde !
Garde bien ta vie, ne va pas oublier ces choses que tes yeux ont vues,
ni les laisser, en aucun jour de ta vie, sortir de ton cœur ;
enseigne-les au contraire à tes fils et aux fils de tes fils
Deutéronome 4, 9
Ecoutons le bienheureux Aelred de Rievaulx – Abbé
Sermon pour le troisième mercredi de Carême
Vous avez souvent entendu, frères très chers, que Moïse, après avoir fait sortir Israël d’Egypte, construisit dans le désert un tabernacle, grâce aux dons des fils d’Israël. Les uns lui offraient de l’or, d’autres de l’argent, des pierres précieuses, des animaux et bien d’autres choses encore. Il faut bien voir, comme le dit l’Apôtre, que tout cela arrivait en figures. Nous-mêmes, nous étions en Egypte lorsque nous vivions une vie de péché ; Egypte veut dire ténèbres : le péché, l’iniquité et le cœur endurci sont ténèbres épaisses. Lorsque nous vivions une vie de péché, nous vivions dans les ténèbres selon la parole de l’Apôtre : « Autrefois vous étiez ténèbres. » Et pour que nous soyons « lumière dans le Seigneur », il nous a donné un autre Moïse, un législateur, grâce auquel nous traversons le désert pour parvenir à la terre de la promesse, non pas celle que les fils d’Israël désiraient charnellement, mais celle qu’espérait le Prophète quand il disait : « Je crois que je verrai la bonté du Seigneur sur la terre des vivants. » C’est d’elle que le Seigneur a dit : « Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre. »
Moïse construisit un tabernacle… C’est vous mes frères qui êtes le tabernacle de Dieu, le Temple de Dieu selon la parole de l’Apôtre : « Le Temple de Dieu c’est vous. » Temple parce que Dieu régnera en vous éternellement ; son tabernacle, sa tente parce qu’il est avec vous sur la route, il a soif en vous, il a faim en vous. Cette tente, mes frères, c’est vous pendant le désert de cette vie, jusqu’à ce que vous parveniez à la terre de la promesse : alors aura lieu la véritable dédicace par le véritable Salomon, alors Jérusalem sera édifiée non plus sous la forme d’une tente, mais d’une cité. Mais déjà, frères, déjà, si nous sommes de vrais fils d’Israël selon l’esprit, si nous sommes sortis en esprit de la terre d’Egypte, offrons chacun nos biens pour la construction du tabernacle : « Chacun reçoit de Dieu son don particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là. » Que tout soit commun à tous. Il s’agit moins ici d’habits et de tuniques que de dons spirituels. Que personne ne considère comme sien propre le charisme qu’il a reçu de Dieu, que personne n’envie un charisme qu’aurait reçu son frère, mais qu’il estime que ce qui est sien est le bien de tous les frères, qu’il ne doute pas que le bien de son frère est le sien. Dieu agit en sorte que chacun ait besoin des autres et que ce que l’un n’a pas, il l’ait en son frère et qu’ainsi l’humilité soit gardée, la charité augmentée et l’unité manifestée. Nous sommes un seul corps du Christ et les membres les uns des autres. Que le faible dise : je suis fort. Car de même que son frère fort souffre de sa faiblesse, de même lui, le faible, est fort de la force de son frère.
Je vous vois maintenant, frères, rassemblés pour partager la nourriture qui demeure, la nourriture de la Parole de Dieu ; comme dit le Seigneur : « Le ciel et la terre passeront, mais la Parole du Seigneur demeure éternellement. » Voilà le pain descendu du ciel. Pour ne pas défaillir dans votre pèlerinage, vous avez voulu être nourris, et nourris de ce pain qui repaît le cœur et non le corps. Fasse le Seigneur que ce pain vous soit rompu, de peur qu’il ne soit dit de nous : « Les petits enfants ont demandé du pain, et personne pour le leur rompre ! » Comme il est de votre devoir de demander du pain, il est du nôtre de vous en donner. Nous devons rompre le pain que le Seigneur nous donne en viatique sur la route de notre pèlerinage, afin que nous puissions parvenir au pain de la patrie. Le pain de la route, c’est le mystère de l’Incarnation du Christ, la vérité de son enseignement, l’exemple de son humilité et de celle de ses fidèles. Le pain de la patrie, c’est la face de Dieu, la participation de la divinité, la possession de la joie « que l’œil n’a pas vue, que l’oreille n’a pas entendue et qui n’est pas montée au cœur de l’homme ».
Dans le pèlerinage, la croix du Christ est notre gloire, la croix du Christ est notre route…
Dirigeons donc nos regards vers le Christ, prions-le, par les mérites de sa Mère très sainte, de nous apprendre à le désirer, de nous aider sur notre route, de nous accueillir à son terme.
Qui est Aelred de Rievaulx
Aelred naît en 1109 au nord de l’Angleterre, aux confins de l’Ecosse, dans la ville d’Hexam. Le garçon reçoit une excellente instruction à l’école de son bourg natal, et y apprend le beau latin qu’il ne devait jamais oublier. Adolescent, il est admis à la cour du roi d’Ecosse, David Ier où se fait jour une de ses caractéristiques : son aptitude à se faire des amis. Il devient bientôt sénéchal (ou économe) de la cour. En cette qualité, il est envoyé en mission auprès de l’archevêque d’York. Là, il entend parler de l’abbaye de Riévaulx, et il y entre à 24 ans, en 1133. Riévaulx, sur les bords de la Rii, d’où son nom, était alors sous la conduite du secrétaire même de saint Bernard : Guillaume. Aelred eût aussi pour père-maître un autre claravallien : Simon de Clairvaux. Il nous dit que ses lectures au noviciat étaient de préférence les « Confessions » de saint Augustin et l’évangile selon saint Jean; on lisait aussi le Traité « Les degrés de l’humilité » de Bernard, et bien sûr, la Règle de saint Benoît. On voit là les principales sources de sa future doctrine : Augustin et Bernard. S’étant rendu à Rome, il a eu l’occasion de rencontrer Bernard à Clairvaux. À son retour, il devient maître des novices à Riévaulx. Puis il est choisi comme premier abbé de Reversby, fondation de Riévaulx. Il y demeure cinq ans, après lesquels il est élu, en 1147, abbé de Riévaulx, monastère qu’il dirige durant vingt ans, jusqu’à sa mort, en 1167.