Solennités en juin
Cette page indique uniquement les Solennités et autres fêtes ou particularités du mois.
En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices
DIMANCHE 2 JUIN – Solennité du Corps et du Sang du Christ
– 10h30 : Messe
Lundi 3 JUIN – Anniversaire de la Dédicace de notre Eglise – Solennité
– 11h00 : Messe
VENDREDI 7 JUIN – Sacré Coeur de Jésus – Solennité
– 10h00 : Messe
SAMEDI 8 JUIN – Coeur Immaculé de Marie – Mémoire
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
DIMANCHE 9 JUIN – 10e Dimanche du Temps Ordinaire
– 11h00 : Messe
LUNDI 24 JUIN – Nativité de Saint Jean – Solennité
– 10h00 : Messe
SAMEDI 29 JUIN – Saint Pierre et Saint Paul Apôtres – Solennité
– 8h30 : Messe
N.B. – tous les lundis (sauf 3 et 24) et les mardis 4 et 25, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Juin-2024
Mai – Dieu m’aime !
Mois de Mai
« Dieu m’aime !»
Ecoutons Saint Raphaël Arnaiz Baron – Le dernier cahier (extraits)
Je prends aujourd’hui la plume au nom de Dieu, pour que mes mots, en se gravant sur le blanc papier, servent de perpétuelle louange au Dieu béni, auteur de ma vie, de mon âme et de mon cœur. J’aimerais que l’univers entier, avec toutes les planètes, tous les astres et les innombrables systèmes sidéraux, fussent une immense surface lisse où pouvoir écrire le nom de Dieu. J’aimerais que ma voix fût plus puissante que mille tonnerres, plus forte que le courant de la mer, et plus terrible que le vacarme des volcans, pour ne dire que : Dieu. J’aimerais que mon cœur fût aussi grand que le ciel, aussi pur que celui des anges, aussi simple que la colombe, pour avoir Dieu en lui. Mais puisque toute cette grandeur rêvée ne peut se voir réalisée, contente-toi de peu, Frère Raphaël, et puisque toi, tu n’es que néant, le néant doit te suffire.
Quelle hypocrisie que de dire qu’il n’a rien, celui qui a Dieu ! Oui ! Pourquoi le taire ? Pourquoi le dissimuler ? Pourquoi ne pas crier au monde entier, et publier aux quatre vents les merveilles de Dieu ? Pourquoi ne pas dire aux gens, et à tous ceux qui voudront bien l’entendre : « Vous voyez ce que je suis ? Vous voyez ce que j’ai été ? Vous voyez ma misère qui se traîne dans la fange ? Eh bien, ça ne fait rien, soyez émerveillés, malgré tout : j’ai Dieu ! Dieu est mon ami ! ». Que le sol se dérobe, que la mer se dessèche de stupeur, Dieu m’aime si tendrement, moi, que si le monde entier le comprenait, toutes les créatures deviendraient folles et rugiraient de stupéfaction ! Bien plus, tout cela n’est rien. Dieu m’aime tellement que les anges eux-mêmes ne le comprennent pas.
Comme est grande la miséricorde de Dieu ! M’aimer, moi ! Être mon ami, mon frère, mon père, mon maître ! Être Dieu, et moi, être ce que je suis ! Ah ! Mon Jésus, je n’ai ni plume ni papier. Que dirai-je ! Comment ne pas devenir fou ! Comment peut-on vivre, manger, dormir, parler et avoir des relations avec tous ? Comment est-il possible que j’aie encore suffisamment de sérénité pour penser à quelque chose que le monde appelle raisonnable, moi qui perds la raison quand je pense à Toi ?
Comment est-ce possible, Seigneur ! Je sais, Tu me l’as expliqué déjà, c’est par le miracle de la grâce. Si le monde qui cherche Dieu le savait ! Ignorants et insensés qui cherchez Dieu où Il n’est pas. Écoutez, et soyez dans l’étonnement. Dieu est dans le cœur de l’homme, je le sais. Mais écoutez, Dieu vit dans le cœur de l’homme, quand ce cœur vit détaché de tout ce qui n’est pas Lui. Quand ce cœur se rend compte que Dieu frappe à sa porte, et qu’il balaie et nettoie tous ses appartements pour se disposer à recevoir le Seul qui comble vraiment. Comme il est doux de vivre ainsi, avec Dieu seul dans le cœur. Quelle grande douceur que de se voir rempli de Dieu. Comme il doit être facile de mourir ainsi.
Ne faire ce qu’Il veut demande bien peu, ou plutôt rien du tout, car on aime sa volonté ; même la souffrance et la douleur sont paix, car on souffre par amour. Dieu seul comble l’âme et la comble toute entière. Il n’y a ni créatures, ni monde, il n’y a rien pour la troubler, seule la pensée de pouvoir L’offenser et Le perdre la fait souffrir. Qu’ils viennent, les savants, demander où est Dieu. Dieu est où le savant à l’orgueilleuse science ne peut arriver. Dieu est dans le cœur détaché, il est dans le silence de la prière, dans le sacrifice volontaire de la douleur, dans le vide du monde et de ses créatures.
Dieu est sur la Croix, et tant que nous n’aimerons pas la Croix, nous ne Le verrons pas, nous ne Le sentirons pas.
Saint Raphaël Arnaiz Baron – Le dernier cahier – 4 mars 1938 (extraits)
Cistercien, au monastère de Saint-Isidore de Dueñas, en Espagne. Béatifié le 27 septembre 1992 par Jean-Paul II – Canonisé le 11 octobre 2009 à Rome par Benoît XVI.
Solennités en mai
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JEUDI 9 MAI – Solennité de l’Ascension du Seigneur
– 10h00 : Messe
SAMEDI 11 MAI – Férie
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
DIMANCHE 19 MAI – Pentecôte – Solennité
– 10h00 : Messe
VENDREDI 31 MAI – Solennité de la Visitation de la Vierge Marie
– 10h00 : Messe
N.B. – tous les lundis, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Mai-2024
Avril – Résurrection
Mois d’Avril
« Ne me touche pas ! »
Ecoutons Saint Bernard – Sermons sur le Cantique n° 28 (extraits)
Ne cherche pas la sagesse avec l’œil du corps, car ce n’est pas la chair et le sang qui la révèle, mais l’Esprit. C’est avec raison que Marie Madeleine, la femme qui goûte encore les choses charnelles, se voit interdire de toucher la chair ressuscitée du Verbe : elle faisait plus de cas de l’œil que de la promesse, c’est-à-dire du sens de la chair que du Verbe de Dieu. Celui qu’elle avait vu mort, elle ne le croit pas ressuscité, alors que lui-même l’avait promis.
Mais l’expérience est illusoire. La femme est donc renvoyée à la connaissance plus sûre de la foi ; celle-ci assurément saisit ce qui échappe aux sens, elle ne trouve pas ce qui est expérimenté. « Ne me touche pas, lui dit le Seigneur, c’est-à-dire : Perds l’habitude de te fier à tes sens trompeurs, appuie-toi sur la Parole, accoutume-toi à la foi. Ne me touche donc pas, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père ».
Comme si, lorsqu’il sera remonté, il voulait ou pouvait se laisser toucher ! Assurément elle le pourra, mais avec l’élan de son cœur et non avec ses mains, par le désir et non par l’œil, par la foi et non par les sens. Pourquoi, lui dit-il, cherches-tu à me toucher maintenant, toi qui n’as que tes sens corporels pour évaluer la gloire de ma résurrection ? Ne saisis-tu pas qu’au temps de ma vie mortelle, l’œil de mes disciples n’a pu soutenir la gloire de mon corps périssable, transfiguré pour un court instant ? Je cède encore au désir de tes sens pour me présenter sous ma forme d’esclave que tu reconnais parce que tu en as l’habitude. Mais ma gloire est d’une hauteur qui te dépasse ; elle est trop grande et tu ne peux l’atteindre. Remets donc ton jugement à plus tard, retiens ta pensée, ne confie pas à tes sens le soin de préciser de telles choses, réserve-le à la foi. Elle te les précisera plus justement, plus sûrement, elle qui comprendra plus pleinement. Ainsi dans son sein mystérieux et profond, elle comprendra quelle est la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de ma gloire, « ce que l’œil n’a pas vu ni l’oreille entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme », la foi le porte enfermé en elle comme sous un voile, elle en conserve le sceau.
C’est donc elle qui me touchera dignement, elle me recevra assis à la droite du Père, non plus comme à présent dans mon état humilié, mais dans ma chair céleste elle-même, sous un autre aspect. Pourquoi vouloir me toucher alors que je suis encore laid ? Attends, pour me toucher dans ma beauté. Car si maintenant je suis laid, alors je serai beau et tu me toucheras ; aie la foi et tu seras belle. Belle, tu toucheras le Beau, et plus dignement et plus joyeusement.
Touche-moi des mains de la foi, du doigt du désir, de l’étreinte de l’amour. Suis-je encore noir ? Mais non, ton bien-aimé est blanc et vermeil. Il est pleinement beau, lui qu’entourent les roses et les lis des vallées, je veux dire le chœur des martyrs et des vierges. Et moi qui me tiens au milieu d’eux, je leur suis semblable : vierge et martyr.
Saint Bernard – Sermons sur le Cantique n° 28 : 8-10 (extraits)
Texte intégral – Sermon 28
Solennités en avril
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LUNDI 1er AVRIL – Octave de Pâques
– 10h00 : Messe
MARDI 2 AVRIL à SAMEDI 6 AVRIL – Octave de Pâques
– 11h00 : Messe
LUNDI 8 AVRIL – Annonciation du Seigneur – Solennité
– 10h00 : Messe
MARDI 23 AVRIL – Férie
– 11h00 : Messe – Avec les prêtres du doyenné
SAMEDI 13 AVRIL – Férie
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
N.B. – tous les lundis (sauf 1er et 8) et mardis 2 et 9, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Avril-2024
Mars – Discernement
Mois de Mars
Ecoutons Baudouin de Ford
Le Seigneur discerne les pensées et les intentions du cœur
« Le Seigneur connaît les pensées et les intentions de notre cœur. Nul doute que lui, en effet, les connaisse toutes, mais nous, nous connaissons seulement celles qu’il nous rend manifestes par la grâce du discernement. Car l’esprit de l’homme ne sait pas toujours ce qui est en lui, et même lorsqu’il s’agit de ses pensées, qu’elles soient voulues ou non, il s’en fait une idée qui ne correspond pas toujours à la réalité. Même celles qui se présentent avec évidence au regard de son esprit, il ne les discerne pas avec précision, tant son regard est obscurci.
Il arrive souvent, en effet, pour une raison humaine ou qui relève du Tentateur, qu’on soit lancé par sa propre pensée dans ce qui n’est que l’apparence de la piété, et qui, aux yeux de Dieu, ne mérite nullement la récompense promise à la vertu. C’est qu’en effet certaines choses peuvent prendre l’aspect de vertus véritables, comme d’ailleurs de vices, et tromper les yeux du cœur. Par leurs séductions propres, elles peuvent troubler la vue de notre intelligence au point de lui faire prendre souvent pour du bien des réalités mauvaises en fait, et inversement de lui faire discerner du mal là où, en fait, il n’y en a pas. C’est là un aspect de notre misère et de notre ignorance, qu’il nous faut beaucoup déplorer et grandement redouter.
Il est écrit à ce sujet : Il est des voies qui paraissent droites à l’homme, mais qui débouchent sur l’enfer. C’est pour nous garder de ce danger que saint Jean nous exhorte en disant : Éprouvez les esprits, pour voir s’ils viennent de Dieu. Mais qui peut vérifier si les esprits viennent de Dieu, à moins d’avoir reçu de Dieu le discernement des esprits, et de pouvoir ainsi examiner avec précision et sans se tromper les pensées, les affections et les intentions de l’esprit ? Ce discernement est à la source de toutes les vertus et chacun en a besoin, soit pour conduire les autres, soit pour se diriger et s’amender soi-même.
Droite est notre idée de ce qu’il faut faire, quand elle est guidée par la volonté de Dieu; pure et bonne est notre intention, quand elle se dirige vers Dieu en toute simplicité. L’ensemble de notre vie en ce corps et de chacun de nos actes sera pénétré de lumière à condition que notre œil soit simple. Cet œil simple est vraiment tel, quand, à travers une réflexion droite, il voit ce qu’il faut faire, et quand, dans une intention pure, il passe à l’acte, simplement, et se garde de toute duplicité. La pensée droite n’accepte pas l’erreur, intention purifiée exclut le faux-semblant. Tel est le vrai discernement, en qui se rejoignent la droiture de la pensée et la pureté de l’intention.
Ainsi, tout doit se faire à la lumière du discernement, comme en Dieu, et sous le regard de Dieu. »
Baudouin de Ford (1120-1190)
Baudouin de Ford, Archidiacre de Totnes qui après 11 ans de vie cistercienne, fut nommé évêque de Worcester en 1180, puis archevêque de Canterbury et primat d’Angleterre en 1184. Baudouin de Ford fut également nommé légat du Saint-Siège, il accompagna Richard Cœur de Lion à la croisade et mourut à Tyr en Syrie le 16 octobre 1190.
Solennités en mars
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En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices
SAMEDI 9 MARS – Férie
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
MARDI 19 MARS – Solennité de Saint Joseph
Messe à 10h
DIMANCHE 24 MARS – Dimanche des Rameaux et de la Passion
Messe à 10h
TRIDUUM PASCAL
JEUDI SAINT – 28 MARS
Messe à 17h
VENDREDI SAINT – 29 MARS
Office de la Passion à 15h
SAMEDI SAINT – 30 MARS
Vigile Pascale à 22h
DIMANCHE 31 MARS – Pâques – Résurrection du Seigneur
Messe à 10h
N.B. – tous les lundis, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Mars-2024
Catalogue de Pâques
Le catalogue de Pâques est disponible.
En cette période, le magasin est ouvert :
- du lundi au samedi de 14h15 à 17h
- le dimanche de 14h à 16h15 (sauf dimanche de Pâques)
Pendant la Semaine Sainte
- Jeudi Saint – 28 mars : pas d’accueil le matin, ouvert l’après-midi de 14h15 à 16h
- Vendredi Saint – 29 mars : pas d’accueil l’après-midi
- Dimanche de Pâques : ouvert uniquement après la messe le matin, fermé l’après-midi
N’attendez pas la dernière minute pour commander.
Février – Le fils pardonné
Mois de Février
Ecoutons le Bienheureux Guerric d’Igny – Le bonheur d’être un fils pardonné
Sermon 2 pour le Carême
Introduction
En cette longue méditation sur la parabole évangélique de l’enfant prodigue, nous pouvons reconnaître un chef d’œuvre littéraire. L’abbé Guerric s’emploie de tout son art, art à la fois littéraire et spirituel, à réveiller en ses frères la conscience de leur bonheur, un bonheur qui leur vient de la rencontre d’un Dieu qui se montre pour chacun un père plein de miséricorde.
Devant la richesse de la parabole, Guerric choisit d’unifier son attention sur un seul geste : l’étreinte et le baiser.
- D’abord (§ 2), il examine ce que ce geste signifie de la part du père qui le pose. Ces mots de Varillon pourraient en être un résumé. La vie de Dieu est son mouvement vers nous. Nous ne devrions jamais nous le représenter que les bras tendus vers nous et courant pour nous rejoindre » (Joie de croire, p. 116).
- Ensuite (§ 3), il se demande quel est le retentissement de ce geste pour le fils, un fils qui se découvre l’hôte d’un tel pardon, accueilli par un tel père. Le dialogue imaginé par Guerric dépeint de manière très existentielle le rôle du père spirituel qui cherche à faire advenir à la parole ce qui a été éprouvé, de sorte que le vécu, en trouvant à s’exprimer, devienne véritablement expérience.
- Le père spirituel n’a plus alors (§ 4) qu’à confirmer ce que le disciple a reconnu en lui, mais encore timidement. Il fortifie ainsi la liberté qui se cherche.
« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père :
Père, donne-moi la part qui me revient » (Lc 15, 11-32)
Une parabole de l’amour miséricordieux
1.2 Nous avons aujourd’hui entendu, à notre grande édification, l’histoire du fils prodigue : son misérable exil, ses larmes de repentir, le glorieux accueil qu’il a reçu. Ce prodigue, si gravement coupable, n’avait pas encore confessé sa faute, mais il avait seulement pris la décision de la confesser […]. Et ce seul propos d’humilité, à peine conçu, lui a sur-le-champ obtenu le pardon […]. Au larron sur la croix, le seul aveu valut d’être absous ; au prodigue, la seule résolution d’avouer ! J’ai dit – c’est lui qui parle – : je confesserai mon injustice au Seigneur. Et toi, tu as absous l’offense de mon péché (Ps 31, 5).
1.3 À chaque moment, la Miséricorde s’est faite prévenante : elle avait devancé la décision d’avouer, en l’inspirant ; elle a de même devancé la parole d’aveu, en faisant grâce de ce qu’il fallait avouer. Tandis qu’il était encore loin, dit le texte, son père l’aperçut et fut saisi de miséricorde. Et courant à sa rencontre, il se jeta à son cou et l’embrassa (Lc 15, 20). À prendre le récit à la lettre, le père était plus pressé d’accorder le pardon à son fils que celui-ci de le recevoir ! Comme si c’était un tourment plus grand pour le Miséricordieux de compatir à la souffrance du miséreux, que pour le miséreux de pâtir de sa propre souffrance.
1.4 Nous parlons ainsi non pas pour prêter des sentiments humains à celui dont la nature est immuable ; mais c’est pour que notre cœur se laisse aller à plus de douceur dans son amour pour cette Bonté suprême, lorsque nous apprenons, grâce à cette parabole tirée de l’ordre humain, qu’elle nous aime plus que nous ne nous aimons nous-mêmes.
L’accueil du père
2.1 Vois comment la grâce se fait surabondante là où la faute a été abondante (Rm 5, 20). C’est à peine si le coupable pouvait espérer son pardon, et voici que son juge, que dis-je, non plus son juge mais son avocat, multiplie la grâce : Vite, dit-il, apportez-lui sa plus belle robe et l’en revêtez. Mettez-lui l’anneau au doigt et les chaussures aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie (Lc 15, 22-23). Mais laissons tous ces traits : la robe, l’anneau, les chaussures, le veau gras immolé pour lui sur l’autel, le festin joyeux célébré par le ciel entier pour le retour du fils
2.2 Oui, passons tout cela sous silence […] et venons-en à cette étreinte et ce baiser : quelle grâce, quelle douceur, quelle joie, quel bonheur en ce geste de la tendresse paternelle ! Le père, dit le texte, se jeta à son cou et l’embrassa. Lorsqu’il l’abordait ainsi, que cherchait-il par cette étreinte et ce baiser, sinon à introduire son fils en soi-même et à s’introduire soi-même en son fils. Il insufflait en lui son souffle, pour que son fils, en s’unissant à lui, forme avec lui un seul esprit (un seul souffle), comme en s’unissant aux prostituées il avait formé avec elles un seul corps (1 Co 6, 16-17).
2.3 Pour cette Miséricorde souveraine, c’était trop peu de ne pas fermer ses entrailles de miséricorde aux malheureux. Elle va jusqu’à les attirer à l’intérieur de ses propres entrailles, jusqu’à les intégrer à ses propres membres. Elle ne pouvait pas nous unir à elle plus étroitement, elle ne pouvait pas nous lier à elle de manière plus intime qu’en nous incorporant à elle-même, en nous unissant – merveille de son amour autant que de sa puissance ! – non seulement au corps qu’elle avait assumé, mais même à son propre esprit. […]
Les sentiments éveillés chez le fils par cet accueil
3.1 – Quant à toi, heureux pécheur, – heureux non au titre de pécheur, mais au titre de pécheur repentant (cf. Ps 31, 1-2) – dis-moi, quels étaient tes sentiments au milieu des étreintes et des baisers de ton père, tandis qu’il te réconfortait, toi qui étais presque désespéré, et qu’il restaurait en toi un cœur pur et réinfusait en toi la joie de son salut (Ps 50, 12.14) ?
- Comment, répond-il, exprimer avec des mots ce que l’intelligence n’arrive pas à saisir ? Ce sont des gémissements inarticulés (Rm 8, 26) et des sentiments inexprimables qui naissent de mon âme fécondée pour ainsi dire par l’Incompréhensible. Le cœur de l’homme est trop étroit pour les contenir. Alors il éclate et se répand ; ce bouillonnement qu’il conçoit, mais ne peut contenir, il le laisse s’échapper comme il peut, par ses larmes, gémissements et soupirs […].
3.2 – Mais maintenant, après ces étreintes et ces baisers, une fois laissé à toi-même, lorsque tu repenses à toi et à lui, lorsque tu repasses dans ton esprit quelle était ta situation et comment lui l’a jugée, lorsque tu mesures d’un côté l’abondance de ton péché, de l’autre la surabondance de la grâce (Rm 5, 20), quelles sont, je te prie, les pensées qui te viennent ?
- Comment, répond-il, un feu intolérable ne s’embraserait-il pas dans ma méditation (Ps 38, 4), d’une part sous l’effet de la douleur et de la honte, d’autre part sous l’effet de la joie et de l’amour ? J’estimerais n’être pas un homme, mais une pierre, si j’avais le cœur assez dur pour n’éprouver à mon sujet ni douleur ni honte, ou si je l’avais assez mauvais et ingrat pour ne pas me fondre tout entier de joie et d’amour envers un tel père.
Garder toujours cette attitude d’humilité filiale
4.1 – Garde donc, heureux pécheur, garde soigneusement et attentivement cette disposition d’esprit qui est la tienne, ce sentiment si juste fait à la fois d’humilité et de tendresse filiale : ainsi tu jugeras toujours de toi selon l’humilité, et du Seigneur selon sa bonté (Sg 1, 1). Il n’est rien de plus grand parmi les dons du Saint-Esprit, rien de plus précieux parmi les trésors de Dieu. […]
4.2 Garde, dis-je, si tu veux toi-même être gardé, garde cette humilité de sentiment et de parole, qui te fait dire et avouer à ton père : Père, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes salariés (Lc 15, 19). Rien ne gagne autant le cœur du père que le sentiment exprimé par cette parole, et tu ne peux mieux te faire un digne fils qu’en te déclarant toujours indigne. […]
4.4 Tu as choisi d’être abaissé dans la maison de ton père ; tu te contentais de devenir comme l’un de ses salariés. Persévère dans cette résolution, et ainsi, même si tu t’es vu donner une meilleure place, tu en mériteras une meilleure encore. Mets-toi toujours à la dernière place, ou au moins désire-la ; revendique l’état de dépendance du salarié, non la liberté du fils. Témoigne certes à ton père le dévouement d’un fils, conscient de ce qu’il mérite de ta part ; mais contente-toi de l’humble place et du labeur du salarié, conscient de ce que pour ta part tu mérites. […]
Bienheureux Guerric d’Igny – Sermon 2 pour le Carême
Texte intégral
Entré au monastère de Clairvaux vers 1120, Guerric devint en 1138 le père abbé du monastère de Igny (à 20 km de Reims). Il a toujours été considéré comme un maître de sagesse, un maître spirituel, qui peut aujourd’hui encore nous aider dans notre combat spirituel.
Solennités en février
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MARDI 2 FEVRIER – Présentation du Seigneur – Solennité
– 10h00 : Messe
SAMEDI 10 FEVRIER – Sainte Scholastique – Fête
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
MERCREDI 14 FEVRIER – Mercredi des Cendres – Entrée en Carême
Horaires habituels
N.B. – tous les lundis, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Fevrier-2024
Solennités en janvier
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LUNDI 1er JANVIER – Sainte Mère de Dieu – Journée Mondiale pour la Paix
Horaire habituel du dimanche
– 10h00 : Messe
MARDI 2 JANVIER
Horaires modifiés
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Messe
DIMANCHE 7 JANVIER – Epiphanie
– 10h00 : Messe
LUNDI 8 JANVIER – Baptême du Seigneur – Fête
Horaire habituel du dimanche – Messe à 10h
SAMEDI 13 JANVIER – Saint Hilaire
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
MARDI 23 JANVIER – Férie
– 8h15 : Messe (horaire avancé)
VENDREDI 26 JANVIER – Solennité des Saints fondateurs de Cîteaux : Saint Robert, Saint Albéric et Saint Etienne (moines bénédictins de Molesmes, dans la mouvance de Cluny)
Horaire habituel du dimanche – Messe à 10h
N.B. – tous les lundis (sauf les 1 et 8), et les mardis 2 et 9, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Janvier-2024
Janv. – Serviteurs de lumière
Mois de Janvier
Lettre de l’Abbé Général OCist pour Noël 2023
Serviteurs de la lumière et témoins de l’espérance
Je vous écris cette lettre après avoir vécu le Synode des Évêques dont la première session a occupé tout le mois d’octobre et qui s’achèvera dans une année avec la deuxième session. Tous peuvent lire la Relation de synthèse intitulée « Une Église synodale en mission » publiée à la fin de la première session (29 octobre 2023) et également la Lettre au peuple de Dieu diffusée le 25 octobre.
Ce sont des documents qui cherchent à faire écho à un mois de prière, de travail, de rencontres, d’écoute, de discussions, et dont le but est d’aider toute l’Église à continuer ce chemin vers et au-delà de la clôture de cette Synode sur la synodalité.
Ma lettre veut seulement mettre l’accent sur quelques aspects de cette expérience pour favoriser notre participation à l’étape actuelle du parcours synodal de l’Église. Nous sommes tous invités à accueillir et expérimenter ce que l’Esprit Saint est en train de dire à l’Église entière et aux Églises particulières comme notre Ordre, nos communautés, ensemble avec toutes les personnes qui cheminent avec nous. Que le temps de l’Avent et de Noël nous dispose à accueillir ces suggestions avec un cœur pauvre, à l’écoute, mendiant, un cœur disposé à la conversion qui nous est demandée pour recevoir avec joie le Christ qui vient sauver le monde.
Le Synode et la guerre
Le monde est toujours plus divisé, toujours plus en guerre. Que nous demande cette circonstance tragique ? Il ne suffit pas d’en être informé, d’exprimer l’horreur et la solidarité. Il ne suffit pas de condamner les coupables et de se sentir solidaire des victimes. « Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » (Mt 5,47) Nous, les chrétiens, sont appelés à faire plus. Non pas parce que nous sommes meilleurs ou plus capables, mais parce que nous avons reçu plus. Nous avons le Christ et le Christ est tout ce dont l’humanité a besoin. « Celui qui a le Fils possède la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu ne possède pas la vie » s’exclame saint Jean (1Jn5,12). Le Christ est tout, le Christ est la paix. En Jésus nous avons la paix dont ont besoin les peuples en guerre, les peuples opprimés, les communautés en conflit, les familles divisées, les cœurs troublés par leur propre mal ou le mal des autres.
Nous devons donc nous poser sincèrement la question : pourquoi hésitons-nous tant à donner le Christ ? Pourquoi, ayant en lui tout, ne le donnons-nous pas au monde qui en a tant besoin ? Mais comment devons-nous le donner ? Et quand nous sommes décidés de le donner, pourquoi nous semble-t-il qu’il est si mal accueilli ? Peut-être le donnons-nous maladroitement ? Ou peut-être ce n’est pas vraiment Lui que nous donnons ? Peut-être la manière dont nous pensons le donner, en réalité le dissimule, le retient ? Peut-être nous sentons-nous pas à la hauteur de cette responsabilité, parce que nous sommes devenus plus petits, plus fragiles, plus fatigués ?
Il ne faut pas oublier la préoccupation fondamentale du Synode : aider l’Église à être dans le monde de ce temps « le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Lumen gentium 1). La pensée des guerres en Ukraine et en Terre Sainte, rendue plus intense par la présence au Synode de quelques membres venant de ces pays, a constamment accompagné notre rassemblement et a rendu encore plus ardente et urgente la conscience de cette mission essentielle par laquelle le Concile Vatican II a défini l’Église. Si l’Église tout entière ne dit pas : « Me voici, envoie-moi ! » (Isaïe 6,8) pour recevoir de Dieu la grâce d’être signe et instrument de la communion avec Dieu et de l’unité du genre humain, l’humanité risque de s’autodétruire à tous les niveaux et de bien des manières. Un signe a un sens si la réalité qu’il indique se réalise ; un instrument a un sens s’il accomplit le travail pour lequel il a été conçu. L’union filiale de tout homme avec Dieu et l’unité fraternelle de toute l’humanité sont ce qui donne un sens à l’Église. L’Église, chaque communauté et chaque personne qui la composent, se réalise dans la mission au service de la communion.
La lumière des peuples
La constitution Lumen gentium commence par ces paroles : « Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes créatures la bonne nouvelle de l’Évangile (Mc 16,15), répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église » (LG 1).
L’Église est signe et instrument de la lumière des peuples qu’est le Christ. Le vrai visage de l’Église, malgré toutes les incohérences de ses membres, est le visage d’une épouse resplendissante de l’amour pour son Époux. Elle reflète l’amour infini que l’Époux nourrit pour elle et, à travers elle, pour toute l’humanité. L’Église ne peut faire l’expérience de l’amour du Christ sans sentir en elle l’immense ardeur, le désir brûlant de le communiquer, de refléter la lumière du Christ au monde entier. L’Église ne doit pas créer la lumière, elle doit seulement la refléter comme la lune, comme un miroir. Plus le miroir est net, plus il reflète la lumière sans la réduire ou l’altérer. Chaque réforme de l’Église, chaque réforme d’un Ordre ou d’une communauté comme chaque vraie conversion personnelle a pour but non de montrer sa propre beauté mais de refléter la beauté du Christ sans ombre et opacité. La beauté du Christ est toute la beauté de Dieu manifestée au monde.
Si nous sommes conscients de cela, nous comprenons que tous sans exception, nous pouvons refléter cette lumière, parce qu’elle nous illumine totalement. Quand Jésus regarde un pécheur, quand il regarde la femme adultère ou Zachée ou la Samaritaine ou Pierre en train de le renier, son visage rayonne de la lumière de son amour. Nous ne devons pas craindre que notre misère fasse écran à la lumière du Christ. Si la misère de l’humanité pécheresse avait pu empêcher la lumière du visage de Jésus d’illuminer le monde, personne ne l’aurait rencontré, personne ne l’aurait suivi, personne ne se serait converti. Rien ne peut arrêter la lumière miséricordieuse du regard du Christ sur l’homme.
Dissimuler la Lumière
Le vrai problème est que nous avons la capacité de dissimuler cette lumière. Nous ne pouvons pas l’éteindre, nous ne pouvons pas l’empêcher de briller sur nous, mais nous pouvons l’occulter. Jésus l’a clairement dit aux disciples : « On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5,15).
Quelle bêtise de mettre une lampe allumée sous le boisseau, ou, comme ajoute l’Évangile de Marc, « sous le lit » (Mc 4,21). Et pourtant, nous le faisons souvent. Nous cédons de mille façons à la
tentation de dissimuler la lumière du Christ à nos yeux et à ceux des autres. Nous ne permettons pas au monde de voir que nous sommes des amis du Seigneur, que nous sommes siens. En tant qu’Église nous sommes appelés à être signes et instruments de la lumière du Christ qui illumine notre visage, mais souvent nous réagissons comme si nous avions honte de la montrer. Il ne s’agit pas de « faire de la propagande » pour le Christ, de « faire du prosélytisme », mais simplement de ne pas occulter Jésus qui se donne à nous si gratuitement. Parfois nous parlons de lui ou nous proclamons son Évangile peut-être plus soucieux de répandre la lumière de notre visage que de refléter la sienne.
Jésus dit de ne pas mettre la lumière sous le lit ou sous le boisseau. Que symbolisent ces images curieuses ? Ceux qui écoutaient Jésus à ce moment ont dû sourire. Le lit symbolise peut-être notre paresse, notre recherche de confort, notre manque de vigilance et d’attention. Le boisseau, en revanche, est un seau que l’on utilisait pour mesurer le grain et calculer son prix. C’était un instrument pour calculer et faire du commerce. La lumière, elle, ne se vend pas, elle se donne toute seule, elle est don en elle-même. Par nature elle éclaire tout le monde, à moins que nous l’occultions pour la retenir uniquement pour nous, pour dormir dessus ou en faire commerce. Jésus nous rappelle de ne pas dissimuler sa lumière sous nos commodités ou sous notre mesure et notre soif de gain.
Chacun de nous peut examiner sa propre vie, chaque communauté peut s’examiner elle-même, ce que nous demande de faire la Carta Caritatis, par exemple, lors d’un Chapitre Général, rencontre synodale par excellence, ou lors des visites canoniques. Sous quoi et comment occultons-nous la lumière du monde qu’est le Christ ? Toute l’Église est appelée à cela par ce Synode et toujours. L’Église ne doit pas se réformer pour être belle elle-même mais pour ne pas cacher le visage du Seigneur qui regarde le monde avec une compassion et un amour infinis.
Serviteurs de la Lumière
Il suffit de ne pas dissimuler la lumière du Christ, il suffit de la mettre sur le lampadaire pour qu’elle brille pour tout le monde. Parfois nous compliquons notre mission et notre témoignage, parce que nous pensons devoir disposer de grands talents, de beaucoup de courage, d’une forte intelligence, de sainteté. Mais si la lumière nous est donnée, si elle vient à nous comme l’annonce aux bergers ou l’étoile des Mages, il suffit de la mettre sur le lampadaire, c’est-à-dire de ne pas la cacher. Une personne ou une communauté qui simplement n’occulte pas la présence du Christ, son amitié, la vérité de sa parole, devient lampadaire et vit pleinement sa mission. Ce sont souvent les personnes et les communautés les plus insignifiantes humainement qui manifestent le Christ avec plus de clarté, justement parce que, avec eux, Jésus peut être pleinement lui-même en exprimant toute la tendresse de sa présence.
Toute la vie chrétienne et toute la vie monastique réclament une ascèse non pas pour allumer la lumière mais pour l’accueillir et la mettre sur le lampadaire. Lors de notre baptême nous avons reçu la lumière du Christ, cette lumière que l’on allume dans la Nuit de Pâques. À partir de ce moment, toute la vie est appelée à garder allumée cette flamme et à la transmettre à tout le monde. Celui qui la cache sous le boisseau ou sous le lit empêche son baptême de porter du fruit. Le fruit du baptême est que notre vie serve la splendeur du visage du Seigneur.
Les deux disciples d’Emmaüs, dont le chemin est le paradigme de la synodalité chrétienne, ont senti brûler leur cœur comme une flamme allumée par la présence et la parole du Ressuscité. Quand ils ont ouvert les yeux à la splendeur eucharistique du don du Christ au monde, symbolisé par le pain rompu, ils ont tout de suite couru à porter cette lumière aux frères et sœurs de Jérusalem. Nous pouvons faire la même expérience dans notre vie si nous nous laissons vraiment conduire par ce que l’Église et en particulier notre vocation nous offrent pour recevoir et transmettre la lumière du Christ.
La lumière est avant tout la Parole de Dieu, l’Évangile, que nous sommes appelés à écouter en méditant l’Écriture Sainte, mais aussi en écoutant Jésus qui mystérieusement nous parle à travers tous et tout, parce qu’il est le Verbe qui s’exprime dans chaque créature et aime surtout nous parler à travers les petits et les pauvres auxquels les secrets du Père ne sont pas cachés (cf. Mt 11,25).
La lumière est la vie communautaire qui est la vie du Corps du Seigneur dans lequel le peuple de Dieu, en route dans l’histoire vers la Jérusalem céleste, avance pas à pas jour après jour. Cultiver la fraternité veut dire garder allumée la flamme de la charité du Christ dans le monde.
La lumière est la Croix sur laquelle toutes les souffrances coupables et innocentes de notre cœur et de l’humanité sont immédiatement transformées par l’Esprit Saint en plénitude d’amour et de fécondité, comme en Marie, Mère de tous les enfants de Dieu.
La lumière est l’humilité, la pauvreté des cœurs et dans les relations, qui s’unit à la lumière du Christ comme le bois au feu. L’humilité elle-même est lumière, la pauvreté elle-même brille, parce qu’elles n’ajoutent rien à l’amour di Christ, si ce n’est la matière qui se laisse brûler sans réserve aucune.
Nous pouvons donc dire que, quand nous écoutons et marchons ensemble en nous offrant nous-mêmes dans un esprit d’humble pauvreté, se réalise entre nous le consensus le plus précieux et le plus lumineux de nos différences : Jésus Christ lui-même !
La lumière de l’espérance
Le Pape François nous exhorte sans cesse à être des témoins de l’espérance au milieu d’un monde divisé et désorienté. De fait, l’espérance est la lumière du Christ qui vient guérir les blessures de l’humanité.
Que veut dire espérer et témoigner de l’espérance ?
Souvent nous lions notre espérance aux raisons qui nous promettent un avenir meilleur. Quand une vocation arrive au monastère, nous espérons que la communauté pourra survivre. Quand, au cours d’une maladie, nous constatons que le traitement commence à faire effet, nous espérons guérir complètement.
Mais la vraie espérance chrétienne n’est pas fondée sur des raisons qui nous font attendre un avenir meilleur. L’espérance chrétienne n’a qu’un seul fondement : la foi en Dieu, la confiance dans le Père, la communion avec le Christ présent qui marche avec nous.
Cette espérance, plus forte que tout espoir humain fondé seulement sur des raisons instables, est une grâce, un don de l’Esprit. Elle ne nous fait pas vivre de ce que nous donne le monde ou de ce que nous pouvons être et faire nous-mêmes, mais de Dieu qui se donne lui-même à nous, qui nous accompagne comme un bon pasteur et qui vit en nous. Le Christ lui-même est notre espérance, la seule espérance qui ne déçoit pas.
Les espoirs fondés sur des raisons passagères tôt ou tard désenchantent. Ils nous font attendre un avenir de rêve qui ne se réalise que rarement, et s’il se réalise, c’est une réalité qui ne dure pas et déçoit les attentes du cœur. Ce sont les espoirs du riche insensé que Jésus décrit dans l’Évangile et qui dit à soi-même : « “Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.” Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?” » (Luc 12,19-20)
L’espérance par contre est la vertu des pauvres et des humbles qui s’appuient sur la confiance en Dieu. C’est la vertu qui ne se réduit pas à l’attente d’un avenir meilleur mais qui transforme déjà le présent en comblant de paix les circonstances de notre vie, même si elles sont difficiles, pénibles et pleines d’embûches. Ce qui rend la vie meilleure n’est pas en premier lieu le changement des circonstances mais la conversion de notre cœur qui reconnaît que Jésus est présent, qu’il marche avec nous, qu’il nous parle, nous pardonne et nous aide à pardonner et aimer les autres.
C’est cela le témoignage qui vraiment apporte l’espérance au monde ; c’est cela la lumière du Christ dans notre vie que nous ne devons pas occulter et que nous devons nous aider à faire resplendir avec humilité et simplicité, avec la joie des bergers de Bethléem qui, après avoir vu la lumière de l’Enfant et l’avoir accueillie dans leur cœur, l’ont immédiatement mise sur le lampadaire de leur visage et de leur parole pour qu’elle illumine l’humanité entière.
Offrons les uns aux autres ce vœu de Noël dans la prière et l’adoration et continuons à marcher ensemble, stimulés et soutenus par l’espérance qui révèle au monde la lumière du Christ !
Fr. Mauro-Giuseppe Lepori OCist