Janvier – Epiphanie

JANVIER

Temps de Noëlepiphanie-480

Epiphanie du Seigneur

Triple Epiphanie…

Ecoutons Saint Bernard dans son sermon 3 pour l’Epiphanie (extraits)

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2. La solennité de ce jour tire donc son nom d’un mot qui signifie manifestation, car ce mot épiphanie n’a pas d’autre sens. C’est donc aujourd’hui la manifestation de Notre-Seigneur, non pas d’une seule, mais d’une triple manifestation, selon ce que nos pères nous ont appris En effet, c’est aujourd’hui que notre Roi, encore tout petit enfant, s’est manifesté peu de jours après sa naissance, aux premiers des gentils qu’une étoile avait amenés jusqu’à lui. C’est également en ce jour, que Jésus ayant accompli sa trentième année dans la chair, car en tant que Dieu, il est toujours le même et ses années ne marchent point vers leur déclin, il vint au Jourdain, confondu dans la foule des gens de sa nation pour être baptisé, et que le témoignage de Dieu, son Père, le fit connaître aux hommes. C’est également aujourd’hui que, se trouvant, avec ses disciples, invité à des noces où le vin a manqué, il a changé l’eau en vin par un miracle admirable de sa puissance. Mais je préfère considérer plus particulièrement la manifestation qui s’est faite du Sauveur pendant les premiers jours de son enfance, parce qu’elle est remplie d’une très grande douceur, et que d’ailleurs c’est celle qui est le principal objet de cette fête.
[…]

5. Alors, dit l’Evangéliste « Ils ouvrent leurs trésors et ils lui offrent en présents, de l’or, de l’encens et de la myrrhe » (Ibid.). S’ils ne lui avaient offert que de l’or, peut-être auraient-ils paru avoir eu la pensée de venir en aide à la pauvreté de la mère, et lui donner les moyens d’élever son enfant. Mais comme ils lui offrent en même temps de l’or, de l’encens et de la myrrhe, il est évident que leurs offrandes ont un sens spirituel. En effet, l’or passe pour ce qu’il y a de plus précieux parmi les richesses des hommes; c’est ce que, avec la grâce du Sauveur, nous lui offrons dévotement lorsque, pour son nom, nous renonçons entièrement aux biens de ce monde. Mais à présent il ne nous reste plus, après avoir si complètement foulé aux pieds les choses de la terre, qu’à rechercher avec une plus vive ardeur celles des cieux. Car c’est ainsi que nous pourrons lui offrir la bonne odeur de l’encens qui, selon saint Jean, comme nous le voyons dans son Apocalypse (Apoc. V, 3), représente les prières des saints. Voilà ce qui faisait dire au Psalmiste : « Que ma prière s’élève vers vous comme la fumée de l’encens » (Psal. CXL, 2) et à l’Ecclésiastique : «La prière du juste perce les nues ». La prière, dis-je, non de quiconque, mais du juste (Eccles. XXXV, 21), car la prière de quiconque qui détourne l’oreille pour ne point écouter la loi de Dieu, est exécrable (Prov. XXVIII, 9).

6. Si donc vous voulez être juste et ne point détourner l’oreille des commandements de Dieu, pour que lui-même ne détourne pas la sienne de vos prières, il faut non-seulement que vous méprisiez le siècle présent, mais encore que vous châtiez votre chair et la réduisiez en servitude. Car celui qui a dit: «Quiconque ne renonce pas à tout ce qu’il possède, ne peut être mon disciple » (Luc. XVI, 32), et encore «Si vous voulez être parfaits, allez, vendez tout ce que vous avez et donnez-le aux pauvres, puis revenez vous mettre à ma suite » (Matt. XIX, 21), est le même qui a dit dans un autre endroit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il porte sa croix et me suive » (Luc. IX, 23). L’Apôtre voulant expliquer le sens de ces paroles, disait ; «Ceux qui sont à Jésus-Christ, ont crucifié leur chair avec toutes ses passions et ses désirs déréglés » (Gal. V, 24). La prière doit donc avoir deux ailes, le mépris du monde et la mortification de la chair, et avec elles il n’est pas douteux qu’elle puisse pénétrer les cieux et s’élever en présence de Dieu comme la fumée de l’encens. Pour que notre sacrifice soit agréable et que notre offrande mérite d’être accueillie, il faut qu’à l’or et à l’encens s’ajoute encore la myrrhe, car bien qu’elle soit amère, elle n’en est pas moins fort utile, elle conserve le corps qui est mort à cause du péché et l’empêche de tomber en pourriture en tombant dans le vice. Qu’il suffise de ce peu de mots pour nous engager à imiter les offrandes des Mages.

7. Mais comme nous avons parlé de manifestation, il est bien que nous recherchions ce qui se manifeste à nous dans cette fête. L’Apôtre se charge de nous l’apprendre en nous disant : « Ce qui a paru, c’est la bonté et l’humanité du Sauveur notre Dieu » (Tit. III, 4). Et, en effet, nous avons entendu l’Evangéliste nous dire que «étant entrés dans la maison, les Mages y trouvèrent l’Enfant avec Marie sa mère » (Matt. II, 41). Or dans ce corps d’enfant qu’une mère réchauffait contre son sein virginal, qu’est-ce qui apparaît sinon la vérité de la chair qu’il a prise ? Dans la seconde manifestation, ne vous semble-t-il point qu’il est manifestement proclamé Fils de Dieu de la bouche même de son Père ? En effet, les cieux s’entrouvrirent au-dessus de sa tête, le Saint-Esprit en descendit sur lui sous la forme corporelle d’une colombe, et en même temps la voix du Père fit entendre ces paroles : « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances » (Matt. III, 17). Certes, il est assez manifeste après cela, il est assez évident et assez indubitable que le Fils de Dieu ne peut être que Dieu lui-même. Personne, en effet, ne révoque en doute que les enfants des hommes soient des hommes aussi, ni que les petits des animaux soient de la même espèce que ceux dont ils sont nés. Toutefois, pour qu’il n’y ait plus de place pour une erreur sacrilège, celui qui, dans la première manifestation, fut reconnu pour vrai homme et fils d’homme, et qui dans la seconde, n’en est pas moins déclaré Fils de Dieu, se montre dans la troisième vrai Dieu et véritable auteur de la nature qu’il change à son gré. Pour nous, par conséquent, mes bien-aimés, aimons Jésus-Christ comme étant véritablement homme et notre frère; honorons-le comme Fils de Dieu, et adorons-le comme Dieu. Croyons avec une entière sécurité en lui, et confions-nous à lui avec la même sécurité, mes frères, car le pouvoir de nous sauver ne lui manque point, puisqu’il est vraiment Dieu, et Fils de Dieu, non plus que la bonne volonté, attendu qu’il est comme l’un de nous un homme véritable et fils de l’homme. Comment pourrait-il se montrer inexorable à notre égard, quand il s’est fait, pour nous, semblable à nous et sujet à la douleur ?

Sermon 3 pour l’Epiphanie (extraits 2, 5,  6, 7)
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