Février – L’amour divin
FEVRIER
L’amour divin
Pour te rendre grâces…
Ecoutons Sainte Gertrude d’Helfta dans Le Héraut de l’amour divin
Que mon âme te bénisse, Seigneur Dieu, mon Créateur. ! Que mon âme te bénisse et que, du plus profond de moi-même, tes miséricordes te célèbrent, puisque ta tendresse débordante m’en a si généreusement enveloppée, ô mon très doux Amant. Je rends grâce, autant que je le puis, à ton immense miséricorde ; avec elle, ma louange glorifie cette inlassable patience par laquelle tu as si longtemps fermé les yeux sur moi. Les années de mon bas âge, de mon enfance, de mon adolescence et de ma jeunesse, presque jusqu’à vingt-cinq ans, s’écoulaient dans un fol aveuglement. Dans mes pensées, mes paroles, mes actions, j’aurais fait sans remords de conscience, je m’en rends compte aujourd’hui, tout ce qui me plaisait, tout ce qui était permis. Mais tu me préservais, soit parce que j’éprouvais naturellement l’horreur du mal et le goût du bien, soit par les remontrances venues du dehors. J’aurais ainsi vécu comme une païenne parmi les païens, et je n’aurais jamais compris que toi, mon Dieu, tu récompenses le bien comme tu punis le mal. Et pourtant, dès l’enfance, dès ma cinquième année, tu avais choisi de me préparer pour toi, parmi les plus fidèles de tes amis, dans le cénacle d’un saint monastère.
Pour mon amendement, je t’offre, Père très aimant, toute la Passion de ton Fils bien-aimé, depuis l’heure où, couché dans la paille de la crèche, il fit entendre ses premiers vagissements. Et tout ce qu’il supporta ensuite : la dépendance du bébé, les limites de l’enfant, les difficultés de l’adolescent, les souffrances du jeune homme, jusqu’à cette heure où, inclinant la tête sur la croix, il rendit l’esprit avec un grand cri. De même, pour suppléer à toutes mes négligences, je t’offre, Père très aimant, toute la vie très sainte, absolument parfaite en toutes ses pensées, paroles et actions, de ton Fils unique. Et cela, depuis l’heure où, envoyé du trône céleste, Il entra dans notre zone terrestre par l’annonce faite à la Vierge, jusqu’à cette heure où il offrit à ton regard paternel la gloire d’une humanité victorieuse. Pour rendre grâce, en me plongeant dans le profond abîme de ma bassesse, je loue et j’adore en même temps la suprême excellence de ta miséricorde et l’extrême douceur de ta bienveillance. Par elles, Père des miséricordes, au milieu de ma vie de perdition, tu m’as témoigné des pensées de paix, et non de malheur, en me relevant par la multitude et la grandeur de tes bienfaits. Et tu as encore ajouté à cela cette intimité incroyable de ton amitié, en me donnant, de diverses manières, pour mettre le comble à ma joie, ce sanctuaire très noble de la divinité : ton Cœur déifié. De plus, tes fidèles promesses ont séduit mon âme en me montrant les bienfaits que tu veux m’accorder à l’heure de ma mort et après ma mort. Même si je n’avais reçu de toi aucun autre don, celui-là suffirait à faire haleter mon cœur d’une vive espérance.
Le Héraut de l’amour divin – SC 139, p. 330-340 (extrait)
Qui est Gertrude d’Helfta (1256 – 1301/2)
Confiée à l’âge de cinq ans au monastère d’Helfta, près d’Eisleben, en Saxe, Gertrude y reçut une formation très soignée. D’une intelligence très vive, aimée de toutes ses sœurs, elle fît la découverte de la vie mystique dans une vision initiatrice, le 27 janvier 1281, après complies. Les seuls événements notables de sa vie seront ceux de sa vie intérieure, qui sera nourrie, structurée par les célébrations liturgiques. Le mystère du Christ tient chez elle une place centrale, en particulier dans le mystère eucharistique.
Parmi ses œuvres, écrites en latin, on compte principalement « Les exercices » et « Le Héraut de l’Amour divin », proclamation de l’Amour du Christ envers les hommes. Notre désir de nous unir à lui nous fait atteindre en son Cœur toute la personne du Christ : le coup de lance a ouvert notre amour jusqu’à Lui.
Source : Abbaye N-D de Cîteaux