Mai – Marie notre mère
Mois de MAI
Marie
Vierge mère
Notre mère
Ecoutons Guerric dans son sermon 1 pour l’Assomption
Marie a engendré un seul fils. Comme celui-ci est le Fils unique du Père dans les cieux, il est aussi le fils unique de sa mère sur la terre. Pourtant cette unique vierge mère, qui eut la gloire de mettre au monde le Fils unique de Dieu embrasse ce même Fils dans tous ses membres. Elle ne rougit pas d’être appelée la mère de tous ceux en qui elle reconnaît son Christ déjà formé ou en train de l’être.
L’ancienne Ève fut une marâtre plus qu’une mère : elle offrit à ses enfants un premier arrêt de mort, avant même qu’ils aient vu le jour. Et pourtant on l’appelle la « mère des vivants » ! Mais puisqu’elle n’a pu réaliser fidèlement le sens de son nom, c’est Marie qui en accomplit le mystère. Comme l’Église dont elle est la figure, elle est la mère de tous ceux qui renaissent à la vie. Oui, elle est la mère de la Vie par laquelle vivent tous les hommes ; en lui donnant naissance, elle a en quelque sorte donné une nouvelle naissance à tous ceux qui doivent vivre de cette vie. Un seul naissait, mais tous nous renaissions.
Cette bienheureuse mère du Christ, qui se sait mère des chrétiens en raison de ce mystère, se montre aussi leur mère par le soin qu’elle prend d’eux et l’affection qu’elle leur témoigne. Elle n’est pas dure envers ses fils, comme s’ils n’étaient pas nés d’elle. Ses entrailles fécondées une seule fois, mais non pas épuisées, ne cessent jamais d’enfanter des fruits de tendresse. Le fruit béni de ton sein, douce mère, t’a laissée toute remplie d’une inépuisable tendresse : né de toi une seule fois, il demeure et se répand toujours en toi ; et dans le jardin fermé de ta chasteté, il fait abonder constamment les eaux de ta source scellée. Source scellée, certes, mais qui s’écoule au dehors : ses eaux nous sont distribuées sur les places.
Si le serviteur du Christ, engendre toujours et toujours ses petits enfants par sa sollicitude et son tendre désir, jusqu’à ce que le Christ soit formé en eux, combien plus le fera la propre mère du Christ. Paul a engendré des fils en prêchant la Parole qui les régénérait ; mais Marie l’a fait de façon bien plus sainte et plus divine en engendrant la Parole elle-même. Certes, je loue chez Paul le ministère de la prédication, mais j’admire et je vénère plus encore en Marie le mystère de la génération.
Mais vois si, de leur côté, les enfants ne reconnaissent pas leur mère. Poussés par une sorte d’instinct naturel inspiré par la foi, ils recourent spontanément et irrésistiblement à l’invocation de son nom en tous leurs besoins et dans tous les dangers, comme des enfants se jettent dans le sein de leur mère. Aussi je ne crois pas déplacé d’appliquer à ces enfants-là la promesse du prophète : « Tes fils habiteront en toi », sans perdre de vue toutefois que cette prophétie s’applique principalement à l’Église. Car dès maintenant nous habitons à l’abri de la mère du Très-Haut, nous demeurons sous sa protection et comme à l’ombre de ses ailes. Plus tard nous partagerons sa gloire, et nous serons comme réchauffés en son sein. Alors retentira ce cri unanime des enfants acclamant leur mère : « Nous tous qui sommes dans la joie, notre demeure est en toi », sainte Mère de Dieu.
Bienheureux Guerric d’Igny – Sermon 1 pour l’Assomption, 2-4 – Extraits
Texte intégral
Qui est Guerric d’Igny – Abbé cistercien (vers 1080 – 1157)
La naissance de Guerric se situe entre 1070 et 1080 à Tournai, donc 10 à 20 ans avant celle de Bernard. Il reçoit son éducation à l’école cathédrale de Tournai : humanité, dialectique et théologie, ce qui lui vaudra un talent d’écrivain bien formé et développé. Sans doute bénéficiera-t-il de l’enseignement d’un maître fameux, Odon de Cambrai. Sans doute aussi sera-t-il chanoine de la cathédrale et chargé de l’école cathédrale. Mais, en 1116, il décide de mener la vie érémitique et se retire dans une petite maison, à proximité de l’église. Il entend parler de saint Bernard par deux de ses amis et visite Clairvaux en 1120, sans avoir l’intention d’y rester. Mais Bernard qui reconnaît en lui l’étoffe d’un bon moine, le presse d’entrer. Le voici novice à Clairvaux, un novice plus âgé que son abbé, et sur le plan humain, doté de plus d’expérience et de maturité. Guerric reste 13 ans à Clairvaux, période qui coïncide avec le plein épanouissement des dons de Bernard et sa meilleure production littéraire. Puis vers 1138, il est envoyé à Igny, en Champagne, qui a été fondée en 1128, et il en devient abbé. Il a environ 60 ans. Sa mauvaise santé le rend incapable de mener la vie commune et de prendre sa part du travail manuel. Il le regrette, car il voit dans cette observance du travail des mains une des voies où l’on rencontre Jésus. Sous l’abbatiat de Guerric, Igny prospère, les vocations arrivent nombreuses. Pourtant c’est uniquement à son œuvre, à ses sermons que sera due l’influence postérieure de Guerric qui meurt en 1157. Nous n’avons de Guerric que le recueil de ses sermons. Tous, sauf le dernier, ont pour sujet les fêtes de l’année liturgique. Guerric y insiste sur les mystères liturgiques et sur la formation du Christ en l’âme de ceux qui y participent. En maints endroits, il reprend l’idée origénienne de la conception et de la naissance du Christ en l’âme. En recevant les sacrements et en imitant le Seigneur, nous le faisons naître en nous. L’âme devient alors « Mère du Christ », et Celui-ci nous donne la vraie vie en communiquant l’Esprit qui procède du Père et de lui.
Voir également la page « Quelques auteurs cisterciens »