Décembre – Noël
Mois de Décembre
« Et vous verrez demain matin éclater la gloire du Seigneur, car vous saurez que le Seigneur va venir aujourd’hui même. (Exod. XVI, 7)
Ecoutons Saint Bernard dans son 3e sermon pour la Vigile de Noël
« Habitants de la terre, fils des hommes, écoutez ». Vous qui gisez dans la poussière, debout pour la louange, car un médecin vient vers les malades, un rédempteur vers ceux qui avaient été vendus au péché, une route s’ouvre pour ceux qui errent, la vie est rendue aux morts. Il vient, en effet, Celui qui jettera tous nos péchés au fond de la mer, guérira toutes nos infirmités, nous ramènera sur ses propres épaules à la source de notre propre dignité. Grande est sa puissance, mais plus admirable encore sa miséricorde, puisqu’il a voulu venir ainsi, lui qui aurait pu se contenter de nous porter secours.
« Sachez qu’aujourd’hui, est-il dit, le Seigneur viendra ». Certes, ces paroles ont été inscrites à leur place et en leur temps dans l’Écriture, mais ce n’est pas déplacé de la part de la mère Église, de les avoir prises pour la veille de la Nativité du Seigneur. L’Église, dis-je, qui détient le conseil et l’esprit de son Époux et de son Dieu, entre les seins de laquelle repose le Bien-aimé, possédant et gardant en prince le trône de son cœur. Certes, c’est elle qui a blessé son cœur, et qui a plongé l’œil de sa contemplation dans l’abîme même des secrets de Dieu, pour lui faire une demeure éternelle en son propre cœur, et pour s’en faire une pour elle dans le sien. Lors donc qu’il lui arrive de changer ou d’intervertir les expressions des divines Écritures, cet arrangement des mots est plus valable que le premier, comme la vérité l’emporte sur les figures, la lumière sur l’ombre, la maîtresse de maison sur la servante.
« Sachez qu’aujourd’hui le Seigneur viendra ». À mon sens, deux jours nous sont indiqués très distinctement par ces mots. Le premier s’étend de la chute du premier homme jusqu’à la fin du monde, et l’on sait que bien souvent les saints l’ont maudit. Car de ce jour très lumineux dans lequel il avait été créé, Adam fut rejeté, et, poussé par les difficultés de la vie, il tomba dans un jour ténébreux, presque dénué de la lumière de la vérité. Dans ce jour, nous sommes tous nés ; et plutôt que de jour, il faudrait parler de nuit, si la miséricorde incomparable de Dieu ne nous avait laissé la lumière de la raison, telle une petite flammèche.
Mais le second jour se déroulera dans les splendeurs des saints, dans des éternités sans fin. Ce sera quand brillera ce matin parfaitement limpide qui aura pour partage la miséricorde promise, et lorsque la nuit sera engloutie dans sa victoire. Ombres et ténèbres une fois disparues, la splendeur de la vraie Lumière s’emparera également de toutes choses, en haut et en bas, au-dehors et au-dedans.
Voilà pourquoi le Fils Unique de Dieu, le Soleil de justice est allumé et luit dans la prison de ce monde, tel un Cierge qui brille d’une immense et merveilleuse lumière. Que tous ceux qui veulent être éclairés s’approchent de lui et s’unissent à lui, de telle sorte qu’il n’y ait plus rien entre lui et eux.
Saint Bernard – 3e Sermon pour la Vigile de Noël, 1-2 – Extraits
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