Déc. – Le Seigneur viendra !
Mois de Décembre
« Quand le Seigneur viendra ! »
Aelred de Rievaulx
Le Seigneur vient d’abord pour nous libérer de nos péchés, mais dans son second avènement, il guérira toutes nos infirmités. C’est pourquoi le psalmiste exhorte son âme à bénir le Seigneur et dit : « Il te pardonne toutes tes offenses, il te guérit de toutes maladies ». Le premier membre de phrase a trait au premier avènement, l’autre au second. Dans son premier avènement, le Seigneur a effacé nos péchés ; mais nous souffrons encore de grandes infirmités, par suite de la peine que méritent nos péchés. Qui peut énumérer toutes les peines de cette vie : la faim, la soif, les travaux, les douleurs, les fatigues. Voilà pour le corps. Mais comme sont nombreuses les infirmités de l’âme ! Que de désirs mauvais, que de tentations !
Le Seigneur guérira toutes ces infirmités, et bien d’autres impossibles à dénombrer, lors de son second avènement, quand sera accompli ce que dit l’Apôtre : « Il faut que ce corps périssable revête l’incorruptibilité ». Par son premier avènement, notre Seigneur relève seulement notre âme, mais par son second, il redressera aussi notre corps. Comme nous servons ici-bas le Seigneur avec notre corps et notre âme, l’un et l’autre jouiront avec Dieu du parfait bonheur. Dans son premier avènement, il nous donne la foi qui nous permet de croire en lui, dans le second, il nous accordera ce qui permet de le voir. Non pas comme les impies le verront au jour du jugement ; car bons et mauvais le verront sous l’aspect qu’il avait lorsqu’il souffrit pour nous, ressuscita et monta aux cieux. Mais nous le verrons de la manière dont seuls ceux qui ont le cœur pur peuvent le voir. Ainsi le Seigneur dit : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ». C’est-à-dire que nous verrons sa divinité, sa grandeur et sa beauté, comme le voient les anges. Car nous serons comme les anges dans le ciel ; si du moins nous l’aimons et le désirons, et si nous méprisons toutes les délices et honneurs de ce monde. Alors, sans aucun doute, nous le verrons, pleins de sécurité, sous cet aspect où il viendra juger les vivants et les morts, et nous le verrons, pleins de félicité sous cet aspect où il se montrera seulement aux bons qu’il conduira du jugement au Royaume.
Songeons-y maintenant, autant que nous le pouvons : quelle joie nous aurons et quel bonheur, si nous pouvons être en sécurité quand le Seigneur viendra avec grande puissance et majesté, alors que seront consumés terre et ciel. Non seulement nous ne craindrons pas quand il viendra, mais nous le regarderons, pleins de confiance.
C’est pourquoi, frères, si nous voulons goûter cette joie et cette assurance, appliquons-nous à aimer beaucoup notre Seigneur. Ne devons-nous pas l’aimer, lui qui est notre Créateur et Seigneur, et qui, de plus, est notre Rédempteur ? Par ailleurs, il n’est rien que nous pouvons aimer avec plus de sécurité. Car toute autre chose que nous aimons, nous la perdrons. Et si nous mettons notre amour dans des biens que nous devons perdre, quand le moment sera venu de nous en séparer, plus nous y aurons mis notre amour, plus notre tristesse sera grande.
C’est pourquoi aimons, pleins de confiance celui qui est toujours et qui toujours est bon et délectable. Oui, frères, aimons-le de telle manière que lorsque nous le verrons venir du ciel avec ses anges, nous n’ayons pas peur de sa venue, mais que nous courrions aussitôt à sa rencontre avec un grand désir, comme vers un ami très intime.
Premier sermon pour l’Avent (extraits)
