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Août – Saint Bernard
Mois d’Août
« Visites du Verbe époux à l’âme sainte »
Ecoutons Saint Bernard – Sermon sur le Cantique (extraits)
Le Verbe de Dieu n’est pas une parole qui ne peut revenir. Il va et vient selon son bon plaisir, visitant l’âme le matin, et soudain la mettant à l’épreuve : c’est lui qui règle sa venue, son retour dépend toujours de sa volonté.
Supportez maintenant quelque peu ma sottise ; je veux vous dire, car je vous l’ai promis, comment il agit avec moi sur ce point. Certes, cela ne convient pas, mais je me livre pour que cela vous serve et si vous en tirez profit, je me consolerai de ma sottise ; sinon je la reconnaîtrai. J’avoue donc qu’en moi aussi, le Verbe est venu, et plusieurs fois. Lorsque souvent, il est entré en moi, jamais je n’ai perçu son entrée. Je sens qu’il est là, je me rappelle sa présence ; parfois, j’ai pu pressentir sa venue, mais jamais je ne l’ai perçue, ni même sa sortie. Car d’où venait-il dans mon âme, et où allait-il quand il la quittait ? De plus, par où est-il entré ou sorti ? J’avoue que je l’ignore encore maintenant selon ce qui est écrit : « Tu ne sais d’où il vient, ni où il va ».
Puisqu’on ne peut découvrir son chemin, tu te demandes alors comment j’ai su qu’il était là. C’est qu’il est « vivant et efficace » ; dès qu’il vient en moi, il réveille mon âme assoupie, il secoue, émeut et blesse mon cœur, car il était dur comme la pierre et en mauvais état. Il commence aussi à sarcler et à arracher, à construire et à planter, à irriguer les terres arides, à illuminer les recoins obscurs, à ouvrir les portes fermées, à enflammer ce qui était froid ; et encore, à redresser les voies tortueuses et aplanir les terrains raboteux, pour que mon âme bénisse le Seigneur, et que tout ce qui est en moi chante son saint nom.
Ainsi donc, quand le Verbe s’en va, c’est comme si on éteignait le feu sous une marmite bouillante : tout commence à languir et à se refroidir, et c’est pour moi le signe de son départ. Mon âme est prise de tristesse jusqu’à ce qu’il revienne et qu’à son habitude, il réchauffe mon cœur ; c’est la marque de son retour.
Puisque telle est mon expérience du Verbe, quoi d’étonnant si j’emprunte la voix même de l’Épouse pour le rappeler quand il s’absente ? Même si mon désir n’est pas égal au sien, il n’est pourtant pas sans lui ressembler. Tant que je vivrai, j’userai familièrement de ce cri d’appel pour rappeler le Verbe : « Reviens ! » Et chaque fois qu’il s’échappera, chaque fois je lui répéterai ce mot. Dans l’ardent désir de mon cœur, Je ne cesserai de le crier derrière son dos, quand il s’en va, pour qu’il revienne, pour qu’il me rende la joie de son salut, qu’il se rende lui-même à moi !
Saint Bernard – Sermon sur le Cantique n° 74 – 3-7 (extraits)
Texte intégral – Sermon sur le Cantique N° 74
Solennités en juillet
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SAMEDI 8 JUILLET – Bienheureux Eugène III – Mémoire
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
MARDI 11 JUILLET – Solennité de Saint Benoît – Patron de l’Europe
- Messe à 10h0
N.B. – tous les lundis, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Juillet-2023
Juillet – L’arbre… St Benoît
Mois de Juillet
« L’arbre… c’est saint Benoît »
Ecoutons Saint Bernard – Sermon pour la fête de Saint Benoît (extraits)
[…] Puisque j’ai reçu mission de vous servir aujourd’hui le pain de la parole de Dieu, comme je n’ai rien chez moi à vous offrir, je vais demander au bienheureux Benoît de me prêter trois pains que je puisse vous servir. Ce sera donc le pain de sa piété, celui de sa justice et celui de sa sainteté, qui apaiseront votre faim. Rappelez-vous, mes frères, que tous ceux qui prirent part à l’entrée triomphale du Seigneur, n’étendirent point leurs vêtements le long du chemin, oui, dans cette procession que bientôt, avec la grâce de Dieu, nous allons célébrer en mémoire de celle où les populations se pressaient au-devant du Seigneur qui venait à Jérusalem pour sa passion, et qui s’avançait monté sur un âne, tous n’étendirent point leurs vêtements par terre sur son passage, il y en eut qui coupèrent des branches d’arbres devant lui…
L’arbre, c’est saint Benoît, il est grand, il porte du fruit, c’est l’arbre planté près d’un ruisseau d’eau vive (Ps1,3). Où rencontre-t-on des ruisseaux ? N’est-ce point dans les vallées, n’est-ce point entre les montagnes que les eaux s’écoulent ? Qui ne sait, en effet, que les torrents descendent toujours des flancs escarpés des montagnes, et que toujours les vallées se maintiennent dans une sorte d’humble milieu. Voilà comment Dieu résiste aux superbes, et donne sa grâce aux humbles (Jc 4, 6). C’est donc là que vous pourrez asseoir le pied en toute sécurité, vous qui êtes la monture du Christ, c’est sur ce rameau qu’il faut l’appuyer, c’est le sentier de la vallée que vous devez suivre. En effet, nous n’avons point l’habitude de choisir les montagnes pour faire des semis d’arbres, parce que le plus ordinairement elles sont arides et pierreuses. C’est dans les vallées qu’on trouve une terre grasse, que les plantes profitent, que les épis sont pleins, et que le grain rapporte cent pour cent selon la remarque de celui qui a dit : « Les vallées seront fertiles en froment (Ps 64, 14). » Ainsi, vous l’entendez, partout on fait l’éloge des vallées, partout on recommande l’humilité. Plantez donc là où les eaux ont établi leur cours, c’est là, en effet, que vous trouverez la grâce spirituelle en abondance, les eaux qui sont au-dessus des cieux louent le nom du Seigneur, c’est-à-dire, les bénédictions du ciel font qu’il soit loué. Établissons-nous dans l’humilité, mes frères, soyons-y plantés, si nous voulons ne point nous dessécher. […] C’est ainsi que, planté le long d’un ruisseau d’eaux vives, ce saint confesseur du Seigneur a produit du fruit en son temps…
Il y a des arbres qui ne portent point de fruit, il en est d’autres qui en portent, mais le fruit qu’ils donnent n’est pas leur fruit ; enfin, il s’en trouve des troisièmes qui portent du fruit qui est bien leur fruit, mais qui ne le portent point en son temps.
Il y a donc, comme je le disais, des arbres stériles, tels sont les chênes, les ormeaux, et tous les arbres de la forêt, personne ne plante ces essences dans son verger, parce qu’elles ne produisent point de fruit, ou si elles en donnent, c’est un fruit qui ne peut servir à l’homme, qui n’est bon que pour les pourceaux. Tels sont les enfants de ce monde, qui passent leur vie dans la débauche et l’ivrognerie dans l’excès des viandes et de la bonne chère, dans les orgies et l’immoralité. (Rm 13, 13)
Les arbres qui portent du fruit, mais non leur fruit, sont les hypocrites. Semblables à Simon le Cyrénéen, ils portent une croix qui n’est pas leur croix, mais qui sont forcés de la porter, parce qu’ils manquent de toute pensée de religion, ils se voient, par l’amour et le désir de la gloire, contraints de faire ce qu’ils n’aiment point.
Enfin, pour ce qui est des arbres qui portent du fruit, mais qui ne le portent point « en leur temps, » on entend ceux qui veulent aussi porter des fruits avant que le temps en soit venu. Est-ce que, quand les arbres de nos vergers poussent plus tôt qu’il ne faut, nous n’avons point de crainte pour leurs fleurs trop hâtives ? Ainsi en est-il de ceux dont les fruits, pour être trop précoces aussi, ne réussissent pas bien. Tels sont ceux qui, dès les premiers temps de leur conversion, pensent pouvoir porter des fruits d’une autre époque, et se hâtent, en dépit du précepte, de labourer leurs champs avec le premier né de la génisse, et de tondre le premier agneau de la brebis. Voulez-vous savoir avec quel soin notre saint maître a évité de tomber dans ce défaut ? C’est le rameau que je veux vous offrir. Connu de Dieu seul l’espace de trois ans, il demeura tout ce temps-là inconnu aux hommes. Il n’en porta pas moins du fruit, et même en abondance, comme vous pouvez le voir, mais il le porta en son temps. Il ne croyait pas que le temps était venu pour lui de donner des fruits, alors que les tentations de la chair le mettaient à une si rude épreuve, qu’il s’en fallut peu qu’il ne succombât, ou qu’il ne se retirât. Je ne veux point négliger de vous présenter ce rameau, s’il est hérissé et chargé en quelque sorte d’épines sur lesquelles notre Benoît du Seigneur se roula lui-même, cependant, il a son utilité, il en a une pour la monture du Seigneur qu’elle éloigne du fossé de la tentation, empêche d’y tomber par le consentement, et à qui elle donne la force de tenir bon, d’agir avec courage et d’attendre le Seigneur sans perdre tout espoir. Voilà le rameau sur lequel vous devez vous appuyer, vous qui êtes la monture du Christ, qui doit vous apprendre à ne jamais céder à la tentation, si terrible qu’elle soit, et à ne pas vous croire alors abandonné de Dieu, mais à vous rappeler qu’il est écrit : « Invoquez-moi au jour de l’affliction, je vous en délivrerai, et vous m’honorerez » …
Saint Benoît ne pensait donc pas, comme je le disais, que le temps de porter des fruits fût encore venu pour lui, tant qu’il se sentait en butte à de si grandes tentations, mais ce temps vint enfin, et alors il donna du fruit en son temps. Or ce fruit, c’est ce dont j’ai parlé précédemment, sa sainteté, sa justice et sa piété. Ses miracles montrent la première, sa doctrine est une preuve de la seconde, et sa vie est là pour attester la troisième. Vous voyez, ô vous qui êtes la monture du Christ, vous voyez là des rameaux parés de feuilles verdoyantes, couverts de fleurs et chargés de fruits. Que votre pied s’appuie sur ces rameaux-là, si vous voulez diriger vos pas dans la droite voie. Mais pourquoi vous parler de ses miracles ? Est-ce pour vous suggérer le désir d’en faire ? Dieu m’en garde, mais c’est pour que vous vous appuyiez sur ses miracles, c’est-à-dire, c’est pour que vous soyez plein de joie et de confiance, en vous voyant sous un ici pasteur, et en vous disant que vous avez le bonheur d’avoir un si grand patron. Car il est bien certain que celui qui se montra si puissant quand il n’était encore que sur la terre, ne peut manquer de l’être bien davantage, à présent qu’il est dans les cieux où il se trouve aussi élevé en gloire qu’il l’a été en grâce. On sait, en effet, que les rameaux de l’arbre sont en proportion de la grandeur de ses racines, et que les premiers, dit-on, sont en même nombre que les secondes. Par conséquent, si nous ne faisons point de miracles, nous autres, ce doit toujours être un grand sujet de consolation pour nous, que notre patron en ait fait. D’un autre côté, par sa doctrine il nous instruit et dirige nos pas dans les sentiers de la paix, et par la justice de sa vie, il nous donne des forces et du courage, et nous anime d’autant plus à faire ce qu’il nous a enseigné, que nous savons pertinemment qu’il ne nous a enseigné que ce qu’il a fait lui-même. Il n’est pas, en effet, d’exhortation si pleine de vie et d’efficacité que l’exemple, car celui qui fait ce qu’il conseille le rend facile à persuader, puisqu’il montre, par sa conduite, que ce qu’il conseille est praticable…
Saint Bernard – Sermon pour la fête de saint Benoît (extraits)
Texte intégral – Sermon pour la fête de saint Benoît (extraits)
Juin – De la perfection
Mois de Juin
« Aimez vos ennemis, afin d’être vraiment des fils » (Mt 5, 44.45)
Ecoutons Saint Jean Cassien – De la perfection
Conférences VIII-XVII
Quiconque est parvenu, par la charité, à l’image et ressemblance divine, se délecte dorénavant au bien lui-même à cause du plaisir qu’il y trouve. Il embrasse avec un égal amour la patience et la douceur. Les manquements des pécheurs n’irritent plus sa colère ; mais plutôt implore-t-il leur pardon, pour la plus grande pitié et compassion qu’il ressent à l’endroit de leurs infirmités.
Ne se souvient-il pas d’avoir éprouvé l’aiguillon de passions semblables, jusqu’au jour qu’il plut à la miséricorde du Seigneur de l’en préserver ? Ce ne sont pas ses propres efforts qui l’ont sauvé de l’insolence de la chair, mais la protection de Dieu. Dès lors, il comprend que ce n’est pas de la colère qu’il faut avoir pour ceux qui s’égarent, mais de la commisération ; et, dans l’absolue tranquillité de son cœur, il chante à Dieu ce verset : « C’est vous qui avez brisé mes chaînes, je vous offrirai un sacrifice de louange » (Ps 115,16-17) ; et encore : « Si le Seigneur n’eût été mon soutien, peu s’en fallait que mon âme n’habitât l’enfer. » (Ps 93,17 LXX)
Puis, cette humilité d’esprit le rend capable d’accomplir le précepte évangélique de la perfection : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient. » (Mt 5,44) C’est par là que nous mériterons d’atteindre à la récompense dont il est parlé aussitôt après, non seulement de porter l’image et ressemblance divine, mais encore de recevoir le titre de fils : « Afin, est-il dit, que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5,45).
Saint Jean Cassien – De la perfection, Ch. 9 ; SC 54 – Conférences VIII-XVII
Solennités en juin
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SAMEDI 3 JUIN – Anniversaire de la Dédicace de notre église – Solennité
- Messe à 10h
SAMEDI 10 JUIN – Vierge Marie – Mémoire
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
DIMANCHE 11 JUIN – Solennité du Saint Sacrement
- Messe à 10h30
VENDREDI 16 JUIN – Sacré Cœur de Jésus – Solennité
- Messe à 10h
DIMANCHE 18 JUIN – 11ème dimanche du temps ordinaire
- Messe à 10h30
SAMEDI 24 JUIN – Nativité de Saint Jean Baptiste – Solennité
- Messe à 10h
JEUDI 29 JUIN – Saint Pierre et Saint Paul – Solennité
- Messe à 10h
N.B. – tous les lundis, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Juin-2023
Mai – L’esprit d’abandon
Mois de Mai
« En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5)
Ecoutons le Bienheureux Columba Marmion – L’esprit d’abandon –
Le Christ, idéal du moine (extraits)
Notre sainteté est d’ordre essentiellement surnaturelle. Tous les efforts réunis de la nature ne peuvent produire un acte surnaturel, un acte qui ait quelque proportion avec notre fin, laquelle est la vision béatifiante de l’adorable Trinité. (…) Mais Dieu, qui accomplit toutes ses œuvres avec une infinie sagesse, nous a donné, dans la grâce, le moyen de réaliser en nous ses desseins divins.
Sans la grâce, ‒ et cette grâce ne vient que de Dieu, ‒ nous sommes incapables de faire quoi que ce soit pour arriver à notre fin surnaturelle ; S. Paul nous dit que, sans elle, nous ne pouvons avoir une bonne pensée qui nous soit comptée comme digne de la béatitude éternelle (cf. 2 Co 3,5). C’est l’écho de la parole du Christ : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5), vous ne pouvez atteindre le but suprême ; vous ne pouvez devenir des saints. Le Christ Jésus nous a commenté lui-même cette vérité : il nous a dit qu’il est la vigne et que nous sommes les branches ; pour produire des fruits, il faut que nous lui restions unis par la grâce, afin que, tirant de lui la sève surnaturelle, nous puissions rapporter à son Père des fruits qui lui soient agréables.
Vous voyez par là la nécessité où est l’âme de ne pas s’écarter de Dieu, source de la grâce sans laquelle nous ne pouvons rien. Mais, bien plutôt, nous devons nous livrer à lui sans réserve, car « avec cette grâce nous pouvons tout » (…). Il n’est pas d’œuvre honnête, si banale ou si ordinaire soit-elle, qui, faite sous l’inspiration de la grâce, ne puisse contribuer à nous faire parvenir à cette exaltation suprême qu’est la vision béatifique ; car « tout concourt au bien de ceux que Dieu appelle à vivre en union avec lui » (Rm 8,28).
Bienheureux Columba Marmion – L’esprit d’abandon – Le Christ, idéal du moine (extraits) – P. 501-502
Solennités en mai
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SAMEDI 13 MAI – Notre-Dame de Fatima – Mémoire
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
JEUDI 17 MAI – Solennité de l’Ascension du Seigneur
Horaire du dimanche, messe à 10h
DIMANCHE 27 MAI – Solennité de la Pentecôte
Horaire habituel du dimanche, messe à 10h
MERCREDI 31 MAI – Solennité de la Visitation de la Vierge Marie
Horaire du dimanche, messe à 10h
N.B. – tous les lundis, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Mai-2023
Avril – Résurrection
Mois d’Avril
« Grandir dans l’expérience de la Résurrection »
Bienheureux Guerric d’Igny – Sermon 3 pour la Résurrection (extraits)
Le texte qui suit est de Guerric d’Igny. Entré au monastère de Clairvaux vers 1120, Guerric devint en 1138 le père abbé du monastère de Igny (à 20 km de Reims). Il a toujours été considéré comme un maître de sagesse, un maître spirituel, qui peut aujourd’hui encore nous aider dans notre combat spirituel.
Introduction : Le mystère de la résurrection de Jésus n’est pas seulement un mystère qui s’imposerait à nous de l’extérieur, comme un fait historique objectivement présent devant nous. La question que rencontre ici Guerric d’Igny est celle de notre participation : comment pouvons-nous avoir part à la résurrection, en éprouver la force en notre vie ?
La réponse de Guerric s’appuie sur l’Écriture. Les diverses rencontres des disciples avec le Ressuscité durant les quarante jours avant son départ définitif, nous suggèrent comment nous-mêmes nous pouvons rencontrer le Ressuscité durant le temps de notre vie terrestre. Ce qui s’est passé historiquement et de manière sensible en ces quarante jours nous dit ce qui se passe aujourd’hui pour nous spirituellement, mais tout aussi réellement.
Trois récits évangéliques forment la trame du sermon, ils sont appliqués à la vie concrète de la communauté monastique, à la fois vie de prière et vie de travail. Il peut nous être donné de vivre comme Madeleine la rencontre du Ressuscité, si comme elle et avec elle nous veillons assidûment dans la prière. Mais nous pouvons tout autant vivre la rencontre du Ressuscité dans nos activités : il nous est donné alors de revivre pour notre compte l’expérience que font sur le chemin les femmes ou les disciples d’Emmaüs (le chemin évoque pour Guerric le chemin de « la vie active », les allées et venues du travail, l’engagement moral).
Ce texte témoigne du regard que portaient sur le travail les cisterciens sur le travail. Rien n’est pour eux profane : le travail peut, aussi bien que la prière, être un lieu d’étreinte ou d’écoute du Seigneur. Nous percevons ici un écho des querelles de l’époque : face aux critiques des bénédictins, les cisterciens s’efforcent de justifier la place nouvelle qu’ils donnent au travail manuel.
En ce sermon se vérifie aussi de manière remarquable ce trait caractéristique de l’exégèse patristique jusqu’au XIIe siècle : l’expérience mystique est intelligence mystique de l’Écriture.
Heureux et saint, celui qui a part à la première résurrection (Ap 20, 6)
Veiller dès le matin…
1 […] Mes frères, je vous le demande, n’est-il pas semblable à un mort, celui qui dort encore, alors que le Soleil est déjà levé ? Celui qui est encore accablé par la négligence et l’indolence, et pour ainsi dire enseveli dans une torpeur sans espérance, alors que déjà brille partout la grâce de la Résurrection ? Le Soleil nouveau, sortant des enfers, frappe les yeux de ceux qui dès le matin veillent pour lui (Is 26, 9), et il inaugure pour eux le Jour de l’éternité. […]
…comme Marie-Madeleine
2.2 Mais toi aussi, si tu veilles chaque jour aux portes de la Sagesse et fais le guet au seuil de sa demeure (Pr 8, 34), et si avec Madeleine, tu montes la garde sans dormir à la porte de son tombeau (Jn 20, 11), alors, si je ne me trompe, tu éprouveras toi aussi, avec cette même Marie, combien est vrai ce qu’on lit au sujet de la Sagesse en personne, qui est le Christ : Elle se laisse voir facilement par ceux qui l’aiment, et elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle va au-devant de ceux qui la désirent pour se montrer à eux la première. Qui veillera pour elle dès l’aurore n’aura pas à peiner, car il la trouvera assise devant sa porte (Sg 6, 13-15). Et lui-même a fait promesse semblable : J’aime ceux qui m’aiment, et ceux qui veillent pour moi dès le matin me trouveront (Pr 8, 17).
2.3 Certes, c’est corporellement que Marie trouva Jésus, lui pour qui elle veillait, et vers le tombeau de qui elle était venue alors qu’il faisait encore nuit (Jn 20, 1). Mais toi, tu ne dois plus désormais connaître Jésus selon la chair (2 Co 5, 16), mais selon l’Esprit. Tu pourras assurément le trouver spirituellement, si tu le cherches avec un désir semblable (à celui de Marie), et s’il te voit comme elle veiller assidûment dans la prière.
2.4 Aussi, dis au Seigneur Jésus, avec le désir et l’amour de Marie : Mon âme t’a désiré durant la nuit, et mon esprit au-dedans de moi t’a cherché. Dès le matin, je veillerai pour toi (Is 26, 9). Dis avec l’accent et le cœur du psalmiste : Dieu, mon Dieu, je veille pour toi dès l’aurore, mon âme a soif de toi (Ps 62, 2). Et vois s’il ne te sera pas donné de chanter avec eux : Au matin nous avons été comblés par ta miséricorde ; nous avons exulté et nous avons goûté la joie (Ps 89, 14).
Veiller, pourquoi ?
3.1 Veillez donc, mes frères, avec attention dans vos prières, veillez avec grand soin dans vos actions. Veillez surtout parce que déjà brille le matin du Jour sans déclin : la Lumière éternelle nous est revenue des enfers plus sereine et plus favorable, et l’aurore nous a apporté un Soleil nouveau. Oui, voici désormais pour nous l’heure de sortir de notre sommeil, car la nuit est avancée, le Jour est tout proche (Rm 13, 11-12).
3.2 Veillez, dis-je, pour que pour vous se lève la Lumière matinale, c’est-à-dire le Christ. Son lever est sûr comme l’aurore (Os 6, 3), et il est prêt à renouveler souvent le mystère de sa Résurrection matinale pour ceux qui veillent pour lui. Alors vraiment tu pourras chanter, le cœur en fête : Dieu, le Seigneur, nous illumine. Voici le Jour que le Seigneur a fait : tressaillons d’allégresse et réjouissons-nous en ce Jour (Ps 117, 27.24). Cela lorsque le Seigneur aura laissé filtrer pour toi la lumière qu’il tient cachée en ses mains, annonçant à son ami qu’elle est son bien et qu’il peut monter vers elle (Job 36, 32 Vg). […]
Veiller sur les chemins de l’action
3.4 Mais pour vous qui craignez mon nom, dit-il, le Soleil de justice se lèvera (Ml 4, 2). Et celui qui marche dans la justice, ses yeux verront le Roi dans sa beauté (Is 33, 15 et 17). Assurément, il s’agit ici de la béatitude de la vie future. Mais, dans une certaine mesure, cela nous est accordé aussi pour notre consolation dans la vie présente, comme la Résurrection du Christ le prouve avec évidence. En effet, pendant quarante jours, maintes preuves nous furent données (Ac 1, 3) par la Sagesse de ce qu’elle cherche de tous côtés des gens qui sont dignes d’elle, et se montre à eux sur ses chemins avec un visage souriant, se portant avec sollicitude à leur rencontre (Sg 6, 17).
3.5 Jésus, voulant montrer qu’il est la Sagesse dont parle l’Écriture, et voulant aujourd’hui manifester également de manière corporelle ce qu’il ne cesse de faire chaque jour spirituellement – à savoir : se montrer à nous le visage souriant sur les chemins de la justice -, Jésus donc aujourd’hui va sur le chemin au-devant des femmes qui reviennent du tombeau (Mt 28, 9), et sur le chemin encore il se montre aux deux disciples qui vont à Emmaüs.
4.1 Qu’ils l’apprennent et s’en réjouissent, ceux qui marchent sur les chemins de la justice. Qu’ils l’apprennent, dis-je, car ce n’est pas seulement ceux qui s’appliquent, immobiles, à la contemplation, que Jésus favorise de sa venue et de sa manifestation, mais aussi ceux qui marchent avec justice et tendresse sur les chemins de la vie active.
- a) …comme les femmes qui reviennent du tombeau
4.2 Certains d’entre vous, si je ne me trompe, le savent par expérience. Souvent, ayant cherché Jésus auprès des autels des chapelles comme auprès du tombeau, ils ne l’ont pas trouvé ; et voici que, de façon inespérée, il est venu à eux sur le chemin de leurs travaux. Alors, ils se sont approchés de lui et lui ont saisi les pieds (Mt 28, 9), eux qui dans leur désir de lui, n’avaient pas eu les pieds entravés par la paresse. Il ne faut donc pas, mon frère, trop épargner à tes pieds les chemins de l’obéissance et les allées et venues du travail, puisque Jésus pour toi n’a pas épargné à ses pieds la souffrance des clous, et maintenant ne refuse pas de récompenser et réparer les fatigues des tiens en te permettant d’étreindre et d’embrasser les siens.
- b) …comme les disciples allant à Emmaüs
4.3 D’autre part, quelle consolation encore pour toi, s’il vient se joindre à toi comme compagnon de route, et si la joie merveilleuse de sa conversation va jusqu’à t’enlever la sensation de ta fatigue, tandis qu’il t’ouvre l’esprit pour que tu comprennes ces textes de l’Écriture que peut-être tu lisais mais ne comprenais pas quand tu étais assis à la maison ! Je vous le demande, frères, vous à qui Dieu a daigné parfois en accorder l’expérience : votre cœur n’était-il pas brûlant en vous pour Jésus, tandis qu’en chemin il s’entretenait avec vous et vous ouvrait les Écritures (Lc 24, 32) ?
4.4 Ceux qui en ont fait l’expérience, qu’ils se la rappellent, et qu’ils chantent sur les chemins du Seigneur : Qu’elle est grande, la gloire du Seigneur (Ps 137, 5) ! Ceux qui ne l’ont pas faite, qu’ils croient et s’efforcent d’expérimenter à leur tour, pour qu’eux aussi puissent un jour chanter les interventions du Seigneur sur la terre d’exil et d’affliction (Ps 118, 54).
Conclusion
5.1 Que ressuscite donc et se mette à revivre l’esprit de chacun de nous, soit pour nous adonner en toute vigilance à la prière, soit pour nous appliquer assidûment au travail. Ainsi, en faisant preuve d’une énergie vive et renouvelée, nous prouverons que nous avons à nouveau reçu d’avoir part à la Résurrection du Christ (Ap 20, 6).
5.7 […] Efforcez-vous donc de ressusciter de plus en plus, mes frères, afin de parvenir, s’il est possible, comme dit l’Apôtre, jusqu’à la Résurrection du Christ d’entre les morts (Ph 3, 11), lui qui vit et règne dans tous les siècles. Amen.
Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157) – abbé cistercien – 3ème Sermon pour la Résurrection, (extraits)
Texte intégral – 3ème Sermon pour la Résurrection (extraits)
Solennités en avril
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DIMANCHE 2 AVRIL – Dimanche des Rameaux et de la Passion
– 10h00 : Messe
JEUDI 6 AVRIL – Jeudi Saint
– 17h00 : Messe et Procession au Reposoir
VENDREDI 7 AVRIL – Vendredi Saint
– 15h00 : Célébration de la Passion du Seigneur
SAMEDI 8 AVRIL – Samedi Saint
– 22h00 : Vigile Pascale
DIMANCHE 9 AVRIL – Dimanche de Pâques
– 10h00 : Messe
LUNDI 10 AVRIL – Lundi de Pâques
Horaire du dimanche, messe à 10h
SAMEDI 15 avril – Octave de Pâques
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
LUNDI 24 AVRIL – Férie
Messe à 11h
SAMEDI 29 AVRIL – Sainte Catherine de Sienne – Fête
Messe à 10h30
N.B. – tous les lundis (sauf le 10), jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Avril-2023
Solennités en mars
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SAMEDI 11 MARS – Férie
– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres
LUNDI 20 MARS – Solennité de Saint Joseph
Horaire du dimanche, messe à 10h
MARDI 21 MARS – Transitus de Saint Benoît – Fête
Messe à 10h15
SAMEDI 25 MARS – Annonciation du Seigneur – Solennité
Horaire du dimanche, messe à 10h
N.B. – tous les lundis (sauf le 20), et mardi 21, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h
Calendrier du mois : Messes-Mars-2023
Mars – Auprès de ton coeur
Mois de Mars
« Auprès de ton cœur »
Ecoutons Saint Raphaël Arnaiz Baron – Le dernier cahier (extraits)
Dieu et sa volonté sont la seule chose qui occupe ma vie. Ce qui auparavant était désir véhément, par sa miséricorde infinie, se tempère peu à peu. Comme la grâce de Dieu est immense, quand peu à peu Il emplit une âme. Comme peu à peu se précise de plus en plus la vanité de tout ce qui est humain, et comme on parvient au contraire à se convaincre qu’en Dieu seul se trouve la sagesse véritable, la paix véritable, la vie véritable, l’unique nécessaire et l’unique amour et désir de l’âme.
L’autre jour, j’étais avec le Révérend Père Abbé. Je suis allé lui demander de me concéder une pénitence pour ce saint temps du Carême, chose qu’il me refusa, et à la place, il me dit que le jour de Pâques, il me donnerait la coule monacale et le scapulaire noir. Quelle joie j’éprouvai, Bon Jésus ! J’aurais embrassé le Révérend Père Abbé. Il est trop bon avec moi.
Quel désir j’avais depuis déjà un certain temps de pouvoir revêtir la coule. Quel grand bonheur me donna la pensée de ce que, à brève échéance, je ne me distinguerais en rien d’un vrai religieux. Mais après avoir été rendre grâce au Seigneur pour cette grâce, je vis clairement qu’en moi, c’est vanité. J’ai vu que c’est un honneur que me fait la communauté, et cela me désole plus qu’autre chose. Ah ! S’il m’avait donné l’habit de convers, comme je le lui ai suggéré, ç’aurait été autre chose. Mais ça m’est égal : en marron ou en blanc, avec ou sans coule, je suis le même devant Dieu. Tout ce qui est extérieur m’est indifférent. Je veux seulement aimer Dieu, et je le fais à l’intérieur et sans que les hommes s’en aperçoivent. Cela m’est égal, Seigneur, de connaître l’honneur ou le mépris. La joie vaine et un peu infantile de revêtir la coule s’est déjà calmée. J’aimerais, Seigneur, que rien au monde ne me trouble, ni aucune des créatures ne m’enlève la paix et la tranquillité de n’aimer que ta volonté. Et je vois ainsi, Seigneur, que tout est vanité. Tu n’es ni dans l’habit, ni dans la couronne. Alors ? Tu n’es, Seigneur, que dans le cœur détaché de tout.
Bon Jésus, mon divin Bien-aimé, Tu as tes délices. Ah ! Seigneur, que vais-je dire ? Tu as tes délices dans le cœur de l’homme. Je T’offre le mien. Laisse-moi faire ma cellule dans le tien. Laisse-moi faire ma couche auprès de toi. Laisse-moi vivre seul et nu de tout auprès de ton Cœur Divin, et me moquer des habits, des couronnes, et… des barbes de tous les convers du monde. Je serai toujours le même pour Toi, n’est-ce pas, Jésus ?
Comme le monde est ignorant et puéril ! Quelle joie nous procure un chiffon et quelle tristesse un nuage ! Avec quelle facilité nous considérons-nous heureux d’une puérilité, et sommes-nous abattus et désespérés avec une autre ! Comme nous sommes peu de chose…, comme nous vivons sur le plan extérieur, sans penser que tout n’est rien, excepté de T’aimer et de Te servir, Toi, mon Jésus ! Guenon de soie vêtue… guenon demeure !
J’aimerais, Seigneur, passer ce Carême à mourir peu à peu de tout ce qui me manque encore, pour ne vivre que pour Toi. Pour qu’un jour, Tu me laisses, Seigneur, pénétrer par la plaie de ton côté, et m’y faire une cellule auprès de ton Divin Cœur. Me le permettras-tu ? Je le demande avec ferveur à la Très Sainte Vierge Marie.
Un jour où la petite croix que Jésus m’envoyait me semblait bien grande, un jour où, en pensant à ce qui me reste de vie, cette vie de trappiste, enfermé ici pour toujours, cela me paraissait bien long, un jour où je souffrais parce que mon chemin me paraissait long et pénible, j’ai lu des mots qui me disaient : « Rien de ce qui a une fin n’est grand ».
Saint Raphaël Arnaiz Baron – Le dernier cahier – 8 mars 1938 (extraits)
Cistercien, au monastère de Saint-Isidore de Dueñas, en Espagne. Béatifié le 27 septembre 1992 par Jean-Paul II – Canonisé le 11 octobre 2009 à Rome par Benoît XVI.
Février – Préparer le Carême
Mois de février
« Celui qui est enfant de Dieu, écoute la parole de Dieu »
Ecoutons Saint Bernard
Premier Sermon pour le dimanche de la Septuagésime (extraits)
Mes frères, je trouve une grande consolation dans ces paroles du Seigneur : « Celui qui est enfant de Dieu, écoute la parole de Dieu » (Jn 8, 47). C’est donc pour cela que vous l’écoutez si volontiers, c’est parce que vous êtes des enfants de Dieu.
[…] Qui peut dire : moi, je suis du nombre des élus, je compte parmi les prédestinés à la gloire éternelle ; je suis un des enfants de Dieu ? Oui, je le demande, qui est-ce qui peut parler de la sorte, surtout quand on entend l’Écriture protester en ces termes : « Personne ne sait s’il est digne d’amour ou de haine » (Qo 9, 1). Il est certain que nous ne sommes point assurés de notre salut ; mais l’espérance, qui s’appuie sur la foi, nous console et empêche que nous ne soyons torturés par l’inquiétude et le doute, à ce sujet. Aussi, nous a-t-il été donné des indices et des signes si manifestes de salut, qu’il n’est pas permis de douter que ceux en qui ils se rencontrent ne soient du nombre des élus. Oui, c’est pour cela que ceux qu’il a connus dans sa prescience, Dieu les a aussi prédestinés pour devenir conformes à l’image de son Fils, de sorte que, ceux à qui il refuse la certitude à cause de sa sollicitude pour eux, il accorde la confiance en leur donnant la consolation. Aussi, voilà pourquoi nous devons toujours être inquiets et nous humilier avec crainte et tremblement sous la main puissante de Dieu ; car si nous pouvons savoir, en partie du moins, ce que nous sommes maintenant, il nous est impossible de prévoir ce que nous serons un jour. Que celui donc qui est debout prenne toujours garde de tomber, et qu’il s’efforce de persévérer, et même de s’affermir par de nouveaux progrès dans le genre de vie qui est un indice et une preuve de prédestination. […]
Aujourd’hui, mes frères, nous célébrons le commencement de la Septuagésime, dont le nom est assez connu dans l’Église entière. […] Quand serons-nous libérés de notre servitude ? Quand Jérusalem, cité sainte, sera-t-elle restaurée ? Ce sera sans doute à la fin de cette septuagésime, qui se compose d’une dizaine multipliée par sept, en raison des dix commandements et des sept obstacles qui freinent notre marche dans l’obéissance à ces commandements.
Le premier obstacle que nous rencontrons et qui absorbe une partie de notre temps, ce sont les nécessités de ce misérable corps ; qui doute, en effet, que nous soyons fréquemment détournés des exercices spirituels, par le besoin de prendre du sommeil, de la nourriture, des vêtements et le reste ? En second lieu, nous sommes encore retenus par les vices de l’âme, tels que la légèreté, les soupçons, les mouvements d’impatience et d’envie, le désir d’être loué et le reste, que nous éprouvons tous les jours en nous. Le troisième et le quatrième obstacle consistent dans les prospérités et dans les adversités de ce monde. Car, de même que le corps, parce qu’il est corruptible, appesantit l’âme, ainsi notre habitation terrestre pèse, sur un esprit qui songe à mille choses à la fois (Sag 9, 15). Prenez donc doublement garde de tomber dans les filets de la tentation, et cherchez les armes de la justice, pour la repousser, à droite et à gauche. Le cinquième, le plus grave et le plus redoutable obstacle, se trouve dans l’ignorance. En mille circonstances, en effet, nous ne savons point ce que nous devons faire, si bien que nous ignorons même ce que nous devons demander à Dieu dans la prière, pour le prier comme on doit le faire (Rm. 8, 26). Le sixième obstacle est la présence de notre ennemi, qui tourne autour de nous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer (1 P 6, 8). Plût au ciel que nous en fussions quittes pour ces six obstacles à surmonter, et que le septième ne nous atteignit point, et que nous n’eussions aucun péril à redouter des faux frères. Oui, plût à Dieu que nous n’eussions à essuyer d’assaut, que des esprits malins avec leurs suggestions, et que les hommes ne pussent nous nuire par leurs pernicieux exemples, par leurs conseils importuns, par leurs paroles flatteuses ou médisantes, et de mille autres manières encore. Vous voyez combien il nous est nécessaire, pour triompher de ces sept obstacles qui s’opposent à notre marche, que nous soyons aidés des sept dons du Saint-Esprit. C’est donc à cause de ces sept obstacles, qui nous retardent dans l’observance du Décalogue, que nous passons le temps dans les larmes de la pénitence, le temps de la Septuagésime, pendant lequel nous cessons de chanter le solennel Alléluia, et nous reprenons, dès le commencement, la lamentable histoire de la chute de l’homme.
Texte intégral – Saint Bernard – Premier sermon pour le dimanche de la Septuagésime
- Premier sermon pour le dimanche de la Septuagésime
Extraits – ARCCIS
- Premier sermon pour la Septuagésime