Février – Entrée en Carême

VOICI LE CAREME
Ecoutons St Bernard nous dire comment vivre CE TEMPS DE GRACE.

3ème SERMON pour le CAREME (extraits)

Mes bien-aimés, je vous conjure d’observer avec toute la dévotion possible le jeûne quadragésimal ; sachez que notre ennemi usera de tous les moyens pour amoindrir notre holocauste, le priver du mérite de la piété, le rendre moins agréable à Dieu, pour empêcher notre âme de goûter les joies spirituelles et pour l’affaiblir. Avertis de ses ruses, tenons-nous sur nos gardes contre Satan, et rappelons-nous que Dieu aime ceux qui donnent avec joie.

Ils se trompent étrangement les hommes qui croient que ce peu de jours suffisent pour faire pénitence, puisqu’il est certain que tout le temps de notre vie doit y être consacré : « Cherchez le Seigneur », dit Isaïe, non seulement pendant quarante jours, mais « tandis qu’on peut le trouver ; invoquez-le, tandis qu’il est proche. » Quœrite Dominum, dum inveniri potest : invocate eum, dum prope est (Is. LV, 6).

Nous devons néanmoins mes chers frères, chercher le Seigneur avec une plus grande ardeur durant ce saint temps de carême. qui n’est pas seulement une partie de notre vie, mais comme la figure de ce que doit être notre vie entière.

C’est pourquoi il est juste que ceux qui se seraient acquittés avec tiédeur de leurs devoirs dans le cours de l’année, se raniment aujourd’hui dans la ferveur de l’esprit. Que si la bouche seule a péché, que seule elle jeûne, et cela suffit. Mais, si tous les autres membres ont péché, pourquoi ne jeûneraient-ils pas aussi ?

Que l’œil donc jeûne, puisqu’il a porté le ravage dans l’âme ;

Que l’oreille jeûne, que la main jeûne, que l’âme elle-même jeûne également.

Que l’œil jeûne des regards curieux et de toute dissipation, afin qu’humblement baissé, il se contienne dans la pénitence, lui qui, trop libre,  vagabondait dans le péché.

Que l’oreille jeûne des fables, des nouvelles, de toutes choses oiseuses et qui n’intéressent nullement le salut.

Que la langue jeûne de la médisance et du murmure, de toutes les paroles superflues, vaines, contraires à la gravité, et même parfois, à cause de l’importance du silence, de celles qui auraient pu paraître nécessaires. Que la main jeûne de tout signe inutile, de toute œuvre que l’obéissance ne prescrit point ; mais surtout que l’âme jeûne du péché et de sa propre volonté !

Car, sans ce dernier jeûne, tous les autres sont rejetés de Dieu, selon ce qui est écrit: «  Voici qu’au jour de votre jeûne se trouve votre volonté. » Ecce in die jejunii vestri invenitur voluntas vestra (Is. LVIII, 3)


Extrait du 3ème sermon pour le carême : « Du jeûne quadragésimal»
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