Mars – Au coeur du Carême

AU COEUR DU CAREME

NOTRE PECHE ET LE PARDON

 

ECOUTONS GUERRIC

CONTEMPLONS CE MAGNIFIQUE TABLEAU
(Rembrandt, vers 1667)

ILLUSTRANT LA PARABOLE DU PERE MISERICORDIEUX

 

 

EXTRAITS DU « SERMON POUR LE SAMEDI DE LA 2ème SEMAINE DE CARÊME SUR L’ENFANT PRODIGUE »

GUERRIC D’IGNY ABBE CISTERCIEN (vers 1080-1157)

 

Heureuse humilité de qui fait pénitence, bienheureuse confiance de qui s’accuse, comme tu es puissante auprès du Tout-Puissant ! Comme tu vaincs facilement l’Invincible ! Comme tu as vite fait de changer le Juge redoutable en un très tendre Père !

Nous avons aujourd’hui entendu, à notre grande édification, l’histoire de l’enfant prodigue : son misérable exil, ses larmes de repentir, le glorieux accueil qui lui fut fait. Ce prodigue, si gravement coupable, n’avait pas encore confessé sa faute, mais s’était seulement décidé à la confesser; il n’avait pas encore fourni de satisfaction, mais s’était seulement disposé à la fournir. Or ce seul bon propos d’une humilité à peine conçue lui a mérité sur-le-champ le pardon qu’il faut si longtemps poursuivre de ses souhaits, implorer de ses larmes, solliciter de ses instances ! Au larron sur la croix, le seul aveu valut d’être absous; à celui-ci, la seule résolution d’avouer !

A chaque moment, la miséricorde s’est faite prévenante: elle avait prévenu la décision d’avouer, en l’inspirant; elle a prévenu  de même la parole d’aveu, en faisant grâce de ce qu’il fallait avouer. « Tandis qu’il était encore loin, dit le texte, son père l’aperçut; il fut touché de compassion, courut au-devant de lui, se jeta à son cou et l’embrassa. »

A prendre le récit à la lettre, le père était plus pressé d’accorder le pardon à son fils que celui-ci de le recevoir ! Si grande était sa hâte de libérer le coupable de son remords qu’on dirait que ce père miséricordieux souffrait plus de sa commisération que son misérable fils ne souffrait de sa propre misère ! En parlant ainsi, nous n’entendons pas prêter des sentiments humains à Celui dont la nature est immuable; nous voulons seulement que notre amour se fasse plus tendre envers la souveraine Bonté dont nous apprenons par cette parabole humaine qu’elle nous aime plus que nous ne nous aimons nous-mêmes.

Note : dans la liturgie actuelle, cette parabole ( Luc 15, 1-3.11-32) se trouve au 4ème dimanche de carême, année C, cette année le 10 mars