Octobre – Mois du Rosaire

MOIS D’OCTOBRE

ND-Paris-380

Vierge à l’Enfant – XIVe – Notre Dame de Paris

MOIS DU ROSAIRE

(2ème) MOIS DE MARIE

« De Marie, on ne parlera jamais assez » dit St Bernard.

Ecoutons alors un cistercien, Guerric d’Igny, disciple de St Bernard, et comme lui, fervent de Marie.

Sermon du Bienheureux Guerric
«Marie, Mère des chrétiens»

Ô Marie, tu ne seras plus désormais, selon le mot du Seigneur, appelée « la délaissée», ta terre ne sera plus nommée « la désolée», comme si ta virginité entrainait pour toi la stérilité; mais tu seras appelée « ma Volonté – autrement dit mon Fils bien-aimé – en elle », car le Seigneur a mis en toi ses complaisances, et ta terre sera habitée. « Car, en effet, un enfant habitera dans une vierge, et ton fils habitera en toi », ou, pour mieux dire et ne pas nous écarter de la parole de l’Écriture : « Tes fils habiteront en toi. » (Is. 62, 5)…

Cette Vierge qui seule est vierge et mère, qui a le glorieux privilège d’avoir mis au monde le Fils unique du Père, embrasse dans ce Fils unique tous les membres de son Fils, et voyant tous ceux en qui son Christ est formé et connaissant ceux en qui il se formera, elle ne rougit pas d’être nommée la mère des uns et des autres.

Cette bienheureuse Mère du Christ se sait Mère des chrétiens en raison d’un mystère; par sa sollicitude, comme par sa tendre affection, elle se montre leur mère. Car elle ne se fait pas un cœur dur à l’égard de ses enfants comme s’ils n’étaient pas à elle : ses entrailles ont bien pu n’être fécondées qu’une fois, jamais elles ne cessent d’être fécondes, de produire des fruits de bonté…

Constate d’ailleurs de tes yeux si ses enfants ne reconnaissent pas en elle leur mère, quand, par cette sorte d’instinct filial que leur donne la foi, dans un élan spontané et irrésistible, dès qu’ils se trouvent aux prises avec quelque besoin ou difficulté, ils courent se blottir contre elle en invoquant son nom, comme de petits enfants contre le sein de leur mère.

Voilà pourquoi je pense qu’on peut fort bien appliquer à ses enfants cette promesse du Prophète : «Tes fils habiteront en toi », tout en maintenant évidemment que cette prophétie concerne avant tout l’Église. De fait, actuellement, nous habitons sous la garde de la Mère du Très-Haut, nous avons notre toit sous sa protection, comme si nous étions cachés à l’ombre de ses ailes; et plus tard, quand nous partagerons sa gloire, nous nous blottirons contre son sein. Alors tous ses enfants, le cœur débordant d’allégresse et de reconnaissance, n’auront plus qu’une voix pour chanter : «Ainsi notre demeure à nous les bienheureux, c’est en toi, sainte Mère de Dieu, que nous l’avons !»

Qui donc oserait croire que c’est une plus grande félicité, une plus grande gloire, d’habiter dans le sein d’Abraham que dans le sein de Marie, ce lieu où le Roi de gloire a élevé son trône ! 

Extrait du sermon 1 pour l’Assomption
Texte intégral

 

Qui est Guerric d’Igny – Abbé cistercien (vers 1080 – 1157)

La naissance de Guerric se situe entre 1070 et 1080 à Tournai, donc 10 à 20 ans avant celle de Bernard. Il reçoit son éducation à l’école cathédrale de Tournai : humanité, dialectique et théologie, ce qui lui vaudra un talent d’écrivain bien formé et développé. Sans doute bénéficiera-t-il de l’enseignement d’un maître fameux, Odon de Cambrai. Sans doute aussi sera-t-il chanoine de la cathédrale et chargé de l’école cathédrale. Mais, en 1116, il décide de mener la vie érémitique et se retire dans une petite maison, à proximité de l’église. Il entend parler de saint Bernard par deux de ses amis et visite Clairvaux en 1120, sans avoir l’intention d’y rester. Mais Bernard qui reconnaît en lui l’étoffe d’un bon moine, le presse d’entrer. Le voici novice à Clairvaux, un novice plus âgé que son abbé, et sur le plan humain, doté de plus d’expérience et de maturité. Guerric reste 13 ans à Clairvaux, période qui coïncide avec le plein épanouissement des dons de Bernard et sa meilleure production littéraire. Puis vers 1138, il est envoyé à Igny, en Champagne, qui a été fondée en 1128, et il en devient abbé. Il a environ 60 ans. Sa mauvaise santé le rend incapable de mener la vie commune et de prendre sa part du travail manuel. Il le regrette, car il voit dans cette observance du travail des mains une des voies où l’on rencontre Jésus. Sous l’abbatiat de Guerric, Igny prospère, les vocations arrivent nombreuses. Pourtant c’est uniquement à son œuvre, à ses sermons que sera due l’influence postérieure de Guerric qui meurt en 1157. Nous n’avons de Guerric que le recueil de ses sermons. Tous, sauf le dernier, ont pour sujet les fêtes de l’année liturgique. Guerric y insiste sur les mystères liturgiques et sur la formation du Christ en l’âme de ceux qui y participent. En maints endroits, il reprend l’idée origénienne de la conception et de la naissance du Christ en l’âme. En recevant les sacrements et en imitant le Seigneur, nous le faisons naître en nous. L’âme devient alors « Mère du Christ », et Celui-ci nous donne la vraie vie en communiquant l’Esprit qui procède du Père et de lui.

Voir également la page « Quelques auteurs cisterciens »