Décembre – Noël

MOIS DE DĖCEMBRE

creche-de-Bayonne

Crèche de Bayonne – XVe – Peinture école italienne

PAIX ET JOIE

MOIS DE LA NATIVITĖ du SEIGNEUR JĖSUS

Mais où ? dans une crèche !

Et les Anges ont chanté :

« GLOIRE A DIEU ! » « PAIX SUR TERRE ! »

Et nous, extasions-nous avec Guerric d’Igny

Sermon du Bienheureux Guerric

«Un enfant est né pour nous»

Oui, pour nous, car ce n’est ni pour lui, ni pour les anges. Ce n’est pas pour lui.. Cette naissance en effet ne lui donnait ni l’existence ni une existence meilleure, puisque avant de naître dans le temps, de toute éternité il était et était à lui-même sa parfaite béatitude,

Dieu parfait né du Dieu parfait. Ce n’est pas non plus pour les anges, puisqu’il n’y avait pas à réparer pour l’ange demeuré debout dans la vérité, et puisque la chute de l’ange déchu était irréparable. Voilà pourquoi Dieu n’a jamais pris la nature angélique, mais la nature des fils d’Abraham. Étant né Dieu pour lui-même, il est né petit enfant pour nous : en quelque sorte, il se quittait lui-même et franchissait d’un bond les anges pour venir jusqu’à nous et devenir l’un de nous ; s’anéantissant lui-même et s’abaissant au-dessous des anges, il se faisait notre égal. Alors que par sa naissance éternelle, il était sa propre béatitude et celle des anges, par sa naissance temporelle pour nous, il s’est fait notre rédemption, car il nous voyait peiner seuls sous l’antique tare de notre propre naissance.

Jésus enfant, qu’elle nous est heureuse, ta naissance, qu’elle nous est aimable !… Car à tous ceux qui t’ont reçu tu as donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Grâces soient rendues à ta gratuite et gracieuse nativité, ô fils de l’homme ! cette grâce en laquelle nous sommes établis, et nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire des fils de Dieu. Admirable échange assurément ! Assumant notre chair, tu nous fais don de ta divinité…

Mais veux-tu voir de tes yeux Dieu vidé de lui-même ?

Le voici couché dans une crèche. « C’est lui notre Dieu », dit Isaïe qui de si loin vit et reconnut la crèche de son Seigneur, mieux que cela, Dieu dans la crèche. «C’est lui notre Dieu », dit-il. – Où donc, je le demande ? – Là, répond-il, dans cette crèche. – Mais c’est un tout petit enfant que j’y découvre.  Est-ce bien là d’après toi celui qui dit : « Je remplis le ciel et la terre », bien mieux, celui dont la majesté se trouve à l’étroit dans toute l’étendue du ciel ? Je le vois enveloppé de langes.

Est-ce bien là, d’après toi, celui qui se vêt de la gloire et de la splendeur de la lumière inaccessible et qui se revêt de la lumière sans limite comme d’un manteau ?

Je l’entends qui pleure. Est-ce bien celui qui tonne dans les cieux, tandis qu’au tonnerre de sa voix les puissances angéliques replient leurs ailes ? – C’est exact, dit un autre prophète, répondant pour Isaïe ; parfaitement exact : c’est lui,notre Dieu, mais il s’est anéanti, vidé, pour te remplir, et il a voulu en quelque sorte défaillir pour te restaurer.

Extraits du 3ème sermon pour la Nativité
Texte intégral

 

Qui est Guerric d’Igny – Abbé cistercien (vers 1080 – 1157)

La naissance de Guerric se situe entre 1070 et 1080 à Tournai, donc 10 à 20 ans avant celle de Bernard. Il reçoit son éducation à l’école cathédrale de Tournai : humanité, dialectique et théologie, ce qui lui vaudra un talent d’écrivain bien formé et développé. Sans doute bénéficiera-t-il de l’enseignement d’un maître fameux, Odon de Cambrai. Sans doute aussi sera-t-il chanoine de la cathédrale et chargé de l’école cathédrale. Mais, en 1116, il décide de mener la vie érémitique et se retire dans une petite maison, à proximité de l’église. Il entend parler de saint Bernard par deux de ses amis et visite Clairvaux en 1120, sans avoir l’intention d’y rester. Mais Bernard qui reconnaît en lui l’étoffe d’un bon moine, le presse d’entrer. Le voici novice à Clairvaux, un novice plus âgé que son abbé, et sur le plan humain, doté de plus d’expérience et de maturité. Guerric reste 13 ans à Clairvaux, période qui coïncide avec le plein épanouissement des dons de Bernard et sa meilleure production littéraire. Puis vers 1138, il est envoyé à Igny, en Champagne, qui a été fondée en 1128, et il en devient abbé. Il a environ 60 ans. Sa mauvaise santé le rend incapable de mener la vie commune et de prendre sa part du travail manuel. Il le regrette, car il voit dans cette observance du travail des mains une des voies où l’on rencontre Jésus. Sous l’abbatiat de Guerric, Igny prospère, les vocations arrivent nombreuses. Pourtant c’est uniquement à son œuvre, à ses sermons que sera due l’influence postérieure de Guerric qui meurt en 1157. Nous n’avons de Guerric que le recueil de ses sermons. Tous, sauf le dernier, ont pour sujet les fêtes de l’année liturgique. Guerric y insiste sur les mystères liturgiques et sur la formation du Christ en l’âme de ceux qui y participent. En maints endroits, il reprend l’idée origénienne de la conception et de la naissance du Christ en l’âme. En recevant les sacrements et en imitant le Seigneur, nous le faisons naître en nous. L’âme devient alors « Mère du Christ », et Celui-ci nous donne la vraie vie en communiquant l’Esprit qui procède du Père et de lui.

Voir également la page « Quelques auteurs cisterciens »