Juillet – La raison de la foi

JUILLET – LA RAISON DE LA FOI

FOIfoi-raison-2016-07-500

RAISON

INTELLIGENCE

TROIS PARCOURS COMPLEMENTAIRES POUR CHERCHER DIEU

Ecoutons Gilbert de Hoyland

Sermon 4 sur le Cantique des Cantiques

LA RAISON DE LA FOI

Heureux le parcours de la raison, mais pour autant que celle-ci se maintienne à l’intérieur des règles de la foi, qu’elle n’en dépasse pas les limites et qu’elle aille de la foi à la foi ou de la foi à l’intelligence. Car l’intelligence, même si elle dépasse la foi, ne scrute pourtant rien d’autre que le contenu de la foi. L’intelligence, par rapport à la foi, ne comporte pas une plus grande certitude, mais une sérénité plus profonde. Aucune des deux n’erre ni n’hésite. Car là où se présentent l’erreur et l’hésitation, là n’est pas l’intelligence. Et là où se rencontre l’hésitation, là n’est pas la foi. Si la foi se montre capable d’admettre une erreur, elle n’est ni vraie ni catholique : ce n’est qu’une crédulité erronée.

La foi, si je puis dire, tient et possède la droite vérité ; l’intelligence, elle, scrute la vérité révélée dans sa nudité ; la raison enfin s’efforce de la révéler. La raison se situe donc, dans sa réflexion, entre la foi et l’intelligence : elle se dresse vers celle-ci mais sans se laisser régir par celle-là. La raison veut faire plus que de croire. Que veut-elle d’autre ? – concevoir. C’est une chose que de croire, une autre de discerner. Pourtant la raison ne cherche pas à concevoir autre chose que ce qu’elle saisit de la foi. Encore incapable de voir clairement, elle n’en tente pas moins, à partir d’expériences appropriées, de s’expliquer ce qu’a saisi la foi dans sa totalité. La raison s’efforce donc de dépasser la foi, mais en prenant appui sur la foi et en laissant celle-ci la retenir. D’abord elle s’avère spirituellement fervente, puis sur ses gardes, et en troisième lieu sobre. De la sorte – si je puis dire – la foi tient, la raison examine, l’intelligence regarde.

Heureux ce parcours dans lequel l’esprit, sous la conduite de la raison, s’avance en scrutant, mais sans s’éloigner de la foi – au contraire : instruit par elle et limité par elle. Car on se trompe absolument si l’on ne ramène pas tout à la norme de la foi et si l’on n’amende pas l’élan précipité de la raison pour l’amener à maturité.

Heureux parcours où la justice de Dieu se révèle de la foi à la foi. Heureux parcours où l’homme est transformé de gloire en gloire comme par l’Esprit du Seigneur. Heureux parcours où, dans l’oubli de ce qui est en arrière, on tend vers l’avant de tout son être dans le désir de saisir si possible. Oui, heureux parcours, non seulement lorsqu’on ne saisit pas toujours des réalités nouvelles et plus cachées, mais lorsque, dans un élan affectif toujours nouveau et jaillissant, on repasse en son esprit des réalités déjà perçues. Et non seulement lorsqu’on pénètre ce qui reste à découvrir, mais qu’on se souvient sans cesse de ce que l’on a déjà pénétré.

Extraits du sermon 4 sur le Cantique des Cantiques

Texte intégral

Qui est Gilbert de Hoyland

De nationalité anglaise, contemporain de Saint Bernard, Gilbert fut abbé de Swineshead, abbaye bénédictine qui passa à l’Ordre de Cîteaux en 1147. Il meurt en 1172 au monastère de Larivoir.

Son œuvre principale fut de poursuivre le « Commentaire du Cantique des Cantiques » que Bernard avait laissé inachevé en 1153. Aux 86 sermons de Bernard, il en ajouta 48 autres. Il laisse aussi 7 opuscules sur la prière, un bref sermon et 4 lettres.

Disciple fervent de Bernard, Gilbert en est un continuateur habile ; par son insistance sur l’amour, il reste bien dans le sillage de l’abbé de Clairvaux : il s’émerveille devant l’amour de Dieu qui est toujours premier et qui appelle notre réponse. À nous de nous laisser conformer au Christ progressivement. Pour lui, comme pour Bernard, l’expérience de la vie monastique doit conduire à l’expérience de Dieu ; elle est un moyen privilégié de connaissance immédiate de Dieu.

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