Mars – Le Seigneur sauve

MARS

Christ fidèleChrist-Rio-480

Christ modèle

Le Seigneur sauve…

Ecoutons Isaac de l’Etoile dans son sermon 15

Le Seigneur est fidèle et il ne permettra pas que les siens soient tentés au-delà de ce qu’ils peuvent porter, mais avec la tentation, il donne d’en tirer profit ; et si la tentation augmente, la vertu de patience augmente aussi, et par cela même augmente la récompense que gagne, seule, la persévérance. Aussi, frères, chaque fois que la tentation nous attaque, que ce soit celle qui provient de la maladie, de la pauvreté, d’une ascèse trop sévère, de l’exil qui se prolonge, de l’ennui dans une solitude si écartée et un silence profond, ou bien dans les tentations de tous genres qui sont innombrables, réveillons le Christ endormi, grâce à la lecture, la méditation, l’oraison.

Prêtons attention à l’enseignement de sa croix et de sa Passion subie pour nous. Mordus que nous sommes par le serpent qui rampe en bas, contemplons le Serpent suspendu en haut. Car, dit le bienheureux apôtre Pierre, « Le Christ a souffert pour nous, vous laissant un exemple afin que vous suiviez ses traces ». Trouvons donc là, mes bien-aimés non seulement un exemple à suivre, mais un contrepoison, pour qu’une fois mordus, nous ne mourions pas. Trouvons là non seulement la force d’avoir le courage de supporter les épreuves, mais aussi la grâce de persévérer ; trouvons-là non seulement le modèle pour la lutte, mais aussi l’énergie nécessaire pour parvenir à la victoire.

Ici cette colombe prudente et simple a fait son nid dans les trous de la pierre, dans les creux de la muraille. Ici « la tourterelle s’est trouvée un nid pour y mettre ses petits : tes autels, ô Seigneur des vertus », d’où monte une bien douce odeur de myrrhe et d’encens, comme il est écrit : « Un sacrifice à Dieu, c’est un cœur brisé ; le cœur brisé, contrit, Dieu ne le méprise pas ». Elle ne l’ignorait pas et savait bien où elle allait, celle qui disait : « J’irai à la montagne de la myrrhe, à la colline de l’encens ». Car sentant en elle-même la fatigue et le trouble, l’âme a commencé à se souvenir du Seigneur Jésus, c’est-à-dire de son propre Sauveur. Elle pense à lui, non pas du haut du ciel où il est monté vers la gloire qu’il a possédée auprès du Père, avant la création du monde, mais de la terre du Jourdain, c’est-à-dire de la montée, et « de l’Hermon, humble montagne où l’abîme appelle l’abîme ». Ce qui signifie que la mortification qui nous incombe, appelle comme modèle et secours la mort du Christ, que notre souffrance appelle sa souffrance, et notre patience sa patience.

C’est également sur cette montagne de la myrrhe que Paul fait monter ceux auxquels il dit : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée en Dieu avec le Christ ». Ainsi donc, au souvenir de notre Sauveur, et surtout de sa tendresse et de sa patience où il nous révèle son très grand amour à notre égard et nous en donne le modèle, résistons à la fatigue, tenons bon, immobiles devant les tentations de toutes sortes, associés pour lui à ses souffrances, afin d’être avec lui associés à sa gloire. Qu’il nous donne cette grâce lui-même, lui sans qui nous ne pouvons rien, lui en qui nous pouvons tout, lui qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

Isaac de l’Etoile – Sermon 15, 11.

Qui est Isaac de l’Etoile

De nationalité anglaise, né vers 1110, venu en France tout jeune pour achever ses études, Isaac entre sans doute à l’abbaye de Pontigny. En 1147, il devient abbé du monastère de l’Étoile, de la filiation de Pontigny, non loin de Poitiers. Puis on le trouve dans l’île de Ré, où le monastère de Notre-Dame des Châteliers, qu’il a fondé, vit dans une grande pauvreté. Il y meurt en 1178. Isaac est un homme cultivé, il a reçu une bonne formation littéraire, philosophique, théologique, il a beaucoup d’idées originales qu’il exprime de façon imagée.

Comme tout bon cistercien, Isaac a écrit un traité « De anima », mais son ouvrage le plus important, par lequel il exerça le plus d’influence, est un recueil de 54 sermons disposés selon l’année liturgique, qu’il veut être « une exhortation capable d’édifier les frères ». L’abbé parle à ses moines dans le but de leur apporter une nourriture spirituelle, et de les faire progresser. Il y fait preuve d’une profonde unité intérieure. C’est le Christ qui recrée l’unité dans le cœur de l’homme après la rupture du péché. Et c’est le Christ aussi qui refait l’unité du Corps mystique, le Christ total.

Source : Abbaye de Cîteaux