Juin – Esprit de Pentecôte

Mois de Juin

pentecote-2018-420

Pourquoi la venue de l’Esprit

L’Esprit Saint nous a été donné au jour de Pentecôte

Continuons de le faire fructifier

Ecoutons Isaac de l’Etoile dans son sermon 3 pour la Pentecôte

« La charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». Il ne suffisait pas, mes bien-aimés, que le Fils de Dieu nous fût donné, selon la parole : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné » ; il fallait encore qu’on nous fasse don de l’Esprit Saint. Et le Père lui-même ne nous sera-t-il pas donné un jour, pour que nous qui ne sommes rien, nous recevions le Tout, pour que nous qui avions perdu toute humanité, nous soyons enrichis de toute la divinité ?

« Qui a rien entendu de pareil ? ». Nous étions aveugles : la lumière qui venait nous illuminer est née dans les ténèbres : et ce fut la naissance du Christ pour nous, de nous, chez nous. Cette naissance, acceptée pour nous, il nous l’a aussi proposée : et ce fut le baptême du Christ pour nous, comme une autre naissance qui nous fît naître en lui, lui qui était né en nous. Et ainsi, lui fut en nous, comme nous en lui : lui, Fils de l’homme, né par l’Esprit Saint, de la Vierge Marie ; nous, fils de Dieu, nés par le même Esprit, de la Vierge Église.

Mais alors, je le demande, si les solennités précédentes nous garantissent une telle abondance de grâces, quel besoin y a-t-il de la bienveillante célébration d’aujourd’hui ? Le Fils de l’homme est venu pour nous servir et pour livrer cette âme bien-aimée qu’est la sienne, la donnant en rançon pour la multitude. Qui a jamais rien vu de pareil ? Notre Seigneur est en tout notre serviteur. Et quel serviteur empressé ! C’est pour nous qu’il naît, pour nous qu’il vit, pour nous qu’il meurt, pour nous qu’il ressuscite, pour nous qu’il s’élève, comme il l’a dit : « Je vais vous préparer une place ».

Alors la question se pose à nouveau : à quoi bon la solennité d’aujourd’hui ? Que pourra faire de plus cet autre Consolateur ? Voici que l’homme est juste en ce qui regarde le passé : que fera-t-il dans l’avenir, lui qui « tombe sept fois le jour » ? S’il tombe, qui le relèvera ? Il est dit : « Malheur à qui est seul ! S’il tombe, il n’y a personne pour le relever ». J’ose le dire, sans l’Esprit il est seul. Oui, qui a le Christ seul, sans l’Esprit, est seul. Ce n’est pas en effet sans raison que l’Esprit est envoyé après le Christ : « Il vous est bon, dit-il, que je m’en aille ; autrement, le Paraclet ne viendra pas ».

Telle est, bien aimés, la grâce de ce jour : par l’Esprit la grâce est donnée après la justification ; et l’esclave qui avait été libéré par le Fils devient aujourd’hui ami par l’Esprit. Aujourd’hui, la justification ayant payé l’offense, le maître embrasse son serviteur, ou plutôt l’ami embrasse son ami “d’un baiser de sa bouche”. Si en effet le Fils peut être regardé comme la bouche du Père, l’Esprit peut à son tour être appelé le baiser de sa bouche. Ce baiser est donc le sceau de la dilection et de l’amour pour l’avenir. Et « l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». L’amour couvre tout ; la charité ne compte pas ; la charité supporte tout, excuse tout, pardonne tout. Celui qui a été justifié par le Christ tombe sept fois le jour par sa faute ; sept fois le jour, il est relevé par l’Esprit.

Aujourd’hui donc, par le Christ qui intercède pour nous, Dieu nous a donné sa charité et son amour. Comme Dieu s’est réconcilié le monde par le Christ, en qui il était, ne lui tenant plus compte de ses fautes passées, de même, par l’Esprit en qui il était aussi, il s’est uni ce monde réconcilié, ne lui tenant pas compte des fautes à venir. De là cette parole : « Heureux l’homme à qui le Seigneur n’a pas tenu en compte son péché ». Par le Christ il pardonne tout ; par l’Esprit il ne demande compte de rien. Le Christ est en quelque sorte médiateur pour la justification ; l’Esprit, médiateur pour l’amitié. Le Christ, pour la vérité ; l’Esprit, pour la charité. Le Christ, pour remettre les péchés ; l’Esprit, pour conserver la grâce. Le Christ, pour pardonner ; l’Esprit, pour persévérer. Le Christ, pour délier ; l’Esprit, pour relier. Pourtant le Christ et l’Esprit opèrent tout indivisiblement. Car le Père, le Fils et l’Esprit Saint opèrent tout ensemble et pareillement, eux qui sont un sans confusion et trois sans division.

Qui est Isaac de l’Etoile

De nationalité anglaise, né vers 1110, venu en France tout jeune pour achever ses études, Isaac entre sans doute à l’abbaye de Pontigny. En 1147, il devient abbé du monastère de l’Étoile, de la filiation de Pontigny, non loin de Poitiers. Puis on le trouve dans l’île de Ré, où le monastère de Notre-Dame des Châteliers, qu’il a fondé, vit dans une grande pauvreté. Il y meurt en 1178. Isaac est un homme cultivé, il a reçu une bonne formation littéraire, philosophique, théologique, il a beaucoup d’idées originales qu’il exprime de façon imagée.

Comme tout bon cistercien, Isaac a écrit un traité « De anima », mais son ouvrage le plus important, par lequel il exerça le plus d’influence, est un recueil de 54 sermons disposés selon l’année liturgique, qu’il veut être « une exhortation capable d’édifier les frères ». L’abbé parle à ses moines dans le but de leur apporter une nourriture spirituelle, et de les faire progresser. Il y fait preuve d’une profonde unité intérieure. C’est le Christ qui recrée l’unité dans le cœur de l’homme après la rupture du péché. Et c’est le Christ aussi qui refait l’unité du Corps mystique, le Christ total.

Source : Abbaye de Cîteaux