Mai – Temps Pascal

Mois de mai – Temps Pascal

« Je demeurerai en vous »

Ecoutons Ogier de Locedio (sur le discours après la Cène – 11, 2 & 4)moine

« Vous êtes tous purs en raison de la Parole que je vous ai adressée, c’est-à-dire à cause de la charité que je vous ai recommandée ; aussi, parce que vous êtes purs, demeurez en moi et moi en vous ».

« Demeurez en moi, dit le Seigneur Jésus à ses disciples, et moi, je demeurerai en vous ». Oui, dis-je, c’est le doux Jésus, délectable, orné de toutes les vertus, ceint de toute beauté ; Jésus plus doux que le miel et son rayon, le plus beau des enfants des hommes, lui dont la douceur enivre les Anges, dont la beauté étonne le soleil et la lune. C’est lui, si grand et si parfait, qui a dit à ses disciples, et par eux, à tous les fidèles : « Demeurez en moi, et je demeurerai en vous ».

Ô quelle parole d’une grande hauteur, comme on doit la tenir en haute estime ! L’homme habiterait-il avec les Anges, et la terre et la poussière serait-elle donc élevée jusqu’aux cieux ? Bien mieux : la créature demeure dans le Créateur, l’ouvrage dans son Artisan, le racheté dans son Rédempteur, le serviteur en son Maître, le pécheur dans le Juste ! Voici l’être fait de terre en Celui qui a tout fait de la terre, qui a tout fait de rien ! Voici l’homme qui passe dans l’Éternel, le misérable dans le souverain Bonheur, mieux, en Celui qui rend heureux et sanctifie tous les saints, en Celui qui est la Vérité, la Vie, la Gloire éternelle, en Celui qui est la joie du monde, la Douceur du Paradis : Jésus-Christ, notre Seigneur.

Ô transports de joie, ô joie qui nous transporte de bonheur, joyeuse allégresse et allégresse joyeuse : l’homme demeure en Dieu et Dieu demeure en l’homme. Et c’est à cette joie suprême, à la gloire de cette allégresse éternelle que l’Auteur même de la gloire, celui qui nous assure la béatitude, le salut éternel, la vie bienheureuse, une éternité de délices, une tranquillité assurée, celui qui est pleinement doux et désirable, invite ses Apôtres, presse ses moines, tout le peuple chrétien et toute l’assemblée des saints. Il les cajole et les caresse ; il les console et les rend forts, il les exhorte et leur dit : « Demeurez en moi, et je demeurerai en vous ». Si vous demeurez en moi durant cette courte vie, je demeurerai avec vous pour l’éternité. Je demeurerai en celui qui demeure en moi, me témoignant son amour, et je le comblerai d’un bonheur sans fin. « J’aime ceux qui m’aiment », et ceux qui m’auront chéri en cette vie, me trouveront après cette vie pour que « là où je suis, ils soient aussi avec moi ».

Vous, mes disciples, mes amis, demeurez dans mon amour. Ne soyez pas effrayés par les souffrances de mon humanité, par ma mise en croix et les tortures des bourreaux, par le supplice de la croix, par mon corps mis à mort, et par son tombeau. Qu’en vous la foi reste invincible, que l’espérance ne languisse pas, que la charité s’enflamme de mon feu. Demeurez en moi par la foi, l’espérance et la charité, et je demeurerai en vous par les fruits de la foi, de l’espérance et de la charité.

Qui est Ogier de Locedio

Ogier naît en Italie, à Trino, près de Verceil en 1140. Entre à l’abbaye voisine de Locedio, fille de La Ferté, dont il devient abbé en 1205. Il meurt en 1214.

Les ouvrages qu’il nous a laissés ne sont pas du genre des sermons liturgiques. Ce sont plutôt des méditations pieuses, affectives, sur les différentes vérités de la foi, à la lumière du mystère du Christ et de la Vierge Marie.

Source Abbaye Notre-Dame de Cîteaux

Gagné à la vie monastique par les exhortations de notre père saint Bernard, semble-t-il, Ogier devint le disciple du Crucifié et dès le début s’éprit d’une tendre dévotion pour la Mère de Dieu.

Il composa des traités sur les divins privilèges de Marie, spécialement sur sa Conception immaculée. Il brilla par la sainteté de sa doctrine non moins que par l’éclat de ses vertus, la poursuite continuelle de la perfection religieuse, le mépris de soi, et la bonté.

Sous le pontificat d’Innocent III, avec son abbé Pierre II, il dut intervenir souvent dans les affaires de la chrétienté, surtout dans la réconciliation des cités de l’Italie du Nord.

Il fut ensuite désigné comme prédicateur de la quatrième croisade, pour sa région. Son abbé ayant été élu abbé de La Ferté, Ogier lui succéda comme abbé de Locedio. Il jouit de la confiance du pape, de l’empereur germanique ainsi que des grands, et s’acquit l’estime des populations.

Ogier est l’auteur d’homélies sur l’Evangile de la Cène et d’un traité sur la Vierge Marie.

Il mourut dans un âge avancé, en 1214. Le pape Pie IX a confirmé son culte en 1875

Source Abbayes.net