Juin – Pentecôte
Mois de juin – Pentecôte
« C’est dans le Saint-Esprit qu’il faut chercher l’intelligence de la foi »
Ecoutons Guillaume de Saint Thierry (Le miroir de la foi)
Pour toi, âme fidèle, lorsque ta nature hésite devant les mystères trop profonds de la foi, dis sans crainte, non pour t’opposer, mais avec le désir d’obéir: Comment cela arrivera-t-il? Que ta question soit une prière, qu’elle soit amour, piété, humble désir. Qu’elle ne scrute pas avec hauteur la majesté divine, mais cherche le salut dans les moyens de salut du Dieu de notre délivrance. Alors l’Ange du grand Conseil te répondra: Lorsque viendra le Consolateur que je vous enverrai du Père, il rendra témoignage de moi et vous enseignera toutes choses: toute vérité vous viendra de l’Esprit de vérité. Qui donc connaît les secrets de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, nul ne connaît les secrets de Dieu, sinon l’Esprit de Dieu. Hâte-toi donc de communier à l’Esprit Saint. Il est là dès qu’on l’invoque; si on l’invoque, c’est qu’il est déjà présent. Appelé, il vient; il arrive dans l’abondance des bénédictions divines. C’est lui le fleuve impétueux qui réjouit la cité de Dieu. Lors de sa venue, s’il te trouve humble et sans inquiétude, mais tremblant à la parole de Dieu, il reposera sur toi et te révélera ce que Dieu cache aux sages et aux prudents de ce monde. Commenceront à briller pour toi toutes ces vérités que la Sagesse pouvait dire aux disciples alors qu’elle était sur terre, mais qu’ils ne pouvaient porter avant la venue de l’Esprit de vérité qui leur enseignerait toute vérité.
Pour recevoir et apprendre cette vérité, il est vain d’attendre de la bouche d’un homme ce qu’il n’a pu recevoir ni apprendre des lèvres de la Vérité elle-même. Car, selon l’affirmation de cette vérité, Dieu est Esprit; et, de même que ceux qui l’adorent doivent nécessairement l’adorer en esprit et en vérité, de même ceux qui désirent le connaître ne doivent chercher que dans l’Esprit Saint l’intelligence de la foi et le sens de cette vérité pure et sans mélange. Parmi les ténèbres et l’ignorance de cette vie, il est lui-même pour les pauvres en esprit la lumière qui éclaire, la charité qui attire, la douceur qui saisit, il est l’accès de l’homme auprès de Dieu, l’amour de celui qui aime, la piété de celui qui se livre sans réserve. C’est lui qui, de conviction en conviction, révèle aux croyants la justice de Dieu; il donne grâce pour grâce, et à la foi qui s’attache à l’écoute de la Parole, il donne en retour la foi illuminée.
Qui est Guillaume de Saint Thierry – Théologien et philosophe
Né à Liège vers 1085, Guillaume quitte son pays pour faire ses études, sans doute à Laon. Puis il prend l’habit monastique dans l’abbaye bénédictine de Saint Nicaise de Reims, alors en pleine ferveur. Il devient ensuite abbé du monastère bénédictin de Saint-Thierry, près de Reims, vers 1121. Il avait fait la connaissance de Bernard quelques années auparavant ; celui-ci l’avait conquis, et Guillaume désirait devenir cistercien. Bernard qui trouve ce projet trop peu mûri, s’oppose à ce que son ami entre à Clairvaux. Plusieurs années après, en 1135 passant outre aux conseils de Bernard, Guillaume rejoint la jeune fondation cistercienne de Signy, le monastère de saint Bernard le plus proche de Reims, où il demeurera jusqu’à sa mort en 1148.
Ce séjour à Signy est fécond : Guillaume écrit beaucoup : « Commentaire du Cantique » dont il avait dû parler avec Bernard quand ils étaient tous deux malades à Clairvaux, « Enigme de la foi », et surtout la « Lettre d’Or », dédiée aux frères chartreux du Mont-Dieu, qui est un condensé de sa doctrine.
Excellent théologien et philosophe, Guillaume est aussi un grand mystique. Pour lui, le dogme est matière à contemplation, non à spéculation. Il est nourri des écrits des Pères de l’Eglise, et très sensibles à ce qu’ils ont de concordant. C’est un des auteurs occidental qui a le mieux perçu en profondeur la pensée d’Origène.
Moine avant tout, il contribue plus qu’un autre à la théologie de l’expérience de Dieu, fondée sur la foi, dont l’objet ne peut être atteint que par l’amour. C’est l’Esprit-Saint, union du Père et du Fils, qui communique à l’âme cet amour réciproque du Père et du Fils, et ainsi qui la divinise, la rendant semblable aux Personnes divines. Cette mystique trinitaire est l’apport le plus original et le plus riche de la pensée de Guillaume.
Source Abbaye Notre-Dame de Cîteaux