Septembre – O Tendresse…

Mois de septembre

« Ô tendresse, prête l’oreille !»

Ecoutons Sainte Gertrude d’Helfta (Exercices VII, extraits)

Ô Tendresse ! Tendresse ! Ne m’abandonne pas dans mon angoisse. À mes sanglots, à mes cris, ne détourne pas ta face. Que ta charité t’incline à m’écouter avec patience. De grâce, ouvre ton sein, afin que je puisse reposer un moment et épancher mon esprit devant toi. Je suis assurée qu’en vertu de la bonté, de la bienveillance qui t’est naturelle, tu ne dédaignes aucun homme dans la désolation et ne méprise pas celui qui est dans la tribulation. Oh ! Combien agréable l’odeur de tes parfums, à ceux qui allaient tomber en défaillance. Toi, tu relèves ceux qui sont brisés ; toi, tu délies ceux qui sont enchaînés (Ps 145,7). Toi, tu ne dédaignes personne dans la tribulation ; toi, tu es attentive aux nécessités de tous, d’une manière maternelle et miséricordieuse. Toi, sur les désespérés tu veilles avec tendresse. Toi, à l’indigence de tous tu daignes subvenir avec la plus grande clémence. De grâce, maintenant, à moi indigente, prête l’oreille, afin que pour le bien de mon âme, je puisse avoir avec toi de précieux entretiens et que de toi je reçoive de chers conseils.

Voici que mes péchés me causent une vive frayeur, mes omissions me couvrent d’une profonde honte, le gaspillage de ma vie me cause une très grande crainte. Je redoute ce futur examen où le Christ, l’homme noble, me demandera des comptes. S’il voulait exiger de moi le temps qu’il m’a remis en dépôt, et l’intelligence, ce talent qu’il m’a confié pour fournir des intérêts, sans aucun doute je n’aurais aucune réponse convenable à faire à ta charité. Que ferai-je ? De quel côté me tournerai-je ? Je ne puis bêcher la terre ; mendier, j’en ai honte (Lc 16,3).

Ô tendresse ! Tendresse ! Ouvre ta bouche maintenant ; que ton doux conseil, je t’en supplie, réconforte mon âme. De grâce, réponds-moi : que décideras-tu de me faire dans cette conjoncture, car selon ton nom tu es un cœur vraiment tendre, et tu connais parfaitement ce qui en cette conjoncture me convient. De grâce, pardonne-moi et viens à mon secours et, en cette tribulation, ne me regarde pas avec indifférence. Laisse-toi émouvoir par la pauvreté de mon esprit et, le cœur touché de compassion, dis-moi dans ta bonté : « Faisons, toi et moi, bourse commune. » (Pr 1,14) Ô Tendresse ! Tendresse ! N’as-tu pas chez toi entreposées tant et de si belles richesses que le ciel et la terre ne suffisent pas à les contenir. Toi, tu as contraint mon Jésus à donner son âme pour mon âme, pour ma vie la sienne ; de la sorte tu as fait mien tout ce qui est sien et ainsi, par ton abondance, tu as accru les ressources du pauvre. De grâce, convoque mon âme famélique à tes libéralités, afin que je vive à pleine vie de tes richesses et que, par toi élevée, par toi nourrie, je ne défaille pas dans le service du Seigneur, jusqu’à ce que, sous ta conduite, je retourne à mon Dieu, et je rende mon esprit à celui qui me l’a donné (Qo 12,7).

Sainte Gertrude d’Helfta – Exercices VII, SC 127 (Œuvres spirituelles, trad. J. Hourlier et A. Schmitt, Éd. du Cerf, 1967, p. 289-293)

Qui est Sainte Gertrude d’Helfta –  1256-1301/2

Sainte Gertrude d’Helfta (ou Gertrude la Grande), née le 6 janvier 1256 et décédée le 17 novembre 1301 ou 1302 au monastère de Helfta (Allemagne), est une moniale cistercienne allemande. Gratifiée de grandes faveurs mystiques elle compte parmi les figures majeures de la Mystique rhénane et est considérée comme une des initiatrices de la dévotion au Sacré-Cœur. Liturgiquement elle est commémorée le 16 novembre.

A cinq ans, la petite Gertrude qui va devenir Gertrude la Grande est confiée pour son éducation au monastère bénédictin de Helfta en Saxe. Elle y trouve une atmosphère de vie spirituelle et intellectuelle intense. Elle a aussi la chance d’y avoir comme maîtresse et conseillère la grande Melchtilde de Hackeborn. Elle s’épanouit dans ce milieu qu’elle ne cherchera pas à quitter. En grandissant elle devient une moniale d’une intelligence rayonnante et d’une vaste culture. Si sa santé fragile la tient souvent éloignée du chœur, sa santé mentale, au contraire, reflète un grand équilibre. A partir de 1291, elle commence à être favorisée de visions qu’elle consignera dans cinq livres. Son expérience mystique s’appuie sur les mystères de la liturgie et reste totalement dépourvue de dolorisme. Elle fait une large place au Christ et tout particulièrement au Sacré-Cœur, « où est enclose toute la vertu de la Divinité. » Elle oriente l’âme vers la contemplation sereine et la jouissance de la vie divine « dans la resplendissante et toute calme Trinité ».

Bibliographie : Gertrude rédigera en moyen allemand, langue vernaculaire, de petits traités bibliques ou des florilèges patristiques, aujourd’hui perdus. Elle réservera le latin, langue de culture, pour des œuvres plus ambitieuses: les Exercices (Exercitia spiritualia) et Le Héraut de l’Amour divin (Revelationes ou Insinuationes ou Legatus divinae pietatis). Le premier de ces livres sera un guide spirituel en sept méditations, orienté sur l’engagement baptismal, tandis que le second, écrit en 1289, rendra compte des visions et révélations de la sainte, en cinq livres, dont le deuxième seul est complètement biographique.

Sources : Nominis, autres sources.
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