Mars – L’homme de péché

Mois de mars

« Se séparer de l’homme de péché »

Ecoutons Baudouin de Ford
Traité 11

Le vieil homme est un homme mauvais, pécheur, et moi-même qui parle, je suis cet homme. Moi aussi j’ai vieilli parmi tous mes ennemis, et je ne parle pas ici seulement des ennemis qui me sont extérieurs, de ces hommes, de ces habitants de Cédar avec qui j’ai vécu ; non, je veux parler ici avant tout de ces ennemis qui vivent en moi, qui habitent la terre de mon cœur et la terre de ma chair. Misérable et homme de péché que je suis, je suis devenu mon propre ennemi, de telle sorte que je peux, aussi bien pour moi que contre moi, adresser à Dieu cette prière : « Arrache-moi, Seigneur, de l’homme mauvais, arrache-moi de l’homme de péché. » Arrache-moi, Seigneur de moi-même. Après toi, Seigneur, il n’est personne que je doive tant craindre que moi. Qui donc dresse autant d’embûches à mon âme que moi ? Qui donc s’oppose autant à mon salut que moi-même ? Qui est aussi ingénieux à me procurer la mort que moi ? Qui sait aussi bien que moi me séduire et me caresser pour me faire périr ? Qui recherche à ce point mon âme pour la perdre ? Qui cherche autant à me ravir mon trésor ? Qui s’efforce autant que moi de m’éloigner de cet héritage magnifique que tu m’as promis ? Qui plus que moi, me voue une haine féroce ?

O dure, pesante, pitoyable et misérable condition humaine ! Nos ennemis sont vivants, ils sont plus forts que nous. Et nos ennemis, c’est nous-mêmes, êtres terrestres, charnels, animaux que nous sommes. Pas de paix, pas de sécurité pour nous, vis-à-vis de nous-mêmes, tant que nous ne serons pas pendus à la croix, crucifiés avec le Christ, pour détruire en nous le corps du péché, afin que nous ne servions plus le péché, mais que morts au péché, nous vivions pour la justice, et que, « sans crainte, délivrés de nos ennemis, nous le servions en sainteté et en justice, sous son regard, tout au long de nos jours.

Extrait du Traité 11

Qui est Baudouin de Ford

De nationalité anglaise, Baudouin entre à l’abbaye de Ford en 1169. Six ans plus tard, il en devient abbé. En 1180, il est évêque de Worcester, puis archevêque de Cantorbery. Il accompagne le roi Richard Cœur de Lion à la Croisade et meurt à Tyr en 1192.Baudouin est un homme de vaste culture, modeste, réservé. Il a laissé plusieurs traités dont : « Le sacrement de l’autel », où il veut créer un courant de piété eucharistique, sujet peu abordé à cette époque. C’est aussi un fervent de la vie commune dont il relève la valeur : elle a sa source dans la vie des trois personnes divines. Mais il en souligne aussi les exigences.

De ses seize petits traités, le plus célèbre est celui sur la vie commune.

Source Abbaye Notre-Dame de Cîteaux