Mars – Discernement

Mois de Mars

Ecoutons Baudouin de Ford discernement-500

Le Seigneur discerne les pensées et les intentions du cœur

« Le Seigneur connaît les pensées et les intentions de notre cœur. Nul doute que lui, en effet, les connaisse toutes, mais nous, nous connaissons seulement celles qu’il nous rend manifestes par la grâce du discernement. Car l’esprit de l’homme ne sait pas toujours ce qui est en lui, et même lorsqu’il s’agit de ses pensées, qu’elles soient voulues ou non, il s’en fait une idée qui ne correspond pas toujours à la réalité. Même celles qui se présentent avec évidence au regard de son esprit, il ne les discerne pas avec précision, tant son regard est obscurci.

Il arrive souvent, en effet, pour une raison humaine ou qui relève du Tentateur, qu’on soit lancé par sa propre pensée dans ce qui n’est que l’apparence de la piété, et qui, aux yeux de Dieu, ne mérite nullement la récompense promise à la vertu. C’est qu’en effet certaines choses peuvent prendre l’aspect de vertus véritables, comme d’ailleurs de vices, et tromper les yeux du cœur. Par leurs séductions propres, elles peuvent troubler la vue de notre intelligence au point de lui faire prendre souvent pour du bien des réalités mauvaises en fait, et inversement de lui faire discerner du mal là où, en fait, il n’y en a pas. C’est là un aspect de notre misère et de notre ignorance, qu’il nous faut beaucoup déplorer et grandement redouter.

Il est écrit à ce sujet : Il est des voies qui paraissent droites à l’homme, mais qui débouchent sur l’enfer. C’est pour nous garder de ce danger que saint Jean nous exhorte en disant : Éprouvez les esprits, pour voir s’ils viennent de Dieu. Mais qui peut vérifier si les esprits viennent de Dieu, à moins d’avoir reçu de Dieu le discernement des esprits, et de pouvoir ainsi examiner avec précision et sans se tromper les pensées, les affections et les intentions de l’esprit ? Ce discernement est à la source de toutes les vertus et chacun en a besoin, soit pour conduire les autres, soit pour se diriger et s’amender soi-même.

Droite est notre idée de ce qu’il faut faire, quand elle est guidée par la volonté de Dieu; pure et bonne est notre intention, quand elle se dirige vers Dieu en toute simplicité. L’ensemble de notre vie en ce corps et de chacun de nos actes sera pénétré de lumière à condition que notre œil soit simple. Cet œil simple est vraiment tel, quand, à travers une réflexion droite, il voit ce qu’il faut faire, et quand, dans une intention pure, il passe à l’acte, simplement, et se garde de toute duplicité. La pensée droite n’accepte pas l’erreur, intention purifiée exclut le faux-semblant. Tel est le vrai discernement, en qui se rejoignent la droiture de la pensée et la pureté de l’intention.

Ainsi, tout doit se faire à la lumière du discernement, comme en Dieu, et sous le regard de Dieu. »

Baudouin de Ford  (1120-1190)

Baudouin de Ford, Archidiacre de Totnes qui après 11 ans de vie cistercienne, fut nommé évêque de Worcester en 1180, puis archevêque de Canterbury et primat d’Angleterre en 1184. Baudouin de Ford fut également nommé légat du Saint-Siège, il accompagna Richard Cœur de Lion à la croisade et mourut à Tyr en Syrie le 16 octobre 1190.