Archive Auteur

Solennités en septembre

Cette page indique uniquement les Solennités et autres fêtes ou particularités du mois.
En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

MARDI 8 SEPTEMBRE – Nativité de la Vierge Marie – Solennité

Horaire habituel du dimanche – Messe à 10h

SAMEDI 11 SEPTEMBRE – Férie

– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres

MARDI 14 SEPTEMBRE – La Croix Glorieuse – Fête

Horaire habituel

MERCREDI 28 SEPTEMBRE – Saint Michel, Saint Gabriel, Saint Raphaël Archanges – Fête

Horaire habituel

N.B. – tous les lundis jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Septembre-2021     


Août – Prendre du temps…

Mois de août

PRENDRE DU TEMPS POUR SOI ?

« On ne doit point s’occuper des autres au point de se négliger soi-même. »

Ecoutons Saint Bernard – « De la considération » – Livre premier – chapitre 5

se-reposer-pour-servir-davantage-450Ce n’est pas un luxe, mais une nécessité. Saint-Bernard exhorte le pape Eugène III, et tous ceux qui risquent de se laisser submerger par leur service du prochain.
« Venez à l’écart et reposez-vous un peu » (Mc 6,31)

« Si tout ce qui fait ta vie et ta sagesse, tu les donnes à l’action, sans rien préserver à la réflexion et la méditation, vais-je te louer ? Non, en cela je ne te louerai pas. Et il ne se trouvera personne, je pense, pour le faire, s’il a entendu cette parole de Salomon : qui limite son action acquerra la sagesse. Et assurément, l’action elle-même a besoin d’être précédée par la réflexion.

Par ailleurs, si tu veux être tout entier à tous, à l’exemple de celui qui s’est fait tout à tous, je loue ton humanité, mais à condition qu’elle soit pleine et totale ? Or, comment le serait-elle, si tu t’en exclus ? Toi aussi tu es homme. Donc, pour que ton humanité soit pleine et entière, il faut qu’elle t’inclue, toi aussi, dans cette ouverture du cœur que tu réserves à tous. Autrement, que te sert-il comme disait le Seigneur, de gagner l’ensemble des hommes, si toi, tu te perds ? Ainsi, puisque tu es le bien de tous, sois toi-même l’un de ceux qui te possèdent ? Pourquoi serais-tu le seul à être privé de cette faveur ? Jusqu’à quand ton esprit va-t-il s’éloigner sans revenir à toi ? Jusqu’à quand vas-tu négliger de te recevoir toi-même, à ton tour, parmi ceux qui se présentent ?

Tu te dois aux sages et aux ignorants, et à toi, tu te refuserais ? le fou et le sage, le serf et l’homme libre, le riche et le pauvre, l’homme et la femme, le vieillard et l’adolescent, le clerc et le laïc, le juste et l’impie : tous pareillement se partagent ta vie, tous comme à une fontaine publique, puisent à ton cœur, et toi, tu te tiendrais à part, mourant de soif. Si l’on déclara maudit celui qui se fait la part la plus mauvaise, que dire de celui qui s’exclut totalement du partage. Oui, que tes eaux se répandent sur les places, que les hommes et le bétail s’y désaltèrent ; verse à boire même aux chameaux du serviteur d’Abraham.

Mais parmi eux tous, bois, toi aussi, à l’eau jaillissante de ton puits. C’est l’étranger qui ne doit pas en boire, comme il est écrit. Serais-tu donc un étranger ? A qui ne seras-tu pas étranger, si tu l’es à toi-même ? Qui se traite moins que rien, envers qui sera-t-il bon ? Souviens-toi donc, je ne te dis pas toujours, je ne dis pas même souvent, mais au moins de temps en temps, de te rendre toi-même à toi. Parmi beaucoup d’autres, ou même après beaucoup d’autres, recours à tes services.

 Texte intégral – Saint Bernard – DE LA CONSIDERATION – Livre premier – Chapitre 5 (extraits)
- Chapitre 5


Solennités en août

Cette page indique uniquement les Solennités et autres fêtes ou particularités du mois.
En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

SAMEDI 14 AOUT – Saint Maximilien Kolbe – Mémoire

– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h45 : Adoration
– 18h00 : Vêpres

DIMANCHE 15 AOUT – Assomption de la Vierge Marie – Solennité

Horaire habituel du dimanche – Messe à 10h

VENDREDI 20 AOUT – Saint Bernard – Solennité

Horaire habituel du dimanche – Messe à 10h

N.B. – tous les lundis jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Aout-2021    


Solennités en juillet

Cette page indique uniquement les Solennités et autres fêtes ou particularités du mois.
En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

JEUDI 3 JUILLET – Férie

– 11h00 : Messe des funérailles de sœur Assumpta

SAMEDI 10 JUILLET – Vierge Marie – Mémoire

– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres

DIMANCHE 11 JUILLET – Saint Benoît – Patron de l’Europe – Solennité

Horaire habituel du dimanche – Messe à 10h

N.B. – tous les lundis jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Juillet-2021   


Juillet – Psaume 90,7 – 12-16

Mois de juillet

« Il en tombera mille à votre gauche, et dix mille à votre droite; mais leurs coups n’approcheront point de vous (Ps. 90, 7, 12-16) »

Ecoutons Saint Bernard – Sermon 7 sur le psaume 90, sections 12 à 16

Psaume 90,7-312. Enfin, c’est pour cela, et non point par une sorte de folie de votre part, qu’il semble que vous exposiez plus volontiers le côté gauche aux coups de l’ennemi, afin’de concentrer tous vos soins à la défense du côté droit. Car c’est en cette manière que tous les chrétiens doivent imiter cette prudence du serpent, que Jésus-Christ a recommandée à ses disciples, en exposant tout le corps, s’il en est besoin, pour mettre la tête en sûreté. C’est en cela que consiste la véritable philosophie du christianisme. C’est observer le conseil du sage, qui nous exhorte à mettre toute notre vigilance et tous nos soins à garder notre cœur, parce qu’il est le principe de la vie (Prov. IV, 23). C’est enfin imiter la miséricorde et la bonté de Dieu envers ses serviteurs, et sa conduite envers ses élus, car il a coutume de protéger et de défendre leur droite avec un soin particulier, et de délaisser la gauche en quelque sorte comme s’il feignait d’ignorer qu’elle existe. C’est ce qui fait dire au Prophète, en parlant de lui : « Je m’appliquais à considérer que le Seigneur m’est toujours présent et me regarde toujours, parce qu’il ne cesse point d’être à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé (Is. XV, 3). » Ne vous semble-t-il pas qu’il ne tenait que la main droite du saint homme Job, et qu’il ne grenait garde qu’à elle, puisqu’il avait permis à l’ennemi d’exercer librement sa fureur, non-seulement sur ses possessions, mais aussi sur son propre corps. « Respecte seulement son âme, avait dit le Seigneur à Satan (Job. II, 6). « O bon Jésus, tout mon désir est que vous soyez toujours à ma droite. Je vous demande instamment de tenir toujours cette droite dans votre main. Car je sais et je suis certain que nulle adversité ne pourra me nuire, tant que nulle iniquité ne dominera en moi. Qu’on dépouille en attendant, qu’on meurtrisse mon côté gauche, qu’on l’accable d’outrages et qu’on le charge d’opprobres, je l’expose volontiers aux coups, pourvu, Seigneur, que vous ayez la bonté de conserver mon âme, et que vous daigniez être ma protection et ma défense pour ce qui est de ma droite.

13. On pourrait aussi, avec beaucoup de raison, par ces mille ennemis qui tombent à gauche, entendre plutôt les hommes que les démons : parce que la plupart ne nous sont opposés et ne nous font la guerre qu’à cause de biens temporels et passagers, en voyant avec un œil d’envie que nous les possédons, ou plutôt en s’affligeant, par une cupidité injuste, de ne les posséder pas eux-mêmes. Car il y en a qui s’efforcent de dépouiller les serviteurs de Dieu des biens de ce monde, ou de leur ravir la faveur et la bienveillance des hommes, ou même de leur ôter la vie du corps. La persécution des hommes peut aller jusque là, mais ils ne sauraient nuire aux âmes. On voit au contraire que c’est plutôt à l’occasion des biens célestes et éternels que les démons ressentent de la jalousie à notre égard. Ce n’est pas toutefois dans le désir d’acquérir pour eux ces biens dont ils nous veulent priver (car ils savent que la perte qu’ils en ont faite est irréparable) : c’est seulement afin que le pauvre qui est tiré de la poussière, ne puisse arriver à ce bonheur, dont ces malheureux esprits que Dieu avait créés dans un état de gloire, sont déchus sans retour. Ces esprits malins et opiniâtres sont affligés de voir que la fragilité des hommes obtienne une gloire, dans laquelle ils n’ont pu se maintenir. S’il arrive quelquefois qu’ils s’efforcent de causer à quelqu’un quelque dommage temporel, ou s’ils se réjouissent de lui en voir arriver, tout leur dessein et toute leur pensée, c’est que ces pertes extérieures soient pour ceux qui les souffrent ou pour tout autre, l’occasion d’une perte intérieure et spirituelle ; comme au contraire, toutes les fois que les hommes entreprennent de nous persuader de quelque chose de funeste à notre droite, ce n’est pas ce dommage spirituel qu’ils se proposent principalement, mais ils veulent, par là, procurer quelque profit temporel soit à eux, soit à nous, soit à eux et à nous en même temps. Ils n’ont en vue que le bien ou le mal qui peut en résulter, et qu’ils ont l’intention de s’assurer ou de repousser loin d’eux, à moins qu’ils ne soient assez méchants pour se changer en démons, et pour désirer que les personnes qu’ils haïssent tombent dans la damnation éternelle.

14. Pourquoi sommes-nous si languissants et si endormis à l’égard des biens spirituels, puisque nous sommes l’objet d’attaques si nombreuses de la part de nos ennemis spirituels ? J’ai honte d’en convenir, mais ma douleur est trop violente pour me permettre de me taire. Combien, mes frères, n’en trouve-t-on pas même parmi ceux qui ont embrassé la vie religieuse, et qui font profession de vivre dans un état de perfection, qui semblent avoir mérité cet oubli de Dieu, dont parle le prophète quand il s’écrie : « Jérusalem, si je vous oublie, que ma droite même soit mise en oubli (Ps. CXXXVI, 5). » Car, mettant tout leur soin à garder leur main gauche, ils font preuve d’une grande sagesse, il est vrai, mais d’une sagesse toute mondaine, à laquelle ils devraient renoncer, que la chair et le sang inspirent aux hommes, quoiqu’ils paraissent avoir résolu de ne s’y accommoder jamais, pour se conformer à l’Apôtre (Gal. I, 16). On les voit recevoir les biens de la vie présente avec tant d’ardeur, éprouver une joie si mondaine des avantages passagers du siècle, se troubler tant et manquer tellement de courage à la moindre perte des biens de la terre, défendre leurs intérêts avec une disposition si charnelle, si prompts et si hardis à courir de tous côtés et s’engager dans les affaires du siècle avec un esprit si peu religieux, qu’il semblerait que ces choses temporelles sont tout leur partage, l’unique héritage qu’ils ambitionnent. J’avoue qu’il y a des laboureurs qui cultivent le peu de terre qu’ils ont avec plus d’application et de soin encore, mais c’est parce qu’ils ne possèdent rien de plus grand et de plus précieux. Un pauvre mendiant cache soigneusement un morceau de pain, parce qu’il n’a point d’autre richesse à conserver que celle-là. Mais vous, pourquoi vous abaisser à des soins semblables, et prodiguer misérablement ainsi vos labeurs et vos peines ? Ne savez-vous pas que vous avez une autre possession et une autre richesse à conserver ? Et si vous pensez qu’elle soit encore éloignée, vous êtes dans l’erreur. Il n’y a rien qui soit si proche de nous, que ce qui est en nous. Peut-être me direz-vous, que si cette possession n’est pas loin de vous, du moins elle nous est inutile, et que vous avez besoin, d’en chercher une autre en cette vie, qui vous satisfasse davantage. Vous vous abusez étrangement. Car vous trouverez la satisfaction et le repos que vous cherchez dans ce trésor inestimable que vous avez au milieu de vous, vous ne le trouverez même que là. Pensez-vous qu’il ne réclame pas tous vos soins, ou qu’il ne réponde pas assez, à votre attente, ou bien vous imaginez-vous que cette possession est en sûreté, et qu’il n’est pas besoin que vous vous mettiez en peine de la conserver ? Sachez que tous ces sentiments sont étrangement contraires à la raison, car c’est principalement là qu’il est vrai de dire : Que l’homme ne pourra recueillir que ce qu’il aura semé (Gal. VI, 8). Celui qui aura semé avec épargne ne pourra faire une abondante récolte, et celui qui aura semé libéralement et avec bénédiction, sera assuré de recueillir avec la même bénédiction, en sorte qu’un grain lui en rendra trente, un autre soixante, un autre cent. Mais vous n’avez ce trésor dont je vous parle, que dans des vaisseaux de terre, si toutefois vous l’avez encore, car je crains bien que vous ne l’ayez perdu, qu’on vous l’ait déjà ravi, que des étrangers aient déjà consumé toutes vos ressources, sans que vous vous en soyez même aperçus. Et ce qui fait que vous ne pouvez pas maintenant appliquer votre cœur à votre trésor, c’est que vous l’avez peut-être perdu. S’il en est autrement, je vous conjure, si vous êtes si intéressés que vous ne veuillez pas perdre les choses même de la plus mince valeur et que vous croyiez devoir apporter tant de prudence à conserver de la paille même, de ne pas négliger de conserver le bon grain qui est dans vos greniers. Puisque vous tenez tant à un vil fumier, ne vous exposez point à perdre un véritable trésor. Il y en a peut-être mille qui vous envient, la possession des biens temporel mais il y en a dix mille qui s’efforcent de vous ravir les biens spirituels et ceux-ci ne surpassent pas moins les premiers par leurs artifices et leur cruauté que par leur nombre. « Il en tombera, dit le Prophète, mille à votre gauche et dix mille à votre droite. » Tournez de ce côté les yeux de la foi afin d’observer vos ennemis. Ils se sont peut-être déjà emparés de tous les passages. Peut-être font-ils déjà du dégât, et emportent-ils leur butin en toute liberté. Peut-être se partagent-ils déjà les dépouilles qu’ils ont faites. Pourquoi vous attachez-vous à défendre votre gauche avec tant de soin ? on ne croirait pas à vous voir que ces biens sont à gauche pour vous, mais en face, car vous les avez toujours devant les yeux, et ils vous sont tellement chers, que vous ne pensez pas vous attaquer à la main gauche, mais que c’est vous blesser à la prunelle des yeux que de toucher à ces sortes de biens.

15. Mais prenez garde, qui que vous soyez qui négligez ces biens qui sont à votre main droite, et qui faites tant de cas de ceux qui sont à votre gauche, que Dieu ne vous place pas avec les boucs à cette gauche que vous avez choisie (Matth. XXV, 32). Cette parole, mes chers frères, est terrible, et ce n’est pas sans sujet que vous en êtes épouvantés. Mais il n’est pas moins nécessaire de prendre garde à. ne pas mériter cette condamnation, qu’il est juste de la craindre. Notre Seigneur Jésus-Christ, au temps de sa Passion, après tous les effets inestimables de sa bonté pour nous, voulut encore qu’on lui perçât le côté droit, pour nous signifier que c’était seulement de ce côté-là, qu’il voulait épancher sur nous ses bénédictions et ses grâces; et que c’était seulement en ce côté là qu’il voulait nous préparer un lieu de refuge. Que je m’estimerais heureux d’être une de ces colombes qui se retirent dans les trous de la pierre, dans les ouvertures du côté droit de Jésus-Christ ! Observez, avec moi, que notre Seigneur ne sentit pas cette blessure qu’on lui fit au côté droit, attendu qu’il ne voulut la recevoir qu’après s’être endormi dans la mort, pour nous apprendre, par cette circonstance si mystérieuse, que tandis que nous vivons, nous devons toujours veiller à la défense de ce côté, et qu’il faut tenir une âme pour morte, lorsqu’elle reçoit quelque blessure de ce côté-là, sans en témoigner quelque douleur, et avec une insensibilité pernicieuse. C’est avec beaucoup de raison aussi que le cœur de l’homme est situé à gauche, puisque ses affections penchent toujours et sont toujours portées du côté de la terre. Le prophète qui gémissait dans un profond sentiment des misères de cette vie (Eccli. X), n’ignorait pas cette vérité, lorsqu’il s’écriait : « Mon âme s’est attachée à la terre : Faites-moi vivre selon votre parole (Psal. CXVIII, 25) : » et un autre prophète qui disant : « Elevons nos cœurs et nos mains vers Dieu (Thren III, 41), » voulait nous empêcher de demeurer où il voyait que la disposition terrestre de notre nature, et le poids de nos inclinations nous font toujours descendre. Il est manifeste qu’il avait dessein de nous porter, par ces paroles, à détacher nos cœurs des choses de la terre représentées par la main gauche, et de les élever aux choses du ciel figurées par la droite. Les soldats de la terre ne portent de boucliers que du côté gauche: il ne faut pas que nous les imitions si nous ne voulons pas être confondus avec ceux qui combattent visiblement pour ce siècle, et non pour Jésus-Christ. « Quiconque, dit l’Apôtre, combat pour Dieu, ne s’engage pas dans les affaires du siècle (II Thren. II, 4); » c’est-à-dire porte son bouclier à droite, au lieu de le porter à gauche.

16. Cependant, mes frères, si vous vous souvenez des instructions que vous avez reçues, vous remarquerez que nous ne laissons pas d’avoir besoin de nous couvrir et de nous défendre des deus côtés, selon cette parole du prophète : « Sa vérité vous couvrira et vous environnera de tous côtés comme un bouclier. » Et l’apôtre dit que nous devons combattre « par les armes de la justice, à droite et à gauche (Corinth, VI, 7). » Mais écoutons celui qui est la justice même, pour apprendre les différentes manières dont nous devons, combattre selon le côté. Or tantôt il nous dit par son apôtre : « Ne vous défendez pas, mes frères, mais cédez à la colère. (Rom. XII, 19) : » et ailleurs : « C’est par la patience que vous posséderez vos âmes (Luc. XI, 19), » et encore : « Ne donnez pas lieu au démon de prendre quelque avantage sur vous (Ephes. IV, 27) : » et enfin : « Résistez au démon, et il s’éloignera de vous (Jac. IV, 7). » Ecoutez maintenant comment l’Apôtre nous enseigne à défendre l’un et l’autre côté en même temps : « Ayez soin, dit-il, des choses qui sont bonnes, non-seulement devant Dieu, mais aussi devant les hommes (Corinth. VIII, 21) : car c’est la volonté de Dieu qu’en faisant toujours bien, non-seulement vous rendiez inutiles l’envie et la haine des esprits malins, « mais que vous confondiez encore l’ignorance des hommes imprudents (I Petr. II, 15). » Mais cette protection nous sera-t-elle éternellement nécessaire, et nos ennemis nous attaqueront-ils toujours de tous côtés à la fois ? Non sans doute : car il arrivera un temps, où non-seulement ils n’auront plus la force de rien entreprendre sur nous, mais encore où ils ne pourront pas même tenir en notre présence, selon cette promesse : « Il en tombera mille à votre gauche, et dix mille à votre droite : « car alors la malice des hommes n’aura plus de prise sur nous, et pour ce qui est des démons, nous n’en craindrons pas plus les légions entières que des troupes de vers ou de mouches. Nous ne les regarderons plus que comme les enfants d’Israël, après avoir passé la mer Rouge, regardaient les Egyptiens étendus de tous côtés sur le sable, et considéraient leurs chariots qui se perdaient au fond de l’eau. Nous chanterons comme eux au Seigneur des cantiques de louanges, mais avec beaucoup plus de sécurité et de joie que ne le faisaient les israélites, de ce qu’il se sera glorifié lui-même, en précipitant nos ennemis avec toutes leurs forces et toutes leurs armes au fond même de l’abîme.

Texte intégral – Saint Bernard – Dix-sept sermons sur le psaume 90
Septième sermon


Juin – Psaume 90,7 – 6-11

Mois de juin

« Il en tombera mille à votre gauche, et dix mille à votre droite; mais leurs coups n’approcheront point de vous (Ps. 90, 7, 6-11) »

Ecoutons Saint Bernard – Sermon 7 sur le psaume 90, sections 6 à 11

Psaume 90,7-26. Que celui donc qui s’approche tous les jours du port du salut par ses pensées et par ses ardents désirs, que celui qui s’attache avec l’ancre inébranlable de l’espérance à cette terre, objet de tous ses vœux, se rende attentif à cette promesse, tout le temps qu’elle doit combattre sur la terre, en attendant que Dieu change l’état où elle est. Le genre de vie que vous menez est le moyen lé plus sûr, le principal moyen de vous rapprocher de ce port où vous voulez atteindre. En demeurant fidèle à votre vocation, et en vous sanctifiant par le secours des grâces que Dieu vous fait, vous vous préparez tous les jours à sortir de cette vie pour entrer dans ce port. Ces deux choses, la vocation de Dieu, et la sanctification de nos âmes par la grâce, ont une sorte de liaison et de rapport qui ne sauraient nous tromper avec l’éternelle félicité que nous attendons. L’éternité de ses décrets est liée à l’éternité de notre bonheur. Ces deux éternités sont inséparables et dépendantes l’une de l’autre ; et comme notre prédestination n’a point eu de commencement en Dieu, ainsi la gloire à laquelle nous serons élevés n’aura jamais de fin. Mais ne pensez pas que cette union et cette dépendance réciproques de ces deux éternités dont je viens de vous parler, soient une invention de mon esprit. Ecoutez ce qu’en dit l’Apôtre, et voyez comme il nous enseigne la même chose en termes extrêmement clairs : « Ceux qu’il a connus et aimés, dit-il, avant tous les temps, il les a prédestinés pour les rendre conformes et semblables à son Fils (Rom. VIII, 10). » Comment et dans quel ordre pensez-vous qu’il les doit élever à la gloire ? Car il fait toutes choses avec ordre. Pensez-vous pouvoir arriver d’un bond de la prédestination à la gloire? Assurez-vous un passage de l’une à l’autre, ou plutôt, puisque Dieu vous l’a préparé, mettez-le à profit. « Il a appelé, dit l’Apôtre, ceux qu’il a prédestinés : il a justifié ceux qu’il a appelés, et il a donné sa gloire à ceux qu’il a justifiés.»

7. Il y a certainement des hommes qui trouvent cette voie bonne ils ont raison; car elle l’est, et nous ne devons pas craindre sur l’issue où elle aboutit. Le terme de cette voie ne vous doit jamais être suspect. Vous devez la suivre avec assurance, et avec d’autant plus d’ardeur, que vous êtes plus certains que chaque pas vous approche du repos qui doit heureusement terminer votre travail. » Faites pénitence, dit Notre-Seigneur, car le royaume des cieux approche (Matt. III, 2 ).» Mais vous me direz peut-être : « le royaume des cieux demande qu’on lui fasse violence, et il n’y a que les violents qui l’emportent. » Je n’y saurais arriver qu’en passant à travers des troupes d’ennemis. Il y a des géants au milieu du chemin, ils sont répandus dans l’air même, ils assiègent tous les passages, ils dressent des embûches à tous ceux qui passent. Mais allez toujours avec confiance. Ne vous laissez pas surmonter par la crainte. Vos ennemis sont forts. Ils sont nombreux. Mais il en tombera mille à votre gauche, et dix mille à votre droite. » Ils tomberont de tous côtés, pour être éternellement hors d’état de vous nuire, et ce n’est pas assez pour être hors d’état même de jamais approcher de vous. A la vérité, l’auteur du péché, en voyant cela, redoublera de fureur et vous prendra en flanc, mais la miséricorde infinie, de Dieu aura soin de le prévenir, de vous accompagner en vous gardant, comme j’ai déjà dit, au moment où vous sortirez de cette vie. Sans cette protection divine, comment les forces humaines pourraient-elles résister au choc de ces esprits malins, et comment les hommes ne seraient-ils pas renversés par l’excès de leur frayeur?

8. En quelle consternation pensez-vous, mes frères, que vous tomberiez, s’il était permis à un seul de ces esprits de ténèbres d’exercer toute sa fureur parmi vous, et de vous épouvanter, en vous apparaissant sous des figures monstrueuses ? Qui d’entre nous aurait assez de résolution pour le regarder, sans que ses sens et son imagination n’en fussent troublés ? Vous vous rappelez que, il n’y a pas longtemps, un religieux parmi nous, qui s’était réveillé pendant la nuit, fut tellement troublé par la vue d’un fantôme, qu’il pût à peine recouvrer l’usage de la raison, et qu’on eut bien du mal à le rassurer. Vous fûtes vous-mêmes tout épouvantés par le cri terrible qu’il poussa dans sa frayeur. Véritablement vous devez être confus de ce que, en cette rencontre, la foi parut endormie en vous jusqu’à ce point, quoiqu’à la vérité cela soit arrivé pendant le temps de votre sommeil. Mais sans doute, Dieu permit que cet accident arrivât pour nous avertir de considérer, avec tout le soin possible, quels ennemis nous avons à combattre, de peur que nous ne perdions de vue la haine qui les anima, ou que nous lui manquions de reconnaissance pour la protection divine. Il est certain que c’est la violente jalousie dont ces ennemis sont arrimés, qui les fait entrer dans une telle fureur contre nous. Leur malice invétérée redouble, surtout pendant ces saints jours, et témoigne assez combien votre ferveur est pour eux un supplice insupportable. Ils exercent de même leur jalousie furieuse contre les saints, mais avec plus d’efforts que jamais, lorsqu’ils sont sur le point de sortir du monde. Toutefois, ce n’est que de flanc, pour ainsi dire, qu’ils les attaquent, car Dieu ne leur permet pas de le faire ni de les surprendre par derrière.

9. Mais du reste, bien loin de semer les obstacles sur votre chemin, ils n’approcheront même pas de vous. Non-seulement ils n’oseront pas vous joindre pour vous blesser, mais ils ne pourront pas seulement se tenir près de vous pour vous effrayer. Peut-être craignez-vous d’être tout à coup saisis de frayeurs extrêmes, à la vue des formes monstrueuses, et des hideuses figures sous lesquelles ils peuvent se présenter à vous. Mais soyez certains que vous serez toujours assistés par ce consolateur excellent dont il est écrit. : « Les peuples d’Éthiopie se prosterneront devant lui, et ses ennemis mordront la poussière (Psal. LXXI, 9). » Certainement l’esprit malin sera réduit à rien en sa présence, et ceux qui le craignent seront dans la gloire.

Sauveur Jésus, tant que vous serez présent, quel que soit le nombre des ennemis qui viennent nous attaquer, que non-seulement ils nous attaquent, mais qu’ils fondent sur nous avec furie : qu’ils nous assaillent de toutes parts : ils s’écrouleront et s’évanouiront en la présence du Seigneur, comme la cire se fond à l’approche du feu (Psal. XXII, 4). Quelle crainte aurai-je donc d’ennemis qui tomberont en défaillance ? Quelle frayeur pourront m’inspirer des adversaires qui trembleront eux-mêmes ? Quelle appréhension pourront-ils faire naître en moi, quand je les verrai tomber à mes pieds ? Seigneur mon Dieu, je marcherais au milieu des ombres de la nuit, sans craindre aucun accident si vous étiez toujours avec moi ! car le jour commencera bientôt à paraître, les ombres vont bientôt se dissiper et les princes des ténèbres vont tomber de côté et d’autre. Si maintenant que nous marchons dans l’obscurité de la foi, et parmi, les suggestions malignes et cachées de nos ennemis, si maintenant que nous sommes éloignés de toute lumière, notre foi ne laisse pas d’être victorieuse, avec quelle facilité pensez-vous que la connaissance parfaite de la vérité qui nous sera totalement découverte, ferai disparaître ces images affreuses qui ne peuvent subsister que dans les ténèbres.

Et ne vous mettez pas en peine du nombre de vos ennemis. N’ayez pas peur de leur multitude. Souvenez-vous qu’au premier commandement du Sauveur (Matth. VIII, 32), une légion tout entière de démons se retira du corps d’un homme qui en était possédé depuis longtemps déjà, et n’osa point, sans son ordre, entrer dans le corps même de vils pourceaux où elle voulait se réfugier. A combien plus forte raison, sous la conduite de ce même Sauveur, tous nos ennemis seront-ils renversés de quelque côté qu’ils viennent, et forcés de s’écrier avec un étonnement et une confusion extrême : « Quelle est cette âme qui monte comme l’Aurore à son lever, belle comme la lune, pure comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille (Cant. VI, 9) ? » Dans cet état glorieux, vous serez intrépides et tout à fait dégagés de craintes, et vous ne serez occupés qu’à rendre grâces à Dieu, et qu’à lui donner des louanges, en regardant avec tranquillité la confusion et la ruine de vos ennemis. Il est certain que vous n’aurez plus alors aucune attaque à soutenir. Vous ne craindrez plus la fureur de ces auteurs du péché; mais vous pourrez voir quelle est leur punition.

10. Toutes les choses que je viens de vous dire sembleraient pouvoir suffire pour aujourd’hui. Mais je crois que plusieurs d’entre vous attendent quelque chose de plus : si je ne me trompe, ceux qui sont plus désireux de s’instruire ont envie de savoir ce que veut dire le Prophète par ces paroles : « Il en tombera dix mille à votre droite et mille à votre gauche, » (car je ne pense pas qu’on doive entendre autre chose que le côté gauche, par ce mot de côté, qui est mis sans addition, puisque, le droit est nommé après). Sans doute aussi, ce n’est que par la raison de quelque mystère particulier qu’il est dit, qu’il tombera plusieurs ennemis à la main gauche ; mais qu’il en tombera bien davantage à la main droite. Mais ce serait tout à fait manquer de lumière et, d’esprit que de s’imaginer que ces deux nombres mille et dix mille ont été mis en ce lieu, sans aucun dessein de comparer le plus grand avec le plus petit. Ce n’est pas ainsi que nous avons accoutumé de prendre les paroles de l’Ecriture-Sainte, ni que l’Eglise les entend. Ces paroles donc : Il en tombera mille à votre gauche, et dix mille à votre droite : signifient que les ennemis du salut ont coutume d’attaquer l’aile droite, et de faire des entreprises et des efforts de ce côté, avec une plus grande et plus violente méchanceté, et comme avec de plus fortes et plus nombreuses troupes. Et si nous considérons le grand corps de l’Eglise, nous reconnaîtrons aisément que les hommes spirituels sont attaqués avec bien plus de violence que les charnels. Et je pense que ce sont ces deux sortes de gens que distinguent le côté droit et le côté gauche. Evidemment la malice superbe, jalouse de notre ennemi, le porte à faire de plus violents efforts contre les plus parfaits que contre les autres, selon cette parole de l’Ecriture : « Il veut se nourrir de viandes exquises (Habac. III, 16). » Et selon cette autre parole de Job : « Il absorbera les fleuves, et ne s’étonnera point, et il a la confiance, que les eaux du Jourdain couleront dans sa bouche (Job. XL, 8). » Voilà comment cet ennemi fait la guerre aux élus. Mais ce n’est pas sans une disposition particulière de la Providence, qui ne permet pas qu’il tente les plus imparfaits au delà de ce qu’ils peuvent supporter, et leur fait même tirer beaucoup de fruit des tentations, et qui prépare, par ce moyen, aux plus parfaits, de plus glorieux et de plus nombreux triomphes. Tous les élus seront donc également couronnés, puisqu’ils auront légitimement combattu aux deux ailes, et renversé les ennemis, et qu’on aura vu renverser chaque jour mille ennemis à gauche et dix mille à droite. Ce fut en figure de ces heureux succès de l’Eglise militante, que les femmes d’Israël, après que David eut signalé son courage et sa force, et avant que la réprobation de Saül eut été déclarée en Israël, chantaient en chœur : « Saül en a tué mille, et David dix mille (Reg. XVIII, 7). »

11. Mais si vous aimez mieux rapporter cette victoire des enfants de Dieu à chacun en particulier plutôt qu’à l’Eglise en général, vous pouvez lui donner encore en ce sens une interprétation spirituelle, en consultant votre propre expérience. Nos ennemis s’appliquent avec beaucoup plus de vigilance et de soin, et mettent en usage beaucoup plus d’adresse et de tromperie, contre notre droite, que contre notre gauche, et se proposent bien plus ardemment de nous faire souffrir des pertes du côté de l’âme que du côté du corps. A la vérité, ces esprits méchants envient aux hommes aussi bien les prospérités corporelles que les spirituelles, et travaillent à les priver non-seulement du bonheur éternel, mais même du simple bonheur temporel. Mais il est hors de doute qu’ils s’attachent avec beaucoup plus d’ardeur à les priver de la rosée du ciel, que de la graisse de la terre.

Je laisse à votre jugement de décider si cette comparaison des deux parties dont l’homme se compose au côté droit et au côté gauche est juste ? Toutefois, je ne crains pas d’être repris si j’attribue les biens spirituels à la droite, et les charnels à la gauche, par vous surtout, qui avez toujours eu un si grand soin de ne pas confondre cette main droite avec la gauche, ni la main gauche avec la droite. D’ailleurs la sagesse divine autorise assez ma pensée, en plaçant dans sa main gauche les richesses et la gloire, et dans sa droite l’éternité de la vie (Pror. III, 16). Il vous serait sans doute extrêmement préjudiciable d’ignorer par quel endroit la multitude opiniâtre de vos ennemis veut vous assaillir avec plus d’ardeur et de violence. Car il faut résister avec plus de vigueur et de courage du côté où la nécessité de se défendre se fait sentir davantage, où se porte tout l’effort de la guerre, où doit se décider la lutte, où les vaincus doivent trouver une servitude pleine de honte et d’ignominie, et les vainqueurs recevoir la gloire du triomphe.

Texte intégral – Saint Bernard – Dix-sept sermons sur le psaume 90
Septième sermon


Solennités en juin

Cette page indique uniquement les Solennités et autres fêtes ou particularités du mois.
En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

JEUDI 3 JUIN – Anniversaire de la Dédicace de notre église – Solennité

Horaire du dimanche, messe à 10h

VENDREDI 11 JUIN – Sacré Coeur – Solennité

Horaire du dimanche – Messe à 10h

SAMEDI 12 JUIN – Coeur Immaculé de Marie – Mémoire

– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 17h15 : Vêpres

MARDI 29 JUIN – Saint Pierre et Saint Paul – Apôtres – Solennité

Horaire habituel – Messe à 8h30

N.B. – tous les lundis jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Juin-2021  


Mai – Psaume 90,7 – 1-5

Mois de mai

« Il en tombera mille à votre gauche, et dix mille à votre droite; mais leurs coups n’approcheront point de vous (Ps. 90, 7, 1-5) »

Ecoutons Saint Bernard – Sermon 7 sur le psaume 90, sections 1 à 5

Psaume 90,71. Nous vivons dans l’espérance, mes frères, et nous ne manquons point de courage dans les afflictions présentes, parce que nous sommes dans l’attente de joies qui ne doivent jamais finir. Cette attente ne peut pas être vaine, et notre espérance ne doit pas nous paraître douteuse, puisqu’elle est appuyée sur les promesses de l’éternelle vérité. Les biens que nous recevons de Dieu dans la présente nous donnent sujet d’attendre avec confiance, les biens qu’il nous a promis dans l’autre. La puissance et la vertu de sa grâce nous est un témoignage assuré qu’elle sera suivie de la félicité et de la gloire qu’il nous a promises. Le Seigneur des vertus est en même temps le roi de gloire, et dans une de nos hymnes, nous l’appelons le Père de la gloire éternelle, et le Père de la grâce toute puissante, et c’est de lui que nous chantons dans un psaume : « Dieu aime la miséricorde et la vérité. Le Seigneur nous donnera, la grâce et la gloire (Psal. LXXXIII, 12) ». Que la piété nous fasse donc soutenir courageusement la lutte en cette vie, et nous fasse souffrir avec une âme égale et tranquille, toutes sortes de persécutions. Pourquoi cette piété n’aurait-elle pas la force de nous faire supporter les choses les plus difficiles, elle est utile à tout et c’est à elle que, les biens de la vie présente, ainsi que ceux de la vie future ont été promis ( I Tim. IV, 8) ? Que notre âme résiste courageusement à l’ennemi, elle a un défenseur qui ne se lassera pas de la secourir, et qui lui donnera des récompenses dignes de sa libéralité, lorsqu’elle aura triomphé de la tentation. « Sa vérité, est-il dit, nous couvrira comme un bouclier. »

2. L’invincible protection de la vérité est, sans doute, absolument nécessaire, non-seulement tant que notre âme demeure eu cette chair, mais encore lorsqu’elle est sur le point d’en sortir. Elle en a besoin maintenant, à cause des attaques périlleuses qu’elle a à soutenir ; et dans cette dernière heure elle en aura encore un extrême besoin, à cause, des esprits malins qui se présenteront à elle d’une manière épouvantable et monstrueuse. L’ennemi fit les derniers efforts contre l’âme toute sainte du glorieux saint Martin, et cette bête cruelle sachant qu’il ne lui restait plus guère de temps (quoiqu’il n’y eût rien en ce serviteur de Dieu qui lui appartint), ne craignit point néanmoins de se présenter à lui, et de l’attaquer avec toute la fureur de sa malice infatigable. Que dis-je, n’a-t-il pas eu l’imprudente audace d’attaquer le Roi même de gloire, comme il le témoigne dans ces paroles : « Le prince de ce monde est venu contre moi, et il n’y a rien trouvé qui lui appartint (Joan. XIV, 30). » Heureuse l’âme qui durant le cours de cette vie aura repoussé les traits des tentations avec le bouclier de la vérité ; et qui, ne souffrant pas que rien de mortel et d’empoisonné pénètre en elle, ne craint point d’être confondue, lorsqu’elle dira à ses ennemis, en sortant du monde : Ennemi pervers, tu ne trouveras rien en moi qui t’appartienne. Heureux le fidèle que le bouclier de la vérité environne et couvre de telle sorte qu’il le protège à son entrée et à sa sortie, j’entends à sa sortie de ce monde, et à son entrée dans l’autre. Oui, il est bien heureux que l’ennemi ne puisse rien entreprendre contre lui par derrière, ni l’attaquer ouvertement. Certainement alors l’âme n’aura pas moins besoin d’un conducteur fidèle, d’un consolateur puissant contre les visions horribles qui se présenteront à elle, qu’elle n’a besoin maintenant d’un aide et d’un défenseur contre les tentations invisibles dont elle est attaquée.

3. Il faut donc, mes très-chers frères, que vous glorifiiez Jésus-Christ, et que vous le portiez en votre corps. Ce fardeau est agréable, ce poids est doux à porter, cette charge est salutaire. S’il semble qu’on en soit quelquefois accablé, si Jésus-Christ nous flagelle quelquefois et se fait rudement sentir à ceux qui regimbent contre l’aiguillon, s’il nous traite quelquefois comme on traite ces chevaux que l’on dompte avec le mords et la bride, c’est toujours un bonheur pour nous ; soyez donc entre ses mains comme un animal qui n’est fait que pour le porter, ou plutôt ne soyez point tout à fait comme la bête de somme. « L’homme, dit le Prophète, étant en honneur, n’a pas compris la dignité de sa condition, il a été comparé à des animaux incapables de raisonner, et il leur est devenu semblable (Psal. XLVIII, 13). » Pourquoi pensez-vous que le Prophète, dans ce verset, plaint si fort l’homme, ou lui fait un si grand reproche de ce qu’il est semblable à des bêtes de service ; puisque l’on voit dans un autre endroit, qu’il dit à Dieu, avec un témoignage particulier de reconnaissance et de joie : « Je suis devenu comme une bête de somme entre vos mains, et je suis toujours en votre présence (Psal. LXXII, 23). » Je pense, ou plutôt je crois, je suis sûr même qu’il y a une certaine ressemblance avec les bêtes que l’homme doit ambitionner. Mais ce n’est pas celle qui consiste à n’avoir ni intelligence ni sagesse ; c’est celle qui consiste seulement à souffrir, à l’exemple de ces bêtes. Car le prophète n’aurait point parlé aux hommes, en les reprenant, ou en les plaignant de leur condition, s’il avait dit : l’homme étant sous le fardeau dont Dieu l’a chargé, ne lui a point fait de résistance. Il a été sous sa main comme un animal doux et soumis. Qui est celui d’entre nous qui n’aurait pas porté beaucoup d’envie à cet animal sur lequel notre Sauveur daigna monter, pour rendre plus recommandable aux hommes son ineffable douceur, si cet animal avait eu l’intelligence de l’homme, et avait connu l’honneur qu’il avait de porter une charge si précieuse ? Soyez donc, mes frères, sous la main de Dieu comme des animaux, mais sans leur ressembler en tout point, soutenez avec patience le fardeau que l’on vous impose, mais reconnaissez l’honneur qui vous est fait. Considérez, avec sagesse et avec bonheur, quelle est la charge que vous portez, et quel avantage vous en devez tirer.

4. Le grand Ignace, notre martyr qui a eu le bonheur d’être instruit par le disciple que Jésus aimait, et dont les précieuses reliques enrichissent notre pauvreté, se plait à donner à une certaine (a) Marie, dans plusieurs des lettres qu’il lui a écrites, le nom de Christophore. Ce fut sans doute pour elle, une merveilleuse dignité et un honneur immense, d’avoir porté le Sauveur du monde ; car si c’est régner que de le servir, ce n’est pas avoir une charge pesante que de le porter, mais c’est être comblé de gloire. Y avait-il sujet de craindre que l’animal sur lequel était monté le Sauveur, vînt à défaillir, sous son fardeau, qu’il ne fût dévoré par les loups, ou ne tombât entre les mains des voleurs ou dans les précipices, ou quelque autre péril pendant qu’elle était conduite par le Sauveur du monde? Heureux l’homme qui porte Jésus-Christ, de telle sorte qu’il se rend digne d’être conduit par ce Saint des saints, dans la cité sainte et glorieuse du ciel ! Non, non, il n’a pas à craindre de rencontrer d’obstacles dans la voie où il marche, ni d’être arrêté à la porte de la cité céleste, car, de même que les peuples préparent le chemin à cet animal, ainsi les saints anges préparent la voie du salut à chacun des élus, selon cette parole du Prophète : « Il a commandé à ses anges de vous garder dans toutes vos voies, de crainte que vous ne heurtiez les pieds contre quelque pierre. « Mais il ne faut pas encore expliquer ce verset, il faut plutôt suivre l’ordre de l’Ecriture dans notre explication.

a Plusieurs éditions, même les plus anciennes, portent ici simplement : « Marie, » mais les manuscrits ajoutent « une certaine, » avec raison, selon nous, puisque dans cet endroit il ne s’agit pas de Marie, très-sainte Mère de Dieu, mais d’une Marie surnommée Cassabolite, ou Castabolite, à qui saint Ignace a écrit deux lettres que nous avons encore, et dans lesquelles il lui donne le nom de Christophore, épithète que nous retrouvons également dans une autre lettre du même saint Ignace à la mère de Dieu. En tout cas, il n’est question ici que de la Marie à qui furent écrites deux lettres qu’on regardait au temps de saint Bernard comme étant de saint Ignace.

5. « Il en tombera mille à votre gauche et dix mille à votre droite et l’ennemi n’approchera point de vous. » Vous savez que c’est de ce verset que je dois vous entretenir aujourd’hui. Dans le verset précédent, que je vous ai expliqué la dernière fois, je vous ai montré, si vous vous en souvenez, comment la protection de la vérité nous délivre des quatre plus grandes et plus fâcheuses tentations, c’est-à-dire, des frayeurs qui surprennent durant la nuit, de la flèche qui vole durant le jour, des entreprises qui se font dans les ténèbres, et des attaques du démon du midi. Ce qui suit : « Il en tombera mille à votre gauche, et dix mille à votre droite, » semble plutôt regarder l’autre vie que celle-ci. C’est pourquoi je vous ai rappelé au commencement de ce discours (comme je pense que vous vous en souvenez), ce que nous dit l’Apôtre, que la piété est utile à tout, et que c’est à elle que les biens de la vie future ont été promis ( I Tim. IV, 5 ). Ecoutez donc maintenant, mais écoutez dans la joie de votre cœur, les promesses qui regardent la vie, éternelle, et qui doivent être l’objet de votre attente et de vos désirs. Il faut que votre cœur soit où est votre trésor. Je me souviens bien que vous avez écouté avec une attention particulière, ce que je vous ai dit de la vie présente. Mais vous devez m’écouter avec plus d’attention encore, quand je vous parle des choses qui regardent l’autre vie. Profitez de la connaissance que vous avez de l’histoire Sainte, et n’ayez pas moins de zèle et d’amour pour les biens de l’éternité, qu’en avait le faux-prophète Balaam, qui désirait, quoiqu’il fût méchant, mourir de la mort des justes, et qui demandait que les dernières heures de sa vie fussent semblables à celles des serviteurs de Dieu, (Num. XXIII, 10). Les fruits de la piété sont si grands, la récompense des justes si abondante, que ceux mêmes qui vivent dans l’injustice et l’impiété, ne peuvent s’empêcher de les désirer. Il est vrai que les cantiques de Sion leur plaisent beaucoup moins que les saules de Babylone. C’est pourquoi avec eux, il faut suspendre les instruments de musique et répandre des larmes sur le rivage des fleuves de Babylone, et tâcher de leur persuader de pleurer et de gémir avec nous. Si nous chantons en cette vie, il faut que ce soit seulement dans les lieux où nous sommes sûrs de trouver des personnes dont les joies seront toutes spirituelles, et qui ressentent des transports d’allégresse, au son du psaltérion et au chant des cantiques de Sion. Il faut que ce soit dans la compagnie de ceux que les saints désirs remplissent d’ardeur, qui soupirent vers cette cité sainte et qui s’écrient . « Qui me donnera des ailes comme à la colombe, afin que je vole au lieu de mon repos ( Psal. LIV, 7 ). » Qu’est-ce, en effet, que tressaillir d’allégresse, sinon sortir hors de soi ? Il faut avouer que la peinture la plus agréable de la tranquillité et de la beauté d’un rivage touche bien plus au milieu des périls de la mer, ceux qui sont encore au sein de la tempête et ballottés par les flots, loin du port, presque sans espoir d’y aborder. Ainsi serons-nous moins touchés des promesses qui sont contenues clans le verset que je vous explique, parce qu’il n’y a personne encore à qui l’on puisse dire : « Mille de vos ennemis vont tomber à votre gauche, et dit mille à votre droite. » Mais rappelez-vous, à qui cette promesse est faite. C’est à celui qui a établi sa demeure dans l’assistance du Très-Haut, et qui demeurera constamment dans la protection du Dieu du ciel.

Texte intégral – Saint Bernard – Dix-sept sermons sur le psaume 90
Septième sermon


Solennités en mai

Cette page indique uniquement les Solennités et autres fêtes ou particularités du mois.
En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

SAMEDI 8 MAI – Bienheureux martyrs d’Algérie – Mémoire

– 11h00 : Messe pour la Paix
– 14h00 : None
– 14h15 à 17h00 : Adoration
– 18h00 : Vêpres

JEUDI 13 MAI – Solennité de l’Ascension du Seigneur

Horaire du dimanche, messe à 10h

LUNDI 31 MAI – Visitation de la Vierge Marie – Solennité

Horaire du dimanche, messe à 10h

N.B. – tous les lundis (sauf le 31) jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Mai-2021  


Solennités en avril

Cette page indique uniquement les Solennités et autres fêtes ou particularités du mois.
En dehors de ces jours, consulter les Horaires Messes et Offices

JEUDI 1er AVRIL – Jeudi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 17h00 : Messe et Procession au Reposoir
– 20h15 : Complies – Lecture au Reposoir – Jn 13-17

VENDREDI 2 AVRIL – Vendredi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 15h00 : Célébration de la Passion du Seigneur
– 19h30 : Complies

SAMEDI 3 AVRIL – Samedi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 22h00 : Vigile Pascale

DIMANCHE 4 AVRIL – Dimanche de Pâques

– 7h30 : Laudes
– 10h00 : Messe
– 11h45 : Sexte
– 13h30 : None
– 13h30 : None
– 16h30 : Vêpres
– 17h00 : Adoration
– 20h00 : Complies

LUNDI 5 AVRIL – Lundi de Pâques

Horaire du dimanche, messe à 10h

MARDI 6 AVRIL – Férie

Messe à 8h
 

N.B. – tous les lundis (sauf le 5) + mardi 6, jour de désert, messe lue, vêpres à 18h

Calendrier du mois : Messes-Avril-2021 


Avril – Psaume 90,6

Mois d’avril

« Vous ne craindrez point les frayeurs qui surprennent durant la nuit; ni la flèche qui vole le jour; ni les entreprises qui se font dans les ténèbres; ni les attaques ouvertes et les démons du midi (Ps. 90, 5 et 6) »

Ecoutons Saint Bernard – Sermon 6 sur le psaume 90

1. DPsaume-90-6ans l’Écriture-Sainte, la nuit signifie ordinairement l’adversité : et nous savons que la première épreuve de ceux qui se convertissent à Dieu, vient du corps. Car la chair, qu’on n’avait pas encore pris soin de dompter, ne souffre pas facilement qu’on la châtie, et qu’on la réduise sous la servitude ; mais, se souvenant de la liberté qu’elle vient de perdre, elle s’élève dans ses concupiscences avec plus d’ardeur contre l’esprit, principalement quand on lui fait sentir ces mortifications quotidiennes par lesquelles vous mourez tous les jours, vous êtes même comme morts : ces exercices de mortification sont si pénibles ; si fort au dessus de la nature et si contraires à vos premières habitudes ! Il n’y a donc pas de quoi s’étonner si on trouve en soi-même ces contradictions et ces résistances, principalement lorsque l’on commence à se convertir sérieusement à Dieu, et qu’on n’est pas encore assez exercé ni assez prompt à recourir à la prière, et à se relever de ses tristesses et de ses abattements par de saintes méditations .

Le bouclier du Seigneur nous est donc bien nécessaire, surtout au commencement de notre conversion, pour nous protéger contre les frayeurs qui surprennent pendant la nuit : en effet, ce ne sont pas les afflictions et les contradictions qui sont proprement une tentation : mais c’est plutôt la crainte qu’on a qu’elles n’arrivent. Car si nous sommes tous dans les travaux et les peines, nous ne sommes pas tous, pour cela, dans la tentation. Quant à ceux qui sont tentés, il est certain qu’ils souffrent beaucoup plus par la crainte des peines à venir que par suite des douleurs présentes.

2. Ainsi donc, la crainte même étant une tentation, c’est avec raison qu’il a été dit que celui qui est à couvert par le bouclier du Seigneur ne la craindrait point. Peut-être sera-t-il attaqué, peut-être sera-t-il tenté, peut-être craindra-t-il la nuit, mais cette crainte ne lui sera point nuisible. Au contraire, il en deviendra plus innocent, pourvu que cette crainte n’ait point prévalu sur son esprit ; et l’exercice qu’elle lui aura donné le corrigera et le rendra pur, selon cette parole de Job Ceux qui passeront par l’épreuve de la crainte seront purifiés (Job. XLI, 15). Cette crainte est une fournaise ardente ; mais la vérité divine fait qu’elle ne consume pas, et qu’elle éprouve seulement. Cette crainte est bien celle de la nuit et des ténèbres mais les rayons de la vérité la dissipent aisément. Car tantôt cette vérité met sous les yeux du cœur la vue des péchés que l’on a commis, afin, comme dit le Prophète en parlant de lui, que nous soyons préparés aux afflictions, en confessant nos iniquités, et en faisant réflexion sur nos péchés ; tantôt cette vérité nous rappelle les supplices éternels que nous avons mérités, afin que nous regardions comme des délices les maux que nous souffrons, en comparaison de ceux dont nous nous voyons préservés ; tantôt elle éveille notre attention sur les récompenses éternelles, auxquelles nous aspirons, en nous rappelant fréquemment à la pensée, que toutes les afflictions de cette vie ne sont pas dignes d’être comparées à la gloire que Dieu fera éclater un jour en nous (Rom. VII, 18). Tantôt, enfin, elle nous remet en mémoire toutes les douleurs que Jésus-Christ a endurées pour nous, qui ne sommes que des serviteurs inutiles, afin que nous rougissions de ne vouloir pas souffrir pour nous les peines mêmes les plus légères.

3. Mais peut-être la vérité, a déjà prévalu, dans le cœur de ceux qui m’écoutent, d’autant plus qu’elle est si abondante et si forte, qu’elle donne à ceux qu’elle couvre, et qu’elle défend, la puissance, non-seulement de repousser cette crainte, mais aussi de la chasser tout-à-fait. La nuit est passée. Craignez donc maintenant la flèche qui vole durant le jour, et marchez avec toute sorte de modestie, comme doivent le faire les enfants du jour et de la lumière. Cette flèche a le vol rapide, elle pénètre à peine dans les chairs, mais les blessures qu’elle fait ne sont pas légères, elles causent promptement la mort. C’est la flèche de la vaine gloire ; elle n’attaque donc point les âmes faibles et timides, qui vivent dans le relâchement et dans la langueur. Mais ceux qui paraissent les plus fervents ont sujet de craindre. Qu’ils prennent donc garde à eux, et ne se laissent point surprendre par cette tentation, et qu’ils aient un soin extrême de ne quitter jamais le bouclier invincible de la vérité ; car qu’y a-t-il de plus contraire à la vanité ? Et ce ne sont pas ces vérités mystérieuses, si relevées et si difficiles à comprendre, qu’il faut opposer à cette flèche ; il suffit que l’âme se connaisse véritablement elle-même, et qu’elle sache bien la vérité pour ce qui la concerne. Certainement, il est très difficile, si je ne me trompe, de s’enorgueillir aux paroles de ceux, qui se plaisent à louer les hommes durant leur vie, si on s’examine intérieurement, et si on se considère sérieusement à la lumière de la vérité. Car tout homme qui pense à sa propre condition ne se dira-t-il pas à lui-même : « Pourquoi t’enorgueillir, cendre et poussière (Eccle. X, 9) ? » Et s’il regarde la corruption de sa nature, ne sera-t-il pas contraint d’avouer qu’il n’y a rien de bon en lui ? Ou bien s’il trouve en lui quelque bien, du moins il ne trouvera pas de quoi répondre à l’Apôtre, qui lui dit : « Qu’avez-vous que vous n’ayez pas reçu (I. Corinth. IV, 7) ? » Et encore : » Que celui qui est debout, prenne garde de ne pas tomber (I. Corinth. X, 13).», Enfin, s’il examine et observe toute chose avec fidélité, il lui sera facile de reconnaître qu’il n’a pas la puissance d’aller avec dix mille combattants au devant de celui qui vient à lui avec vingt mille, et que c’est avec sujet que toutes ses justices ne sont considérées que comme un linge souillé d’un sang impur.

4. Nous avons encore besoin d’opposer cette vérité à d’autres tentations qui suivent celles dont je viens de vous parler. Car notre ancien ennemi, après avoir été vaincu, n’abandonne pas pour cela son entreprise ; mais il essaie de nous attaquer par des moyens plus subtiles que ceux qu’il a mis en usage jusqu’alors. Il a éprouvé que la tour qu’il a attaquée était fermée et inébranlable de tous côtés. Il ne peut plus rien entreprendre ni à gauche, en se servant de la crainte pour nous faire perdre le courage, ni à droite, en s’efforçant de nous ébranler par les louanges des hommes, et il voit qu’il nous a attaqués de ces deux côtés, sans aucun succès. Mais il dit en lui-même : Si je ne puis me rendre maître de cette place par la force, je le pourrai peut-être par quelque trahison. Or, quels seront les traîtres auxquels il aura recours ? Ce sera la cupidité, qui est la racine de toutes sortes de péchés. Ce sera l’ambition, qui est un mal subtil, un venin secret, une peste cachée, une source de tromperies, la mère de l’hypocrisie ; l’ambition, dis-je, qui produit l’envie, donne naissance aux vices, nourrit le crime, détruit la vertu, ruine la sainteté, aveugle les cœurs, qui se sert des remèdes mêmes pour faire naître des maladies, et fait tomber les hommes dans la langueur par les choses mêmes qui devraient les guérir et les fortifier.

Il a méprisé la vaine gloire, dit l’ennemi, parce qu’elle est vaine. Il se porterait, peut-être, à aimer quelque chose de plus solide ; il rechercherait peut-être plus volontiers les honneurs et les richesses. Combien ces entreprises de notre ennemi qui se font dans les ténèbres de cette vie en ont-elles fait tomber dans les ténèbres extérieures, en les dépouillant de la robe nuptiale, et rendant les vertus qu’ils ont exercées entièrement vides du véritable esprit de la piété. Combien d’âmes ce dangereux ennemi a-t-il fait tomber honteusement par sa malice artificieuse ? Combien leur chute a-t-elle donné sujet de craindre une soudaine ruine à ceux qui ne s’apercevaient pas des mines secrètes de l’ennemi ? Mais qu’est-ce qui entretient dans le cœur ce ver qui le ronge, sinon l’égarement de notre âme, et l’oubli de la vérité ? Et qu’est-ce qui nous peut faire découvrir ce traître ennemi, et nous montrer ses desseins ténébreux, sinon la lumière de la vérité qui nous dit : « Que sert à l’homme de gagner tout le monde, s’il se ruine et se perd soi-même entièrement (Matth. XVI, 26), » et qui nous déclare, que « les puissants seront puissamment tourmentés (Sap. VI, 7)? » C’est elle aussi qui nous remet fréquemment dans l’esprit combien les joies de l’ambition sont vaines et frivoles, combien le jugement que Dieu fera des ambitieux sera terrible, combien les jouissances qu’ils se proposent seront courtes ; combien la fin que doit avoir leur grandeur est incertaine.

5. Les tentations dont je viens de parler sont celles par lesquelles Satan osa éprouver le Fils de Dieu même; mais il n’a pas eu la hardiesse de le soumettre à la quatrième (a) tentation dont il me reste à vous parler, c’est celle qui naît de l’ignorance. Cet ennemi ne pouvait pas douter qu’il n’y eût une sagesse et une connaissance parfaite dans celui qui lui fit de si prudentes et de si sages réponses, qu’il ne lui donna jamais le moyen de découvrir ce qu’il désirait tant savoir. Il s’efforça, par la première tentation, de persuader à Notre-Seigneur qui souffrait la faim, de changer en pain les pierres du désert ; mais lui, sans dire s’il pouvait ou s’il ne pouvait point faire ce miracle, lui fit connaître qu’il y a une autre nourriture que celle qu’il lui proposait, en lui répondant : « L’homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Matth. IV, 4). » Dans la seconde tentation, Satan conseille à Notre-Seigneur de se précipiter, en lui assurant qu’il ne se ferait point dot mal, s’il était le Fils de Dieu, et que toute la ville en le voyant en l’air, lui donnerait des louanges et des acclamations ; et il répondit à cette proposition de telle sorte, qu’il ne déclara point s’il était le Fils de Dieu, ou s’il ne l’était pas. La troisième tentation à laquelle Satan soumit Notre-Seigneur fut l’ambition, quand il lui promit de lui donner tous les royaumes du monde, s’il se prosternait devant lui pour l’adorer. Voyez-vous comme l’ambition conduit les hommes à l’adoration du diable, parce qu’il promet à ses adorateurs qu’ils arriveront aux honneurs et à la gloire du monde ? Mais pour la quatrième tentation il s’abstient , comme j’ai dit, d’en user à l’égard de Notre-Seigneur, ayant éprouvé par ses réponses qu’il avait trop de sagesse pour y succomber.

- a Saint Bernard parle de cette quatrième tentation dans le quatrième sermons, n. 4.

6. Que fait donc cet ennemi contre les autres hommes, quand il voit qu’ils aiment la justice et haïssent l’iniquité ? Que fait-il autre chose en ces rencontres, sinon de déguiser le vice sous les apparences de la vertu ? Car il s’efforce de persuader le mal sous les apparences d’un bien non pas médiocre, mais le plus parfait, à ceux qu’il sait être de parfaits amateurs de ce bien, et se sert ainsi de leur ardeur même au bien pour les faire consentir plus promptement à ce qu’il désire, et pour les faire tomber plus facilement dans les pièges qu’il leur tend. C’est là le démon non-seulement du jour, mais du plein midi, et peut-être est-ce lui que craignait, la sainte Vierge, lorsqu’elle fut saisie d’une soudaine frayeur à la vue de l’Ange qui la vint saluer (Luc. I, 29). N’était-ce pas de lui aussi que voulait parler l’Apôtre, quand il disait « Nous n’ignorons pas les pensées de cet ennemi (II Cor. II, 14) ; » car cet ange de Satan se transforme en ange de lumière ? N’était-ce pas lui encore que craignaient les disciples de Notre-Seigneur, lorsqu’ils poussèrent un cri en voyant Jésus marcher sur les eaux de la mer, pensant que c’était un fantôme (Matth. XIV, 26) ? Remarquez, je vous prie, avec moi, l’heureuse coïncidence qui fait dire à l’Évangile que ce fut en la quatrième veille de la nuit que cela se passait ; ne vous semble-t-il pas que c’est pour nous montrer que c’était contre cette quatrième tentation que les apôtres se tenaient éveillés. Je ne crois pas nécessaire de m’étendre beaucoup pour vous montrer qu’il n’y a que la vérité qui puisse nous faire découvrir les faussetés cachées sous des apparences avantageuses, car il n’y a rien de plus manifeste.

7. Quiconque voudra considérer les choses avec attention, n’aura pas de peine à trouver ces quatre sortes de tentations dans l’état général de l’Église. En effet, n’étaient-ce pas les frayeurs nocturnes qui exerçaient l’Église à sa naissance ; quand tous ceux qui faisaient mourir les serviteurs de Dieu, s’imaginaient faire une œuvre agréable à ses yeux ? Ensuite les ténèbres de la persécution étant dissipées, et la paix ayant comme répandu un nouveau jour sur toute la face de l’Église, la flèche rapide dans son vol lui causa des troubles plus violents, et lui fit de plus fâcheuses blessures, lorsque des chrétiens, entés par l’esprit de la chair, et désireux d’une gloire vaine et frivole, se séparèrent de l’Église, et inventèrent des doctrines pernicieuses pour se faire un nom illustre, en se faisant valoir eux-mêmes. Mais si maintenant les païens et les hérétiques nous laissent en repos, l’Église est troublée par des enfants indignes de ce nom. Sauveur Jésus, vous avez multiplié le nombre de ses enfants ; mais vous n’avez pas augmenté sa joie, car s’il y en a beaucoup d’appelés, il y en a peu d’élus. Tous les hommes sont chrétiens maintenant. Et cependant tous cherchent leurs propres intérêts ; non ceux de Jésus-Christ. Il n’est pas jusqu’aux dignités mêmes de l’Église, qui ne soient l’objet d’une cupidité sordide et honteuse, et d’un trafic de ténèbres ; on ne cherche plus dans ces dignités le salut des âmes, mais le luxe et l’abondance. Ce n’est que pour cela que la plupart se font couper les cheveux, fréquentent les églises, célèbrent le saint sacrifice de la messe, et chantent les louanges de Dieu. On fait impudemment tous les efforts imaginables pour obtenir des évêchés, des archidiaconés, afin de dissiper et de consumer les revenus des Églises en superfluités et en vaines dépenses (Note : Horstius ajoute ici « et aussi pour obtenir, des abbayes et d’autres dignités ecclésiastiques. » Mais ces mots ne se lisent point dans les autres éditions de saint Bernard non plus que dans les manuscrits). Il ne nous reste plus, après cela, qu’à voir l’homme de péché, le fils de perdition, le démon non-seulement du jour, mais du midi, qui non content de se transfigurer en ange de lumière, s’élèvera aussi au dessus de tout ce qui est considéré et honoré comme Dieu (II Thess. II, 4). C’est le serpent qui s’efforce de piquer au talon l’Eglise notre mère, pour se venger de ce qu’elle lui a brisé la tête. Sans doute, ce sera alors que ses entreprises et ses attaques seront plus dangereuses et plus violentes, mais la vérité ne laissera pas encore d’en délivrer l’Église des élus, et ce sera pour eux qu’elle viendra abréger les jours, et qu’elle détruira les démons du midi par la clarté de son second avènement.

Voilà ce que j’avais à vous dire sur ces quatre tentations, et je me souviens de vous en avoir déjà entretenus dans un des sermons (a) que je vous ai faits sur le Cantique des cantiques, lorsque j’eus l’occasion de vous parler de ce démon du midi, au sujet du repos que prend l’époux durant le milieu du jour, quand l’épouse demande en quel lieu il repose.

-a C’est le trente-troisième sermon sur le Cantique des cantiques, ce qui place ces quinze sermons vers l’an 1140. puisque le trente-troisième sermon sur le Cantique des cantiques fut prêché après l’année 1138.

Texte intégral – Saint Bernard – Dix-sept sermons sur le psaume 90
Sixième sermon


Triduum – Pâques

JEUDI 1er AVRIL – Jeudi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 17h00 : Messe et Procession au Reposoir
– 20h15 : Complies – Lecture au Reposoir – Jn 13-17

VENDREDI 2 AVRIL – Vendredi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 15h00 : Célébration de la Passion du Seigneur
– 19h30 : Complies

SAMEDI 3 AVRIL – Samedi Saint

– 6h15 : Vigiles
– 8h30 : Laudes
– 9h30 : Tierce
– 11h45 : Sexte
– 22h00 : Vigile Pascale

DIMANCHE 4 AVRIL – Dimanche de Pâques

– 7h30 : Laudes
– 10h00 : Messe
– 11h45 : Sexte
– 13h30 : None
– 13h30 : None
– 16h30 : Vêpres
– 17h00 : Adoration
– 20h00 : Complies

LUNDI 5 AVRIL – Lundi de Pâques

Horaire du dimanche, messe à 10h

Affiche Triduum et Pâques : TRIDUUM-PAQUES-2021